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miscarried saints. (irias)

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miscarried saints. (irias) Vide
MessageSujet: miscarried saints. (irias) miscarried saints. (irias) EmptyLun 12 Mar 2018 - 11:56

miscarried saints
gods die with men who have conceived them.
but the god-stuff roars eternally, with too vast a sound to be heard.


Toisant de toute sa sinistre hauteur le bouillon ronflant de la cité marchande, le palais en déshérence n'a plus, du prestige d'hier, que cela ; l'altitude. Un dédain de vieux briscard qui, des vivants dont il a perdu l'estime, feint de se foutre éperdument, sans pourtant se résigner à traverser la frontière de l'oubli, déjà franchie par tant et plus de vestiges omis. C'est qu'il se flatte d'être le dernier Palama debout. L'unique seigneur que la terre-mère n'a pas englouti, au contraire de ceux qui s'en targuaient d'être les maîtres. Lui, le taudis appauvri de ses rois, qui des mercenaires s'est fait le repaire et des gueux la tanière ; lui, dont tantôt l'on se moque, tantôt que l'on fuit ; lui seul arbore pourtant encore ces six lettres de noblesse, paré de la terne dignité des vieux messieurs n'ayant plus rien de reluisant à prouver. Il lui plaît, ce triste sir ; comme tout ce qui, comme elle, n'est pas mort quand il le devait. Car Ira, elle se sent un peu spectre, parfois. Guère plus qu'une sécrétion diaphane, invisible à l'œil nu, ne se sentant chez elle qu'à hanter ces ruines – de pierres, ou de chairs – dont elle parle le langage.

Alors, quoique ce castel-ci lui soit étranger, n'en demeure pas moins qu'elle s'y faufile avec la nonchalance d'une familière, tel ces chats ayant des recoins obscurs la science infuse, à l'insu des rats qui, dans les galeries souterraines, ont cru trouver la sécurité d'un refuge pour la nuit. Erreur, grossière erreur. Là, sous la plante de ses pieds privés de sandales, tous sens aux aguets, elle les sent presque grouiller, les Mutants ; et ça lui creuse l'appétit, au point qu'elle s'en mordille déjà les babines, l'affamée. Ce faisant, décoche une œillade de connivence furtive, à l'intention de cet étrange compagnon ayant à son ombre dérobé la primauté, pour s'en venir laper au calice de ses idées les plus noires. Mais de ces immenses béances lui crevant prétendument l'envers, la Sacerda n'a ouï que l'écho lointain, la rumeur. Elle veut à présent en flairer le soufre. C'est là tout le propos du périple de ces derniers jours ; traduire les palabres oiseuses en actes éloquents. Profitant de la pause marquée à l'orée des degrés forant les abîmes, elle le dévisage un instant, évinçant une mèche de cheveux bruns lui balafrant son doux regard, pour ainsi mieux en sonder les nuances – y traquer la brume d'une hésitation, le reflet d'un scrupule. Ils ont le temps. Tout le temps du monde. « Prions », commande alors le phonème éraillé, tandis que, délicates, ses paumes jointes quittent les replis des amples manches, pour écrouer les mains du pieux et tâcher d'en étudier la fermeté. Car son poing ne doit pas trembler, pas plus que sa foi – puisque c'est là son arme. Psalmodies feutrées, inarticulées surtout, sans délivrer Tobias de ses scrutations inquisitrices. Aucun des Sept Macchabées n'est en réalité invoqué, convié, car si la psyché morcelée du Mêlé tient ses promesses, et recèle en effet quelque joyaux, la môme les lui fera cracher, un à un, oui. En temps et en heure. Mais pas sans s'y prélever d'abord la part du lion ; les dieux attendront.

Se signant enfin, et ajustant l'étoffe de sa capuche de façon à dérober aux mires indiscrètes les mystères de sa juvénile identité, elle désigne d'un cahot de mandibule l'embouchure enténébrée. « Le père. Ses deux fils. C'est tout. », précise-t-elle, tout bas, lapidaire, camouflant un sourire en coin, cloquant salement son minois d'enfant terrible. S'engageant dans l'escalier, étincelles naissantes comme des bagues à ses doigts fins pour baigner leur descente d'un halo n'ayant du sacré que l'éclat, elle achève, et son murmure n'est alors plus qu'un souffle affreux, annonciateur, prophétique. « Suis-moi. Ne te perds pas. »
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Anne-Marie Osanos
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miscarried saints. (irias) Vide
MessageSujet: Re: miscarried saints. (irias) miscarried saints. (irias) EmptyMar 3 Avr 2018 - 13:50


Il s’élevait devant eux, ce grand château aux allures de ravages atemporels ; il était particulier, ce palais : comme si le temps s’y était arrêté, et offrait à ses visiteurs un havre hors des âges - rien n’aurait été plus étonnant que d’en voir sortir une tribu des premiers hommes, valsant au bras des monarques de la belle époque d’antan, alors qu’au loin des soldats ensanglantés de la grande guerre venaient chercher soins et refuge. Il était étrange, ce logis, parce qu’il était une confusion d’époques, parce qu’il semblait préservé des cataclysmes d’ailleurs, bien que lui-même en ruines. Et c’était peut-être ça, qu’il lui plaisait tant, à Tobias : cette similarité. Parce que l’homme se trouvait, lui aussi, à mi-chemin entre deux temps : celui de l’innocence passée, des caresses prudes et des sourires candides, celui de la passion future, de l’ichor versé et des cantiques psalmodiés. Les rires violents tâchaient son visage, comme les débris souillaient la magnificence d’antan.

Il la suivait d’un pas large, et pourtant lent. Elle était plus petite que lui, et là où elle faisait trois pas, il n’en faisait qu’un. Il la laissait mener leur marche silencieuse, leurs seuls pas résonnant dans les immondices immémorés, pour ce qu’elle était cette lumière qu’il suivait dans l’ombre de ses pensées. Elle était la voix des Dieux, de ces idoles glorifiées, et lui, passionné dévot, buvait ses paroles de miel, acquiesçant à chaque articulation divinisée. C’était une fidélité sans nom, aveugle à tous, qu’il vouait à la messagère du Destin, rencontrée il y a peu. Ira, Ira - ces trois lettres qui roulaient sans cesse dans son esprit versatile. Plus rien n’avait de sens, jusqu’à ce qu’Ira lui traduise le monde. Il ne voyait rien, pas même cette boucle noire lui déchirant le front, jusqu’à ce qu’Ira lui montre. Elle était à la fois le prophète et la muse, lui montrant la voie et animant ses sombres inclinations. Il se vit étudié, son âme sondée par les nœuds sages de la femme, et il ne bougea pas - le reflet de son être lui était donné : qu’elle l’analyse, qu’elle lise en lui - et qu’elle lui réponde, qu’elle lui dise. Qu’elle lui ordonne. Voilà ce qu’elle fit lorsqu’elle lâcha un sobre « Prions », et qu’elle joignit d’elle-même ses paumes encore pures - ou presque. Les quinquets refermés, l’homme écouta les caresses qu’elle lui prodiguait, rythmant ses appels sanctifiés aux sept figures de l’au-delà ; en silence, ses lèvres se mouvaient. Il honorait ses dieux, et les graciait de leur bonté à son égard : pour ce que sans eux, l’enfant serait encore perdu.

Se faisant, il termina. L’heure pieuse s'acheva, et toujours derrière elle, il se mut jusqu’à sa prochaine destination. Les ténèbres l’envahissaient de toutes parts : similarité avec sa vie là encore. « Le père. Ses deux fils. C'est tout. » qu’elle lui souffla, avant de disparaitre à nouveau - le laissant à sa besogne nouvellement assignée. Il se retourna alors, et les vit, gisant pauvrement derrière les barreaux de fer. Un homme, et deux versions plus jeunes de ce même. Un sourire étira cruellement ses lèvres, et la lueur analogue pétilla dans ses iris lapis. « C’est votre jour de chance, mes enfants. » Rauque voix s’échappant des méandres de son gouffre, elle était le contraire de ses propos : rien, en son timbre, n’indiquait une quelconque chance, parce qu’elle était teintée d’un présage funeste, et que les canines qu’elle dévoilait en étaient l’écho. « Vous avez été choisis. » qu’il insista, un peu plus, en ouvrant la cage des détenus. Son cœur fit un bond, commençant là sa course : le divertissement recherché allait débuter, et les lèvres léchées mettaient le jaffarin en appétit. Marchez, et ne cherchez pas à nous quitter, il s’insinuait déjà dans leurs caboches apeurées, se délectant au son d’un rire cru des terreurs qu’il découvrait et des souvenirs qu’il déterrait. Un festin, pour l’homme qu’il était devenu. Un honneur grandiose, qu’il allait faire aux idoles. Il la rejoignit dans l’escalier, son bétail abruti par les fils du marionnettiste l’imitant docilement. Il l’embrassait de son regard assombri par les mauvaises pensées, qui tomba avidement par la suite sur les brandons qu’elle créait d’entre ses paumes - pyromanie séductrice. « Suis-moi. Ne te perds pas. », elle s’éloignait déjà. « Je suis juste derrière toi. »
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miscarried saints. (irias)

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