⎨who's in your shadows ? who's ready to play ?
are we the hunters ? or are we the prey ?⎬

En un claquement de doigt, tout bascule. Des cris résonnent et dans la confusion, il se retrouve séparé du groupe. De Medea. Ses doigts effleurent sa tempe maculée de sang. Les dents serrées, il tente de s'y retrouver dans le chaos de la ville. Les silhouettes se confondent entre elles. La peur s'éveille au creux de son ventre mais il la fait taire. Il ne doit pas céder à la panique. C'est ce que les meurtriers qui ont envahi la ville veulent. Ses iris sombres tentent de repérer Medea, en vain. Contraint à se dissimuler dans la foule puis dans les ombres des ruelles, le Kimora se concentre sur chaque bruit, prêt à concentrer son élément sur un possible adversaire. Un ricanement grave s'élève, suivi par trois autres rires différents. Ace observe un petit groupe émerger des ténèbres. Lambdas et mêlés. Un rictus mauvais étire ses lippes tandis qu'il laisse le contrôle du sang agir. Un hurlement s'échappe des lèvres d'un des leurs avant qu'il ne s'immobilise, parfaitement contrôlé par le Kimora. Tel un marionnettiste, le maître du sang le place devant lui pour faire barrage avec les prétendus membres de l'armée de Pollux. Ces derniers le dévisagent avec un dégoût prononcé. – Un putain de maître du sang. – Le Kimora reste impassible. La maîtrise du sang en dégoûte beaucoup depuis la propagation du virus. Après tout, elle est propre aux mutants. Sales vermines qui gangrènent Aksana. Il s'en fout bien de savoir ce que les autres pensent. Au moins, ses adversaires savent à quoi s'attendre avec lui. – On va se faire un plaisir de te tuer. – Son sourire s'efface. Sans aucune hésitation, il lance son petit pantin sur les siens. Il parvient à en blesser un gravement mais les deux autres l'achèvent. Les doigts du Kimora effleurent le métal de sa dague alors qu'ils se jettent sur lui. La lame vient se planter dans la gorge d'un des polluxiens. Alors qu'il tente de neutraliser un autre adversaire, il se retrouve projeté contre le mur de la ruelle. Le souffle coupé, Ace pose un regard sombre sur l'une des deux silhouettes qui se dresse devant lui. Le polluxien semble deviner son intention puisqu'il lui assène un coup au niveau des côtes. Il enserre ses doigts autour de son cou afin de le maintenir contre le mur. – Tu vas nous supplier de t'achever. – Le Kimora ne peut pas s'empêcher de rire à sa menace. Il a côtoyé des personnes bien plus dangereuses que lui. Il ne mérite pas la moindre peur et encore moins la moindre supplication. Ace l'observe sans ciller. Il ne compte pas le laisser le toucher une fois de plus. Il concentre sa maîtrise sur l'autre polluxien qui vient frapper son collège, le regard vitreux. Il va presque crier victoire quand d'autres polluxiens s'invitent dans la rulle. Il oppose immédiatement son pantin au groupe qui s'avance. Sa suffisance s'échappe de minute en minute. Les poings serrés, il ramasse sa dague qu'il a laissé échapper puis il fait face aux polluxiens. Il lui semble apercevoir au loin une silhouette familière danser dans les ombres. Il espère à un moment qu'il s'agit de Medea avant de réaliser que ce n'est qu'une hallucination. Son regard se concentre sur les polluxiens avides de sang. Il attend l'étincelle, le départ du conflit. Pour la première fois depuis bien longtemps, son destin ne lui appartient plus.

I'll be your mermaid, caught on your rod Coming for your aid, isn't it odd? Isn't it silly, now that you know? Someone this slippery, can't let you go? I'm just as scared as you, alone in the rain I'll jump if you jump too

Le chaos pur et dur, les accalmies organisées pour tuer, pour faire mal, pour faire saigner. Et asghari pense peut-être y passer, tomber, crever comme le reste de ces corps gisant au sol, à ses pieds. Y a ces pensées qui viennent s’insinuer dans sa tête, alors qu’elle tient toujours ses attaquants à bout de souffle ; si elle crève aujourd’hui autant leur donner quelque chose de quoi se souvenir. Elle pourrait avoir peur, mais y a l’adrénaline dans ses veines, qui pompent, encore et encore, et qui la fait à peine réfléchir.
Au loin elle voit les siens, elle les voit tomber, comme se relever, se battant ensemble, elle n’a qu’une envie ; les rejoindre et tout quitter. Elle ne veut plus entendre les cris, elle ne veut plus voir la Mort, les lames qui s’enfoncent dans les entrailles, les cadavres aux grands yeux ouverts. Elle veut tout gommer, effacer et revenir quelques mois en arrière et se souvenir de ce que c’était d’être insouciant ; presque heureux. Mais sa route est coupée par des Mêlés et des humains qui ne souhaitent qu’une seule chose : lui faire rejoindre ses camarades dans la tombe.
En équilibre sur un toit, ils l’entourent et l’empêchent de s’enfuir, de courir, de fuir. Elle n’a d’autre choix que de les attaquer ou de sauter, croire en ses capacités, croire que tel un chat elle saura se rattraper. Une manœuvre risquée qui pourrait lui coûter la vie. Mais au moins, si c’est le cas, si elle tombe, si elle s’écrase, ce sera de son plein gré et non celui de ses attaquants, ces gens qui n’ont aucune légitimité. Elle envoie une boule de feu bleu à l’encontre de ses attaquants et se laisse tomber en arrière. Se rattrapant avec son bras droit sur l’une des toitures, elle glisse le long des briques, ignorant la douleur qui vient s’immiscer jusqu’à la moelle de ses os.
Le choc est intense, affalée par terre, elle sent son cœur battre jusque dans ses tempes, alors qu’elle essuie le sang coulant le long de sa joue. Vivante ; mais estropiée.
Les mêlés ne la suivent pas, alors qu’ils sont attaqués de front pas des gardes, elle se relève dans un bond, et continue sa route sinueuse vers la sortie.
Mais des voix la forcent de s’arrêter alors qu’un groupe de Polluxiens s’est amassé autour d’une personne, une personne qu’elle ne connaît que trop bien ; Ace.
Elle hésite, une fraction de secondes, à partir, s’en aller, fuir et le laisser destiné au sort qui lui revient ; mais asghari repense aux fois où malgré lui, malgré ce qu’il représente, ce qu’il est, il l’a sauvé. D’une mort certaine, d’une honte indescriptible. Levant les yeux au ciel, elle s’avance vers l’attroupement avec une motivation nouvelle pour des raisons qui lui échappent. – Tu vas nous supplier de t'achever. – Asghari penche la tête sur le côté, réfléchissant au meilleur moyen de contrer leur attaque. Elle fait le tour par la droite, se hissant de nouveau vers un petit toit qui lui donnerait la hauteur.
Alors qu’Ace se débarrasse des hommes qui l’ont attaqué, un nouvel attroupement s’approche de lui, bien décidé à l’attaquer, et probablement le tuer. De son perchoir, la gosse les observe et se décide enfin d’entrer en jeu. Elle envoie son premier filet de feu en direction du mêlé le plus proche. Si le feu bleu est malédiction comme outil utile, il lui est comme une bénédiction pendant ce combat. Le fouet touche de plein fouet sa proie. Dans un geste saccadé, elle lance sa dague en direction d’un Lambda, il touche sa cible, alors que la lame s’enfonce dans le cœur de l’attaquant.
Sautant de son perchoir à quelques mètres d’Ace, elle l’observe. – Il en reste trois. Je m’occupe de celui de droite et toi celui de gauche ? – L’ennemi du milieu n’aura qu’à attendre, son destin revient aux mains de deux mutants en colère, deux mutants qui n’ont jamais eu peur de se salir les mains pour arriver à leurs fins.
Elle se tourne vers son adversaire de droite, et l’observe alors que le Mêlé bleu lui balance une pierre relativement grande sur le corps. S’écroulant à la lourdeur de l’objet, Asghari suffoque sous le poids de la roche. Les étoiles scintillent dans ses yeux, alors que sa vue est vaguement obstruée par son manque d’oxygène. Le bleu grimpe sur la roche et se poste face à Asghari. Il a un rictus malsain, un truc dépeint sur son visage qui veut dire que c’est la fin. Mais elle a envie de vivre, elle a toujours eu la volonté d’éviter la Mort, crever c’est pas son genre, pas aujourd’hui, pas quand elle a encore tant de choses à accomplir. De son bras gauche encore libre, elle sort la dague cachée dans sa manche, attrape le visage du Mêlé trop arrogant, et lui tranche la gorge, laissant couler sur son visage un long filament d’hémoglobines.
Le sang, la peur qui s’insinue dans ses entrailles, alors qu’elle est toujours en train de batailler avec la roche, alors que ses phobies, ses anciens démons viennent la hanter.
Non Asghari, pas aujourd’hui, pas maintenant, plus jamais.

⎨who's in your shadows ? who's ready to play ?
are we the hunters ? or are we the prey ?⎬

Ils ragent. Ils se rapprochent. Maudits vautours qui ne rêvent que de prendre sa vie. De lui faire payer le crime d'être un maître quand ils ne sont que mêlés ou lambdas. Fatalité de la vie dont ils sont bien décidés à se venger. Le Kimora ne bouge pas, n'oscille pas. Statue de pierre appelée par le sang qui bat dans leurs veines. Maître pris au piège par des polluxiens. Il sert les poings, le gamin, bien décidé à se défendre. Une lueur bleue attire son attention. Ses prunelles s'écarquillent déjà de stupeur. Ace ne croit pas en la bonté d'un inconnu. D'un maître prêt à risquer sa vie pour celle d'un autre. Une lame vient s'engoncer dans la poitrine d'un des assaillants. Il fronce les sourcils, Ace. Perplexe face à l'aide qui lui est apportée. Il reste impassible en voyant Asghari Khodja le rejoindre depuis les hauteurs. Evidemment. Il aurait dû s'en douter. – Il en reste trois. Je m’occupe de celui de droite et toi celui de gauche ? – Il laisse son arrogance, sa défiance envers elle de côté et il oscille légèrement la tête en guise d'approbation. Il a bien plus envie de sauver sa vie que de se battre avec Asghari. Ses iris sombres se posent que le polluxien de gauche et déjà, son corps s'immobilise sous l'effet de son pouvoir. Le petit pantin s'empare d'une lame dissimulée dans un pan de tissu. Son compère tente déjà de le dissuader mais il est trop tard. Il se tranche la gorge et tombe à terre dans un bruit sourd. Un sourire mauvais vient étirer ses lippes alors qu'il se tourne vers Asghari. Le Kimora ne fait aucun commentaire. Il se presse auprès d'elle et la délivre du vestige qui lui compresse le corps. Le liquide carmin macule le visage de la Khodja, réveillant une phobie en elle. Le regard sombre, il l'aide à se relever et désigne d'un geste de la tête l'assaillant qui se dirige déjà vers eux. – Tu penses pouvoir gérer ? – Un souffle sans aucun sarcasme. Une question anodine qui l'inquiète. Si la Khodja venait à perdre ses moyens, ils seraient en difficulté. – Il faut qu'on se débarrasse de celui-là avant que ses copains ne rappliquent de nouveau. – Et fuir. Se cacher. Parce que tout Launondie semble être aux mains des polluxiens. Parce qu'ils ne sont plus en sécurité ici. La perspective de devoir fuir avec Asghari ne l'enchante pas vraiment mais il n'a pas le choix. Il est certain que Medea va s'en sortir. C'est une mêlée intelligente. Elle saura quoi faire. Le pouvoir du Kimora se dirige déjà vers le dernier assaillant mais une salve d'électricité le plie en deux. Les dents serrées, il fusille le polluxien du regard. Un jaune. Ace ne se laisse pas impressionner. Après tout, il fait face à deux mutants. Deux survivants. Deux monstres nés de la rue. Sans prévenir, le gamin immobilise le jaune alors qu'il tentait déjà d'user de son don sur eux de nouveau. – Fais-toi plaisir. Mais vite. – Des voix retentissent déjà au loin. Des cris. Des rires. Des hurlements des maîtres qui se retrouvent eux aussi pris au piège. Ace ne quitte pas sa cible du regard mais il ne désire qu'une seule chose : se fondre dans les ombres.