pseudo et prénom ‹ Furiosa / Anaïs âge ‹ 23 ans comment as-tu trouvé le forum? ‹ via les gueuses qui m'en ont parlé pays ‹ France fréquence de connexion ‹ régulière votre avis sur le forum ‹ il est beau comme un camion et le contexte est au top (même si j'ai pas tout compris) smiley préféré‹  gif qui décrit le mieux votre personnage‹

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Les yeux rivés sur la glace, Silas fait face à l’homme qui le regarde. Cet homme qu’il reconnait à peine, cet homme qu’il est devenu. Plus que l’ombre de lui-même. Il a vécu, il a survécu. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour tracer sa route, pour supporter la pression que ses parents ont fait peser sur ses épaules. Ses épaules bien frêles à l’époque qui ont fini par s’endurcir, par tenir le coup. Il a fait ce que qu’il pouvait, mais surtout, il a fait ce qu’il fallait. Peut-être pas de la meilleure façon certes, mais que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre. Il contempla son reflet pendant encore quelques minutes avant de se décider à détourner le regard, comme dégoûté de l’image qu’il renvoyait. Pourtant il l’avait choisi, depuis le début. Il avait privilégié la voie de l’ambition et de la réussite. Il avait un objectif, un seul objectif et il comptait bien l’atteindre. Peu importe ce que ça lui coûtait. Il s’humidifia rapidement le visage pour se débarrasser de cette sueur qui collait ses cheveux à son front, le faisant sentir sale et coupable. Encore une fois aujourd’hui, il avait menti, il avait subtilisé quelque chose qui ne lui appartenait pas, pas plus qu’à ceux à qui il devait le délivrer. Le jeune homme glissa la main dans la poche de son pantalon et en tira une bourse suffisamment lourde pour qu’il s’interroge sur son contenu. Il avait appris avec le temps à ne pas trop poser de questions. On ordonnait, il exécutait. Point final. Il savait pertinemment que l’objet dérobé était celui recherché. La description des Khodja avait été suffisamment précise, les bourses comme celles-ci ne couraient pas les rues. Encore moins à Flamaerin. Cette fois-ci encore, il s’en était sorti, mais qu’en serait-il des autres fois ? Jusqu’à présent, il avait eu de la chance mais du haut de sa vingtaine d’années il était bien placé pour savoir que rien n’est immuable et que la roue tourne, tôt ou tard. La bourse toujours plantée dans la paume de sa main, Silas hésita quelques secondes à jeter un coup d’œil à l’intérieur. Pourquoi faisait-il tout ça ? Est-ce que ça valait vraiment le coup ? Et si au final, il avait plus à perdre qu’à gagner, est-ce que cela suffirait à le faire changer d’avis ? Probablement pas. Il avait besoin de cet argent, plus encore que du reste. C’était son ticket vers les hautes sphères, sans ça, il pouvait aussi bien dire adieu à son but. À ce pourquoi il se battait jour après jour depuis qu’il avait intégré l’académie. Ses parents ne pourraient jamais le pardonner, et lui non plus. Il referma son poing sur le tissu avant de le glisser dans l’un des tiroirs de sa commode. Il n’appréciait guère de faire le sale boulot des autres mais il était doué pour ça. Ça avait commencé par des petites choses, par ci par là, d’abord futiles puis plus importantes. Il avait dû redoubler de méfiance, sans pour autant perdre son efficacité. Il dépendait des Khodja, il le savait, ils le savaient. Ses services contre leur silence, leur soutien, leur finance. Silas s’affala sur son matelas, fixant le plafond, les yeux dans le vague. Le changement est proche, il en était persuadé.





Il s’enlise, encore un peu plus loin, encore un peu plus profondément. Les possibilités de revenir en arrière sont inexistantes. Il a trahi son empereur, celui en qui il avait pleinement confiance il n’y a pas si longtemps. Celui qui l’a poignardé dans le dos sans même s’en rendre compte, celui qui a annihilé tous ses espoirs à l’instant même où il a décidé d’anoblir deux familles bronze. Ça aurait pu être la sienne, il le méritait, plus que quiconque peut-être. Il s’était battu pour ça durant toutes ces années, il avait tout fait pour être le meilleur, pour se détacher du lot, pour récupérer cette gloire dont sa famille parlait toujours mais qu’il n’avait jamais eu l’occasion de voir. Tout ça pour la gloire. Tout ça pour une histoire de couleur de sang, pour un rang dans la hiérarchie, pour un besoin de reconnaissance. On leur a tout pris, il veut tout récupérer. Et même plus. Jamais il n’aurait pensé se salir autant les mains pour sa famille, pour redorer l’image des Archeron. Pourtant voilà où il en était, partagé entre deux camps : d’un côté celui pour lequel il avait été loyal durant toute son enfance, son adolescence, celui qui l’avait rejeté, qui avait décrété qu’un bronze comme lui n’avait pas sa place avec les nobles de ce monde, de l’autre côté, celui qui lui ouvrait de nouvelles portes, de nouveaux moyens, celui qui voyait en lui une aide précieuse. Une nouvelle ère, un nouvel espoir. Il risquait tout ce qu’il avait, il pouvait tout perdre, sa carrière, son statut… Mais il fallait qu’il se positionne alors il l’avait fait. Ses raisons étaient loin d’être pures : la vanité, l’orgueil, l’égoïsme. Il se bat pour une cause qui n’est pas juste la sienne mais celle de ses ancêtres également. Borné, obstiné, inarrêtable. Silas s’est engagé sur une pente glissante, il n’a aucune idée de là où il met les pieds. Il fait confiance à son instinct, qui ne lui a jamais fait défaut. Mais c’est différent à présent, il doit tout réapprendre. Réapprendre à évaluer, à manipuler. Réapprendre à gérer à la fois le feu qui brûle en lui mais aussi les éclairs qui n’ont fait qu’ajouter un peu plus de tourments à ce cocktail déjà explosif. Il bouillonne, il sature, c’est une bombe à retardement. Une grenade qui n’attend qu’une seule chose, qu’on la dégoupille. Il a passé assez de temps à se cacher, à rester loin de l’action. Il est temps d’aller au cœur du mouvement, de changer les choses. La résistance est en marche, et tant que leurs convictions rejoindront les intérêts de Silas, le jeune homme continuera de s’élever avec elle. Ses défauts ont pris le dessus sur ses qualités, il a mis de côté ses valeurs pour récupérer ce qu’il est venu chercher. Mais ce qu’il recherche avant tout, c’est la liberté. Toutes ces années, à crouler sous le poids de ces responsabilités, des responsabilités qu’il n’a pas demandées. Il a assez trimé, assez souffert pour les erreurs du passé, des erreurs qui ne sont pas les siennes non plus. La guerre, il la connaît. La guerre, elle fait rage non seulement dans le royaume mais aussi dans son esprit. Tout aurait été tellement plus simple s’il était né argent. Il aurait aimé ça, avoir une vie normale, n’avoir qu’à lever le petit doigt pour avoir ce qu’il voulait. Mais non. La vie est merdique. Il l’avait appris à ses dépens. Elle donne des chances à ceux qui ne le méritent pas et ignore ceux qui doivent se battre pour avoir ce qu’ils veulent. Plus encore, c’est toute la société qui est merdique et pour l’instant, la résistance semble être la seule solution capable de régler ce problème.