La tête qui tourne encore, qui ne cesse de tourner. Il ne sait pas depuis combien de temps il est là. Il ne sait rien si ce n’est cette douleur qui vient le saisir brulante. Les yeux qui s’ouvrent pour mieux se fermer. Il n’aime pas la faiblesse le mercenaire. Il préférerait être mort que de continuer à vivre dans cet état végétatif. Il n’est pas lui-même. Il a perdu de sa superbe, trop, bien trop. La rage qui se lit sur ses traits. La rage bien davantage que la douleur, plus tenace, plus pugnace, elle ne lui laisse aucune chance. Le mercenaire retombe dans les bras de Morphée, bien malgré lui, bien malgré son envie.de revenir totalement à la surface, quitte à souffrir le martyr. La douleur est supportable, elle est son habitude, sa plus tendre amie depuis sa jeunesse. Il peut continuer encore mais être éteint, être atteint, c’est pire que tout. Pourrait-il vivre en demi-homme ? Pourrait-il survivre s’il n’était plus en état de combattre ? Sa bête, sa rage, son être, il en est certain, tout deviendrait mortel, il détruirait tout s’il ne se remettait pas. Le regard qui revient, la vision trouble mais retrouvée. Il ne peut bouger, pas assez, il les sens, ses chaines contre ses poignets. Il ne sait pas lui qu’il s’est débattu. Qu’une fois son cerveau éteint c’est la bête qui a repris le dessus. L’animal blessé qui a refusé de se laisser abattre. Qui ne pouvait accepter les traitements qu’on voulait lui infliger. L’aide perçue comme une menace, la pire de toute. Il n’est plus contrôlé, il n’est plus qu’un feu brulant qui a tout détruit, tout emporté. L’homme à moitié là. Les pensées encore trop absentes. Il fait peur à voir. Ce n’est jamais beau une bête en cage.

L'écarlate souille chaque parcelle de terre, hante les pensées nauséabonde de la princesse des cieux. La carcasse du roi tyran hante ses pensées, teint cadavérique qui souille les orbes dénaturées du défunt Griffith. Elle traîne d'autres fantômes derrière elle, bien trop pour en supporter davantage. Elle plonge dans la marée humaine, se frayant un chemin au milieu de ces corps abîmés par une guerre qu'elle a mené à distance. Visage fermé et grave, elle est obsédée, torturée par l'idée que l'amant n'en soit pas sorti indemne. La divine franchit le seuil de la tente de fortune dans laquelle a été installé l'enfant des flammes. Des murmures des souffles, des bruits de couloirs qui se répandent comme une traînée de poudre. Il a lutté, le soldat, il a résisté, tant et si bien que ses médecins ont dû l'empêcher de bouger, enchaînant la bête à son lit. Le regard céruléen échoue sur la créature dont le visage est déformée par la douleur. Sortez d'ici. Qu'elle ordonne, la voix claque avec froideur. Elle ne scille pas la gamine des airs, alors que les pas précipités des médecins se ruent vers la sortie. Elle attend, elle patiente, jolie môme enveloppé d'une aura majestueuse. Elle laisse finalement un soupire alors que son minois se secoue à la négative. Elle s'avance désapprobatrice alors que son regard reste ancrer dans celui du guerrier tomber au combat. Ses doigts viennent détachés les liens du monstre, elle ne dit pas un mot, elle le toise, analyse chaque parcelle de lui, craignant de découvrir l'ampleur des dégâts. Elle ne trouve pas les mots, la sublime, réduite au silence par l'effroi. Elle ose à peine l'approcher, le toucher, craignant de l'abîmer un peu plus. Elle tient bon, forte, instable, intouchable, parce qu'elle sait que de le voir dans cet état la fragilise et pourrait la faire basculer à tout moment. L'ombre de cassian s'est évaporé, chasser par l'angoisse de perdre celui auquel elle a pourtant officiellement renoncé. Elle ne devrait même pas être là...