Rancœur et aigreur. C’est ainsi qu’elle pourrait nommer la lettre qui doucement se froisse entre ses doigts. Les palabres balafrant le papier à l’encre onyx, ne sont que promesses d’horreurs et de malheurs. Tragique poème composé par l’amant désillusionné, fait de rouille et de sel. La rouille de son sang, celui se déversant de son cœur béant, celui qu’elle a poignardé pour mieux le briser. Le sel de ses larmes, éclats de diamants ayant ravagés les joues de celui l’aimant sans que jamais elle ne lui rende, vagues salées échouant sur la plaie qui ne guérira jamais, pour mieux le torturer. La poupée redevient oiseau de liberté, reine des torrents libres et des vagues déchaînées que rien ne pourra jamais contrôler. Gamine solitaire qui ne sentira plus le poids pesant de cet anneau qui devait consacrer les deux amants désintéressés. Elle que l’on voyait en épousée, elle que l’on voyait enchaînée, c’est avec ses ténèbres et ses démons qu’elle continuera à marcher sur sa route escarpée la menant à ses enfers. Gamin en ayant eu assez de ses affronts, gamin qui aurait voulu ravager les charmes de la sirène. Elle qui n’avait d’yeux que pour d’autre monstres, celle qui n’utilisait la douceur de ses lippes que pour fendre le palpitant d’autres hommes, mais jamais lui. Dément qui était follement épris d’une muse qui se voulait madone d’autre fous, amoureuse d’un sentiment bref et passionné, celui qui ne dure jamais, celui de la séduction, douce flamme vouée à être étouffée par le temps. Alors il est parti. Il la laisse. Il l’abandonne, eux et leurs promesses, eux et leurs fiançailles, eux et leur haine. Douce lune contemplatrice de mots qui devrait la toucher. Mais rien, pas la moindre secousse venant faire palpiter son palpitant, pas la moindre amertume venant se glisser le long de sa trachée. Juste un voile de soulagement venu l’envelopper comme celui de la jeune mariée qu’elle ne sera jamais. « Tu ne seras pas le dernier chéri. Je pensais pas que tu aurais tenu si longtemps.» Princesse des contes de fées ensanglantées, celui où l’amour est tragiquement impossible, où il se termine dans un dernier soupir, maculé par le carmin. Romance damnée qui la fait vibrer sans jamais qu’elle ne puisse la trouver. Lettre qu’elle lance dans les flammes, palabres qui ne deviendront que cendres, palabres que la brise effacera. Puis elle tourne le dos à l’âtre, elle l’oublie, comme elle l’oubliera lui.


Secondes qui s’égrainent dans le sablier sans qu’elle ne puisse les compter, elles se suicident, se jetant dans les profondeurs abyssales, rejoignant leurs sœurs. La poupée est seule, on la croirait proie entourée de bête, lorsqu’elle est le monstre le plus vorace et dangereux de l’assistance. Sirène aux crocs acérés et à la volonté d’acier. Opalescences qui pèsent sur sa silhouette, qui dégringolent le long de la soie de sa robe, dévalant la nudité de ses jambes pour se fracasser sur ses chevilles. Mais la poupée n’en a que faire, elle n’observe que les gouttes translucides qui dansent au fond de son verre, celles qui bientôt danseront le long de sa gorge, apposant dans ses veines un feu nouveau que la reine des eaux ne pourra contrôler, une ivresse qui éveillera des sens qu’elle a enterré pour pouvoir toujours tout contrôler. « Rhum. Pur. » Timbre qu’elle ne connaît que trop, accents brûlants et profondément tranchant qui la fond se tendre alors qu’elle tourne son faciès vers lui. « Je ne pouvais pas passer un jour de plus sans te voir, ma belle. Tu ne m'en voudras pas. » Roi des loups, chef de la meute, Alpha incontestable. De ceux qui dirigent, de ceux qui la fascine, elle rêvant que l’or couronne sa tête. Sourire en coin de la belle qui vient balafrer les lippes, avant de boire d’un trait le liquide alcoolisé déchirant sa trachée. « Un autre Gin. » Ombre lui tournant autour, la plus ténébreuse, la plus tentatrice. Celle qui parfois martyrise la symphonie de son cœur, en lui dérobant quelques palpitations. Lentement elle se tourne vers lui, ses jambes se croisant, la soie balayant le derme pour en dévoiler un peu plus, alors que le bord de son verre caresse ses lippes. « Je ne t’en veux jamais, surtout pas pour ça chéri. » Légère gorgée qui s’immerge doucement, l’enveloppant d’un doux halo de chaleur. Avant que les doigts de la sirène ne viennent caresser les lippes interdites du garçon, gestes qui suspend le temps, pourtant l’instant est si bref qu’elle pourrait l’avoir rêver. « On dirait presque qu’il est sincère. » Deux sourires qui fendent leurs lippes, pourtant la douceur de leurs lèvres ne masquent que leurs vices et leurs démons, y a rien de bon chez eux, absolument rien. Pécheurs qui seront bannis du paradis. « J’ai envie de jouer ce soir. Tu te sens de taille ? » Jouer avec le feu, jouer avec lui, puis le fuir.

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AVATARS PAR BONNIE

Rouille de ses veines devenue rage, rouille de ses veines tirant de plus en plus vers l’onyx maudit. Poupée empli de ces ténèbres, celles qui ne sont qu’enfer, celles qui sont amères. Gamine effrontée refusant la candeur du paradis, préférant les torpeurs honnies. Narguant de ses opalescences brûlantes les portes du céleste, celle masquant l’Eden, celui qui est ténébreux, parce que derrière chaque bonheur, se dissimule l’horreur du malheur. Princesse de son propre schéol, préférant l’amertume de ses meurtrissures, celles qui sont réelles, celles qui jamais ne mentent. Elle les hait Séléné. Ces amants, ceux qui sont heureux, ceux foudroyés par une bénédiction plutôt que par sa propre malédiction. Incapable d’aimer. Incapable d’être aimée. Sirène condamnée aux amours échoués, ceux qui se conjuguent au passé. Cœur cristallisé par le sel de la mer, cœur noyé par les sordides tempêtes. Princesse vengeresse. Celle devenue madone d’un opéra, celui ayant le goût du tragique. Symphonie composée par ses déchirures, pour ses meurtrissures, symphonie insufflant ce rythme fou à son palpitant, celui qui est glaçant et terrifiant. Ivresse sentimentale qui est condamnable et qui toujours vire au tragique.
Wolfgang. Patronyme laissant sa traînée d’amertume dans sa gorge, celle que seule la cascade alcoolisée parvient à apaiser. Un instant. Et puis la comédie reprend et puis la symphonie revient dévaster ses pensées.
Akram. Patronyme rallumant les braises de ses opales, redonnant vie à ce regard qui lentement se suicide. Nouvel incendie qu’il réanime à la force de son sourire, à la force de leur désir interdit.
Parce que le brun incarne le proscrit.
Sale bête que jamais elle ne pourra aimer. Elle sait pas aimer Séléné. Elle sait détester, de tout son âme damnée. Éclats de ce cœur brisé qui ne savent plus qu’abhorrer. Douée pour semer la rouille et le sel, le sang et les larmes.
Sale bête qui pour toujours demeura l’instrument de sa divine vengeance. Sale bête condamnée sans le savoir à devoir lui faire oublier le loup, celui l’ayant pris pour une biche, lorsqu’elle était son alpha.
Tension qui embrume leur carmin et leur raison, c’est leur damnation, c’est l’ire de leur passion. Frissons interdits parcourant cet épiderme que personne ne peut toucher sans se damner. Sirène pleine de cette pureté qu’elle ne laisse personne ébrécher. Force qui les attire irrémédiablement, qu’il est délectable de la combattre, qu’il est délectable de la laisser planer entre leurs deux entités, jusqu’à les rendre complètement intoxiqués par leurs propres péchés. C’est dangereux. C’est eux.

« Tu es tombée sur le plus grand joueur d'Aksana, beauté. Teste-moi. » Divin frémissement qui s’empare de sa carcasse lorsque imprudent ose apposer son derme contre le sien. Doigts brûlant affrontant la glace de son épiderme. Il n’est que la frénésie de l’incendie, affrontant un oxymore qui pourtant lui ressemble tant. Un pied dans ses filets.
Pilules maudites qui semblent danser entre ses mains, comme l’incarnation même du danger. Non. C’est ce que Wolfgang lui hurlerait, alors l’insolente gamine le fait. Elle vole ce que les dieux refuseraient de consacrer, pourtant jamais les damnés ne sont plus proches d’eux que lorsqu’ils laissent ce poison nuire au pourpre de leur veines. C’est le proscrit qu’elle avale sans jamais le quitter des yeux. « Je pense plutôt que tu es le plus grand des imposteurs. » Simple murmure qui lacère la légère pesanteur, qui fait vibrer la tension, qui macule le silence. Souffles alcoolisés qui se mêlent tant leurs lippes sont proches, tant elles se narguent. Brumes qui viennent noircir ses pensées, brumes qui viennent assassiner sa raison. Putain de déraison qui les enivre. Qu’ils sont fous ceux qui demain regretteront, qu’ils sont fous ceux qui demain mentiront. « Je veux que tu me fasses danser. Je commence en douceur, je voudrais pas te faire peur. » Moue provocante qui fracture ses lippes alors que ses doigts tracent un invisible sillon de sa gorge jusqu’à sa joue, là où sa paume s’appose avec douceur, chemin des pécheurs. Nuitée des condamnés, leur nuitée, celles où les damnés seront plus insolents que jamais.

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