pseudo et prénom ‹ balaclava / chloé. âge ‹ dix-huit ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ je sais même plus, ça fait bien trop longtemps que je stalke omg. pays ‹ france. fréquence de connexion ‹ j'avoue que c'est un peu aléatoire, dans le sens où j'suis la première à aller sortir à l'improviste, à partir à l'autre bout de la france du jour au lendemain, mais de manière générale, je passe tous les jours et j'adooooore écrire, t'inquiète. votre avis sur le forum ‹ super bien foutu, même si j'avoue que j'ai du lire 4 fois les annexes pour bien tout saisir. smiley préféré‹ gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

2153, Koldoveretz.
Akram n'aimait pas être enfermé, gardé en captivité dans cette sorte d'école. Tout ce qu'il voulait, c'était simplement laisse s'exprimer son art, de manière totalement libre et spontanée. Du haut de ses quatorze ans, il n'a jamais été un adolescent perturbateur, puisque la rébellion prenait place au sein même de son esprit un peu éparpillé. Il n'a jamais explosé, ne s'est jamais révolté. Il ne s'est jamais montré totalement pacifique non plus. Il n'a jamais été fier, ou honteux. Akram, c'était une sorte d'entre-deux. La rébellion d'Akram se traduisait physiquement par un silence de plomb, souvent pesant. Il répondait rarement aux autres, se montrait peu curieux. A l'Académie, on ne le pensait pas Khodja : on se savait d'ailleurs pas non plus s'il était digne ou non de faire partie d'une telle famille. On parlait partout ailleurs des femmes Khodja, de leurs cheveux longs et noirs comme les plumes des corbeaux, de leurs airs assassins et de l'intimidation qu'elles pouvaient traduire d'un simple regard. On reconnaissait une Khodja à ces battements de cils qui donnaient l'effet d'une envolée sauvage au-dessus du trou béant d'obscurité qu'était le regard unique que seule une Khodja pouvait donner. Il n'y avait pas réellement de famille unie et reconnaissable, il y avait les femmes - et, avec le recul et les années, on s'aperçoit que c'est bien encore le cas. Alors Akram s'est écarté, dès le début. Il a préféré se construire de son côté, entre les crayons, la gouache et les étincelles. On ne l'a jamais vraiment investi dans les affaires familiales, mais, paradoxalement, Akram dessinait des corbeaux. Chaque jour. De différentes formes et tailles, avec un bec plus ou moins long, des yeux éteints ou brillants. Ses cahiers de cours en étaient couverts. Peut-être était-ce sa manière à lui d'appartenir au clan Khodja. En effleurant les plumes noires du bout de son pinceau sur la feuille épaisse, il se donnait une place. Une place, qui, au fond, le rassurait. Akram était doté d'une sensibilité assez poussée, qui lui faisait s'exprimer par les tracés et les contours. Le corbeau qu'il dessinait chaque soir dans sa chambre ne ressemblait jamais à celui de la veille : preuve d'une versatilité plutôt encombrante. L'Académie a renforcé cette facette-ci. Il n'était ni totalement libre, ni totalement privé. Il s'exprimait simplement comme il le pouvait, avec les moyens qu'il avait. Communication avec lui-même, sur le papier.

Toujours en 2153, Toujours à Koldoveretz.
Elle lui est apparue comme dans un rêve. A la seconde où sa silhouette s'est dessinée entre les arbres, il n'a plus vu le monde tel qu'il était. Tout devenait flou, et la fille qui se tenait dos à lui, elle, était de plus en plus nette. Un instant, Akram s'est mit à croire que sa vision lui jouait des tours. Il pouvait clairement distinguer la fille du reste du groupe. Ses cheveux étaient blonds, presque blancs, et tombaient en cascade le long de son dos, caressant la chute de ses reins. Elle était petite, si fine que même ses vêtements ne semblaient pas assez serrés. Un sourire s'est dessiné sur le visage d'Akram cet instant-là. Son premier vrai sourire, spontané et rayonnant. Il ne pensait à rien d'autre qu'à celle qui lui faisait face, indirectement. Il ne s'est pas davantage avancé. Intimidation ou peur du ridicule, il n'a jamais osé faire le premier pas. C'est elle qui lui est apparue, peu de temps après. D'après ses dires, elle l'avait aussi remarqué. Avec plus de discrétion, plus de classe, sûrement. Elle s'est approchée d'Akram avec son regard brûlant de générosité et son air légèrement timide, mais terriblement solaire. Le plus ironique était qu'au moment où elle a décidé de lui parler, lui ne l'attendait pas. Il était assis là, telle une ombre, dans un coin d'un des jardins. Classique Akram. Son crayon entre les doigts, du papier sur ses genoux. Rien d'autre ne l'importait que l'énième corbeau qu'il dessinait. Le temps s'arrêtait à nouveau. - C'est joli. Sursaut. Sa voix était pure, claire comme le cristal.  Une profonde gentillesse et une intime sincérité la caractérisaient. - Moi c'est Elain. Ses doigts à elle s'entremêlaient, ceux d'Akram s'enfonçaient dans le crayon. Ils étaient deux enfants l'un en face de l'autre. - Akram. Leur innocence commune était bien trop attachante. Dans un monde de grandes personnes, un monde où les nations prédominaient et où tout était sans cesse remis en cause, leur rencontre faisait du bien. Akram avait l'habitude d'être seul, isolé de tous, et désormais, ils étaient deux. Pas deux contre le monde, mais deux dans leur propre définition du monde, dans leur bulle solide et enfantine. Akram et Elain.

2164, Launondie.

Elain est magnifique. Elle garde toujours cet air enfantin, cette mine solaire et à la fois si pâle qu'elle apparaît au monde comme un ange descendu du ciel. Son apparence est céleste, mais sa personne est profondément humaine. Elle est spontanée, rit de tout, même lorsque le chaos grandit et s'embrase sous ses yeux. Elle est légère, Elain. Elle a la douceur d'une colombe, et Akram, lui, est le corbeau attendri par la beauté de sa femme. Lorsqu'il regarde son visage, Akram ne peut s'empêcher de penser à quel point il est rare de voir une femme avec des cheveux aussi clairs et un teint aussi pur à Flamaerin. Lui en est fier. Sa famille ne l'a jamais été. Elain fait se retourner les têtes, à Launondie, peut-être pas forcément dans le bon sens du terme. Il a toujours su dans quoi il s'engageait. Elle aussi. Il l'a su dès le début, Akram, qu'Elain n'était pas exactement la femme idéale, non pas pour lui, mais pour sa famille. Elle n'est qu'une mêlée d'une autre terre, et son adiutor, en plus de ça. Son rôle ne devait qu'être pratique. Mais ils n'ont pas pu ne pas s'aimer. Ils n'ont pas pu nier leur passion dévorante, ni l'attraction de leur corps. Alors ils se contentent d'être discrets. Parce qu'ils n'ont pas besoin d'une foule de personne les acclamant, ni d'admirateurs, ou de fanatiques. Ils ont seulement besoin d'être deux. Deux, et un cercle d'amis restreint. Le monde est assez fracturé pour ces deux amants qui ne veulent que s'aimer.

- Reste encore, juste un peu... Elle enfile en vitesse une petite robe fleurie sur son corps à l'odeur sucrée. - Je ne serai pas longue. Tu n'as qu'à m'attendre ici. Il n'aime pas la voir partir. Il n'a jamais aimé la voir quitter la pièce, un peu en précipitation - parce que Elain et la ponctualité font deux. - Fais attention à toi. Phrase un peu bateau qu'il dit surtout pour se rassurer. Parce qu'il sait pertinemment, Akram, que sa femme est imprudente. Qu'elle donnerait tout pour un monde meilleur et plus clément, même sa propre vie. Si la cause lui tient à cœur, Elain ne fera pas attention. Même si les flammes brûlent autour d'elle, que les vagues lui mordent le cou, elle poursuivra ses rêves. Akram esquisse un sourire un peu timide à celle qu'il aime, ce à quoi elle rétorque avec un sourire plus grand encore. Il l'admire tellement. Sa détermination surplombe le danger. Akram se dit qu'Elain est trop courageuse pour être mortelle. Parfois, il semblerait qu'elle soit réellement tombée du ciel, avec des poings d'acier et une sage intelligence. Mais tout ceci implique une naïveté et une gentillesse qui s'avèrent vulnérables dans le monde réel. Et Akram ne cesse-ra de se faire du soucis pour elle. Aujourd'hui plus qu'hier, et demain plus qu'aujourd'hui. Alors il la regarde une énième fois partir, ses pieds à elle effleurant presque le sol. Elain est toujours la même qu'au premier jour : avec son insouciance et sa désinvolture. La porte claque. Un soupir nerveux s'échappe d'entre les lèvres du Khodja. Il pense trop, pense toujours, n'agit pas, puisqu'il ne veut pas créer plus de danger qu'il n'y en a déjà. Allongé sur le lit, il remonte ses mains sur son visage pour le couvrir. Il commence à avoir peur, Akram. Parce que l'univers n'est pas sûr, oui, mais aussi et surtout parce qu'il sent Elain changée depuis quelques jours. Il la sent un peu ailleurs et un peu trop ici à la fois. Elle ne parle plus aussi souvent de la Ligue et de sa passion pour la paix. Elle semble sourire presque faussement, parfois, lorsqu'elle est fatiguée. Elle a perdu une de ses lueurs dans le regard : celle qui surplombe toutes les autres lorsqu'elle sait où elle va. Elle est désireuse, Elain. Elle a l'ambition d'un monde plus juste, et pense parvenir à tant de prouesses. Grâce à la Ligue, oui, mais aussi grâce aux autres. Sa confiance s'est accordée en de nombreuses âmes. Il y en a tant qu'Akram ne sait même plus qui il doit considérer comme loyal. Qu'est-ce qu'être loyal ? Comment savoir que celui à qui on fait face nous sera à jamais loyal ? Lorsqu'il lui pose la question, Elain lui répond simplement que "ce n'est pas parce que nos alentours sont chaotiques qu'ils ont réussi à ternir ses habitants". Et depuis ces quelques jours d'incertitude, Akram se demande pour la première fois s'il ne devrait pas ralentir sa femme, tenter de la raisonner peut-être, ou seulement lui montrer la réalité. Mais il en a peur, de cette réalité. Grâce à Elain, il a apprit à voir le soleil au lieu des flammes. Il a apprit à voir le bon côté des choses, les valeurs justes et les bonnes personnes. Mais il pense à l'heure actuelle qu'ils se sont tous les deux fait dépasser par cette dure réalité. Et pour l'instant, Akram ne fait que penser.
Les heures passent. Akram n'a pas bougé. Il a dormi un peu, pensé, re-dormi, re-pensé. Il a dessiné sur ses cahiers des dizaines de corbeaux rouges et noir, puis entre ces volatiles, le visage pâle aux cheveux dorés d'Elain. Elle ne lui a pas dit quand elle revenait, ni avec qui, ni même pourquoi elle partait. "Ne t'en fais pas pour moi, la situation est sous contrôle. Tu me fais confiance, pas vrai ?" Pas vrai. Il lui fait confiance, mais il ne fait pas confiance aux autres, surtout quand il ne sait pas qui sont ceux qui "coopèrent" avec sa femme. Une journée. Deux journées ? Peut-être davantage. Il ne sait plus. Akram et son esprit tournent en rond depuis une éternité, en attendant l'attendue. L'alcool remplace sa présence, et la cigarette prend la place de la conversation. Puis, trou noir.
- Relève-toi, Akram. Ça fait des semaines qu'on te cherche partout. Tu es au courant ? Mon ange.... Regarde dans quel état tu es. C'est sa mère qui se tient devant lui. Ses yeux sont bouffis de chagrin, mais il lui sourit tout de même. - Maman... - Tu n'as pas besoin de parler. Aissatou l'aide péniblement à se relever. D'un tempérament extrêmement calme, Akram ne sait à quoi s'attendre. - Elain ? Son cœur à lui se met à battre, à tambouriner même. - Je n'ai rien pu faire, Akram. Je suis désolée. Les yeux noirs de sa mère fixent ceux plus clairs de son fils. Dans son regard à elle, il voit de la tendresse, pour la première fois. En une fraction de seconde, il comprend. Il était dans l'incertitude depuis des semaines, et là, subitement, Akram sait. Sans comprendre, sans réaliser. Il sait. Elain ne reviendra plus.