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Réveil de Sélène, voûte céleste en déclin. Asphalte martelé promptement, ondine tenue par la hâte, volonté profonde de retrouver l’angelot adoré, délaissé temporairement aux mains d’une gouvernante bienveillante. Dextre chargée, sac débordant de denrées en tout genre. Ecrin de velours soigneusement dissimulé au cœur du maelstrom de saveurs. Offrande sacrée destinée au petit ange. Gourmette d’acier ornée subtilement d’une ballerine de Sélène, d’une initiale chère à la sibylline. Arrêt succinct, carcasse secouée, sentiment déconcertant. Billes céruléennes victimes d’une inquiétude grandissante. Portail entrouvert. L’iris vagabonde, s’étonne de trouver les outils ainsi délaissés. Démarche incertaine, appréhension, anxiété. Face à face terrifiant, cerbères acharnés, progéniture prisonnière. Incompréhension. Instinct maternel en émoi. Enchainement de questions, réponses futiles, macabres. Furie aliénée. Biens abandonnés, jetés, tigresse d’orichalque acharnée. Course arrêtée. Toile blanche, vive douleur. Chute. Le corps s’écrase lourdement contre les carreaux immaculés. Ballet d’astres, tourbillons colorés. Recherche désespérée de repères, les mains glissent, paniquent, en quête d’un point où se rattacher. Où est-elle ? Panique, désarroi. Brouillard dissipé, faciès relevé, le regard s’ancre sur ce petit corps tremblant. Etre chétif, victime innocente des erreurs d’une génitrice naïve. Non … Poitrail douloureux, carcasse branlante, se trainant sur le carrelage, en vain. Deuxième coup, plainte qui s’échappe des lippes meurtries. Préface de l’enfer. Epiderme laiteux égratigné, lame acérée traçant minutieusement un ruban carmin sur cette joue joufflue tant de fois gratifiée de tendres baisers. Flot d’injures. Spectatrice pétrifiée du bal des atrocités. Tortures enchaînées, désespoir grandissant. Poitrail rongé, hargne corrosive. Petit corps secoué, désormais inerte. Regard voilé jeté vers la sibylline mutilée. Bourdonnements, sifflement, respiration saccadée. Chute libre. Bourreaux rieurs, satisfaits délaissant le lieu du crime. Dernier effort, mère en deuil agrippant l’angelot éteint, glissant ces doigts ensanglantés dans cette chevelure flamboyante, sur ce visage parfaitement dessiné. Parfum délicieux, sucré, tant de fois appréciée, reniflé lorsque les narines se noyaient dans cette rivière ardente. Aucunes larmes. Vide, désolation. Silence brisé, comptine fredonnée, espoir d’entendre de nouveau cette voix mélodieuse, chaleureuse, ces histoires légères contées au bord du lit, de revoir ces petites billes azuréennes s’animer, de sentir ces mains potelées, satinées, ce petit cœur emplit d’insouciance, d’optimisme, d’amour. Néant.


Paysage stérile, souffle glacial. Vagabonde abîmée, condamnée aux tourments éternels. Avancer, souffrir en silence, envelopper précieusement les affres d’un passé funeste, ignorer les tourments des décisions prises, assumer. Echine droite, poitrail gonflé, jouer, porter un masque. Participer au bal des faux semblants, perdurer, survivre. Coquille vide, égoïste. Et pourtant… Esprit troublé, ravagé. Ondine désemparé lorsque le regard de Sélène se lève, lorsque Morphée l’enveloppe. Songes devenus cauchemars. Tableaux malsains, putrides. Souvenirs étiolés, rongés par ce funeste jour. Vide évident, manque féroce. Unique vestige de la joie, des délices d’antan, cette gourmette. Habitude instaurée, les doigts effleurent le précieux objet chaque soir, avant le désagréable voyage au cœur des bras de Morphée. Nuits courtes, carcasse en mouvement, mais vide. Comment ? Comment peut-on en être arrivé à ce point ? Soupire. Bonheur abandonné, Amours perdus. Moitié déchirée, en lambeaux. Fuite du passé, survire dans le présent, ne plus penser, laisser le Destin défiler. Gambettes en mouvement, sibylline chaotique, errante. Ombre voyageuse, habile, aujourd’hui réfugiée au cœur de l’austère Amarizia, à l’abri des regards indiscrets, rongée par la vengeance. Murmures des intentions impétueuses de l’Aimé. Stratège farouche. Fantôme d’une vie délaissée, mais palpitant toujours en émoi lorsque ses traits se dessinent au milieu des songes. Que faire, que dire. Tout oublier.  “L'amour est un ennemi que l'on ne peut vaincre corps-à-corps, mais seulement par la fuite. ”