pseudo et prénom ‹ Louise, Galatée âge ‹ Plus de vingt ans, moins de vingt-cinq ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ Bazzart pays ‹ France fréquence de connexion ‹ 2 fois par semaines votre avis sur le forum ‹ J'aime beaucoup le contexte, même si je pense qu'avoir autant d'annexes peut être décourageant à lire pour les nouveaux arrivants. Et le design est top.    smiley préféré‹  gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

— Je ne pourrais pas rester bien longtemps, m’avertit Cork de sa voix rude.
— Quoi ? Tu t’en vas déjà ? je murmure.
Il fronce les sourcils, me touche délicatement la joue. Sa peau est tannée par le vent et le froid, couverte de cicatrices.
— L’armée de Pollux a besoin de moi, ma belle. Sois gentille, n’essaie pas de t’enfuir. 
Je soupire et me relève. La petite maison dans laquelle nous vivons est suffisamment propre pour que je puisse lui en vouloir de la salir avec ses souliers d’intérieur. Pour le moment, nous sommes tranquilles, les Maîtres ne sont pas encore venus nous chercher. Nous sommes doués pour nous cacher, il paraît et père a des contacts dans la Ligue. De ce que j’en ai compris, Cork en fait partie. J’aimerais moi aussi tâter du terrain. Je sais me battre. C’est lui qui m’a appris.
— Laisse-moi t’accompagner.
Je le supplie, presque. Cork passe une main inquiète dans ses cheveux bruns. Il n’a pas rasé sa barbe depuis un moment car nous n’avons plus beaucoup d’eau. Je me sens tellement petite en comparaison de lui !
— Tu vas te faire tuer.
— Non, Cork, tu m’as apprise à me défendre et…
— Des couteaux ne valent rien contre ce qu’ils sont capables de faire, me coupe-t-il brutalement. Tu n’as pas la moindre idée de ce dont ils sont capables, Nalia. Tu ne les as jamais vus en action.
— Parce que vous m’avez toujours empêchée de voir le monde ! je hurle, en le tambourinant de mes mains. Je ne suis pas une poupée que l’on peut ranger dans un tiroir, une fois qu’on a terminé de jouer avec. (Ma voix tremble, mais je m’en moque.) S’il-te-plait, Cork.
Il m’adresse un sourire désolé.
— Je ne peux pas, frangine. Tu sauras bien assez tôt pourquoi.
— Dis le moi !
Mes yeux marrons glacés se plantent dans les siens, aussi verts qu’une prairie après les pluies. Mon ventre se noue, je saisis le balais pour le menacer avec. Oui, ma vie se résume à cela : récurer, faire à manger. Apprendre à me servir de mes poings, d’une arme. Ce n’est pas juste que tout le royaume puisse se battre contre nos oppresseurs et que je sois mise de côté.
— Très bien, chuchote-t-il en collant sa bouche contre mon oreille. Père veut te marier.
J’éclate de rire, tant cette affirmation me paraît ridicule.
— Je suis une bâtarde. Personne ne voudra de moi.
— Et bien si, soeurette. Il a trouvé preneur. Cet homme ne rigole pas. Si tu t’enfuis, il lancera une armée à tes trousses.
Les yeux humide, je le regarde. Il est sérieux. Son visage basané affiche une mine soucieuse.
— Pourquoi moi ?
— Pour te donner une seconde chance. C’était soit cela, soit père te revendait à une famille de Maîtres.

***

La peur m’assaille comme si l’on me prenait à la gorge. Je triture mon bracelet d’un air distrait — un bracelet en argent avec une pierre verte au milieu, qui jadis a appartenu à ma mère. C’est le seul cadeau qu’elle m’ait jamais fait. Elle me l’a offert pour mes seize ans, je crois. Depuis, je ne le quitte plus. C’est idiot, je sais. Pourquoi garder un présent d’une femme qui ne m’a jamais aimée ?
Cette certitude devrait me briser le coeur, mais j’ai l’impression que ces temps-ci, il est aussi insensible que de la pierre. Ma mère… C’est à cause d’elle si je suis née. Ce soir-là, elle a trompé son mari, ce qui fait de moi une bâtarde. Elle aurait pu dire que c’était sa fille, mais mes cheveux roux ont changé la donne. Chez les Saller, personne n’a cette couleur de cheveux. Selon Fenrar, mon « faux-père », c’est la couleur du diable.
La peur me ronge. Je garde les yeux rivés sur le sol, j’ai caché ma chevelure avec un turban. Ils sont ondulés et ont la même teinte qu’un feu de cheminée. Difficile de passer inaperçue alors que des chasseurs d’esclaves traînent dans le coin, prêts à mettre la main sur moi pour me revendre à un Maître. Petit à petit, ma peur fait  place à une rage brutale. J’essaie de tenir debout. J’ai si faim que j’ai peur de tomber, mais je dois continuer. Si je m’évanouissais là maintenant, dans les rues de Volastar, je mourrais. Il fait si froid que je grelotte. J’ai l’habitude d’y vivre depuis toute petite, mais même mon manteau en lambeaux ne suffit plus à me protéger.
— Hé, gamine ! 
La voix est à peine recouverte par une rafale de vent. Mon turban tombe, laissant au vu et au su de tous mes cheveux roux. Mon coeur cogne, cogne, cogne contre ma poitrine, je me sens mal. L’homme se rapproche de moi. Quelle idiote ! Cela ne fait pas quarante-huit heures que j’ai quitté mes parents et je ne suis même pas fichue de survivre ! Les larmes menacent de couler le long de mes joues. L’homme va me vendre aux Maîtres et je les servirais jusqu’à ma mort. C’est fini. Terminé. Ma vie d’humaine libre s’arrête. Pourquoi ai-je cru que je pourrais avoir un semblant de liberté ? J’aurai dû épouser Akim, comme le voulait mon père. Enfin, si on pouvait appeler cela un père. Cet homme qui m’a reniée toute ma vie, qui m’a toujours dit que je n’étais qu’une épine dans son pied, une brebis galeuse qui n’aurait jamais dû voir le jour.
L’homme s’arrête en face de moi. Je sens son souffle chaud sur mon cou. Enfin, au bout de ce qui me paraît être un terrible effort, j’arrive à lever des yeux apeurés vers lui. Il a une barbe fine, des joues anguleuses et un début de calvitie. Ses yeux bleus  me dévisagent avec curiosité. Il a la quarantaine, peut-être. Un peu plus ?
— Tu es une humaine, pas vrai ?
— Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Ma voix est sèche, trop forte. J’ai tellement soif. Le vent m’assèche les yeux. L’homme ramasse mon turban et me le rend, je me sers un peu plus dans mon manteau en le prenant.
— Ne fais pas l’idiote. Tu baisse la tête, comme si tu avais peur qu’on te reconnaisse. Je ne suis pas un marchand d’esclaves. Je ne vais pas te vendre à un salopard de Maître.
Surprise, je le regarde droit dans les yeux. Il me tend une gourde. Cela pourrait être du poison, de la drogue, mais j’ai beaucoup trop soif pour m’en préoccuper. Cela fait depuis deux jours que je n’ai rien bu et je n’ai rien pu emporter. L’eau coule dans ma gorge avec délice, je me sens revivre. J’ai un peu moins mal à la tête.
— Merci. Que me voulez-vous ?
L’homme soupire, regarde nerveusement autour de lui. Les chasseurs d’esclaves sont partis. Mes doigts semblent fourmiller, je fixe la pierre verte sur mon bracelet comme si j’espérais qu’elle puisse me sauver et fourre mes mains gelés dans mes poches.
— T’aider. Je pense que ta haine pourrait servir à quelque chose. Quel est ton nom ?
— Nalia.
— Hé bien, Nalia. As-tu déjà entendu parler des Eastern tribe ?
.