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dangerous night (antwail)

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air nation
Michail Belikov
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air nation
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‹ AGE : VINGT-SEPT; un hiver rude aux neiges éternelles a accueilli le noir corbeau de ses souffles perçants.
‹ STATUT : VEUF; si la colère remplace le chagrin, le coeur réapprend à vivre dans les bras du cousin.
‹ SANG : ARGENT; kaléidoscope qui se plie et se déplie, mouvement incessant, qui enfin s'arrête sur l'argent familial.
‹ POUVOIR : AIR; qui court sur ses doigts, il le fait danser avec une maîtrise exceptionnelle, apprise en secret dans sa jeunesse.
‹ METIER : OFFICIER; la couronne déposée sur le cadavre de l'épouse, c'est le passé qui le rattrape, et le poste redevient sien.
‹ ALLEGEANCE : VALAERIS; la couronne qui fut sienne, ce nom qu'il portait - à jamais pour elle, jolie hirondelle.
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MessageSujet: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyJeu 8 Fév 2018 - 8:36

I will come to your river
and wash my soul

A l’horizon, enfin, apparue l’imprenable citadelle, toute de neige revêtue. L’hiver s’était imposé depuis quelques mois déjà, blanc manteau recouvrant les contrées d’Aerinstin de son gel brillant. Le sol craquait sous les sabots cavaliers, et les fourrures recouvraient les hommes perchés. Des volutes blanches, soufflés par les lippes bleuies, s’élevait dans les airs. « Nous sommes arrivés. » souffla l’homme qui les devançait tous, on le disait chef, à la tête de cette faction secrète. Protecteur des opprimés. Michail arpentait le pays depuis plusieurs jours, à la recherche de ceux qui auraient besoin de leur aide, de ceux qu’on appelait mutants, de ceux qu’on désirait tuer sans aucune autre raison que des paroles faussement divines. Alors la reine avait demandé au chevalier de protéger les pauvres, de les secourir, de les envoyer là où personne ne les blesserait. Plusieurs dizaines de mutants avaient déjà rejoint la Ligue, accompagnés de quelques hommes armés. Le reste de la faction se tenait aux côtés de Michail, suivant le moindre de ses ordres. Officier à la tête d’une branche de l’armée, un rêve de gloire qui s’enracinait peu à peu dans la réalité. Bientôt, il dirigerait bien plus d’hommes.

Mais alors que la citadelle de son enfance se rapprochait, il sentit le poids des responsabilités s’alléger de ses épaules : l’homme rentrait chez lui, parmi les siens, et rien ne pouvait briser la magie de ce retour. Il savait qu’on l’y attendait, parents et frère, amères relations. Il y avait aussi l’oncle et la tante, presqu’étrangers, et le cousin. Il perdit ses mots à la seule pensée d’Antwan, impossible pour lui de qualifier la relation qu’il entretenait avec le jeune brun. Si similaires, fils d’un même destin : mais l’un s’était brisé, et Michail devait poursuivre, seul. Les portes de Dierinung s’ouvrirent à eux, et les écuyers accoururent de toutes parts. Un jeune roux s’approcha de Michail, au service de la famille Belikov depuis de nombreuses années, bronze loyal et vassal des belliqueux. Retirant ses pieds des étriers, et passant sa jambe par-dessus le cheval, Michail sauta à terre dans un nuage de poussière. « Il est là ? » Premiers mots qu’il prononça, froidement, distancement. Gideon. L’adiutor disparu, libéré de ses fonctions par le maitre lui-même quelques mois plus tôt. Ami profané qui lui manquait cruellement, mais jamais Michail n’aurait avoué les sentiments qui agitaient son cœur. « Non, monseigneur. » Le jeune garçon s’appliqua déjà à attraper les rênes de l’étalon que lui tendit le soldat, alors que ce dernier venait caresser le museau de la bête. « Tu as de ses nouvelles ? » « Aucune. » Le regard clair se perdit sur l’horizon de pierre blanche, cadre dont jamais il ne saurait se libérer. Une prison de son enfance vers laquelle il ne cessait de revenir. Une demeure qu’il ne pouvait abandonner, malgré le fait qu’il n’en soit pas l’héritier. « Occupe-toi de Gallamist. » Les pas commencèrent à l’amener au loin, mais Michail se retourna avant de disparaitre. « Oh et préviens mon père que je suis arrivé, mais fatigué. Je le verrai demain. » Pas l’envie, ni la motivation, et encore moins l’énergie, de retrouver le paternel froid. Abraxas attendra, Michail ne désirait que retrouver la chambre qui était sienne, et se reposer de ce long voyage. Et que le père gronde, il affrontera l’orage en temps voulu. Mais pour le moment, il disparut dans l’aile ouest.

La chambre était toujours la même. Une grande couche faisait face à la fenêtre dont la luminosité se répercutait sur les murs de pierres apparentes. Ça et là, des meubles (armoires, tables) et autres objets de décorations choisis par les ancêtres décédés. Là régnait le calme, parmi le silence et l’absence. Il fit un tour de la pièce avant de venir s’asseoir sur le lit, et d’ôter aussitôt ses chausses de cavalier. La première chaussure tomba mollement sur le sol, et la porte s’entrouvrit silencieusement. Relevant la tête, Michail découvrit la silhouette malingre du cousin. « Antwan. » Souffle échappé d’entre ses lippes dont le sourire fleuri faisait écho au plaisir que la vision lui procurait. Il lâcha sa deuxième chaussure et se releva, bien qu’éreinté par les nombreuses heures de cavalerie, s’approchant doucement du corps du jeune homme, un rictus sibyllin sur le visage. « Comment vas-tu, cousin ? » Et les doigts déjà glissèrent contre le cou porcelaine, caresse bien trop rapide pour être appréciée. Un jeu qu’il maitrisait déjà depuis plusieurs mois, une obsession qu’il avait remarquée et dont il comptait profiter. Le sourire s’élargit, le loup tourna autour de l’agneau, venant se positionner dans son dos. Ses doigts se posèrent sur les épaules frêles, sur lesquelles les pouces commencèrent, doucement, à dessiner de grands ronds.
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Antwan Belikov
Antwan Belikov
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‹ AGE : il a vingt trois ans, mais le visage osseux, ainsi que ses yeux sombres ourlés de cernes violacés, le vieillissent de quelques années supplémentaire.
‹ STATUT : l’amour est une faiblesse dont il est la triste victime depuis bien longtemps. le coeur n’a jamais failli, c’est le même homme qui suscite chez lui tressaillements et affection profonde, obsessionnelle. les maux du passé ne sauraient entacher la pureté du sentiment.
‹ SANG : son sang miroite d'un bel éclat, il est insaisissable, il est argent.
‹ POUVOIR : maître de l’air, il détenait autrefois un pouvoir puissant qui faisait l’admiration des plus âgés. désormais tout effort réclame trop d’énergie à la carcasse fragilisée, alors il ne l’utilise presque plus, préférant se soustraire à ces combats, qui, d’antan, faisaient briller son oeil d’un éclat vif.
‹ METIER : son vœu le plus cher était de rejoindre la glorieuse armée de l'air en tant que soldat, à l'instar de tout les membres de sa famille avant lui. malheureusement blessé à la jambe, le rêve s'effrite et disparait progressivement. à présent il tente de maintenir le statut, mais n'en a guère plus les moyens à cause de sa condition physique déplorable.
‹ ALLEGEANCE : aeristin est sa patrie, celle qui l'a vu naitre et grandir - jamais il ne la quitterait. après avoir suivi achille, il soutient à présent andrei bolkonsky dont il apprécie les idées et les valeurs ; il n'a que faire de la reine actuelle, pourtant légitime.
‹ ADIUTOR : un orange, parti depuis longtemps, c’est seul qu’il se débrouille.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyJeu 8 Fév 2018 - 17:22

Une brise s’était levée, les pans du rideau claquaient bruyamment sur la pierre brute. Le passage du temps lui faisait l’effet d’un poids qui ne cessait d’augmenter. Cruelle douleur que celle d’attendre le retour de son cousin annoncé pour aujourd’hui. Des jours et des jours – quasiment une éternité - il avait espéré entendre cette nouvelle de la bouche de la fratrie, et quand enfin, elle avait été prononcée la veille au soir, son cœur s’était irrémédiablement emporté. ‘Il sera là demain’. La nuit n’en avait été que plus exquise, bercée de fantasmes dorés, dont il gardait encore les traces sur son corps agonisant. ‘Que personne ne me dérange’ avait-il dit à l’assemblée, avant de s’enfermer dans ses appartements, desquels il ne daignerait sortir que lorsqu’IL serait là. Un énième caprice que tous avaient paru accepter, imaginant sans doute que sa jambe mutilée le faisait souffrir. Et c’était vrai, sans l’être tout à fait. Il y avait des douleurs plus profondes que celles-ci, des douleurs plus profanes et lancinantes. De celles qu’il aurait préféré étouffer dans son oreiller, sans être toutefois certain de vouloir réellement s’en débarrasser. Dure bataille que menait son âme à l’instant même où le tumulte extérieur remontait à la hauteur de ses fenêtres. Il étouffa un soupir satisfait. Michail. Son Michail devait être arrivé, et il ne connaissait désormais qu’une seule issue valable pour calmer ses ardeurs. Antwan se tira de ses nombreuses couvertures – ses carences l’avaient rendu frileux – et il s’habilla à la hâte de vêtements abandonnés sur sa chaise. Il était si pressé qu’il dû s’y reprendre à deux fois pour mettre convenablement sa chemise qui pendait lâchement sur ses maigres épaules. Le jeune Belikov quitta la pièce en silence. Il s’obligea à marcher calmement, d’un air décidé (malgré sa jambe abimée) comme un serviteur que son maitre aurait envoyé s’acquitter d’une commission. Son esprit était rempli d’images de son cousin, empruntes de souvenirs d’adolescents entremêlés à des songes opiacés de son imaginaire prolifique. Il repoussa aussitôt ces pensées et réfléchit plutôt à l’itinéraire qu’il emprunterait pour traverser la citadelle, afin qu’on ne le prit pas en flagrant délit. Pourquoi de telles précautions dignes d’un homme marié allant rejoindre sa maitresse ? Il l’ignorait, mais une partie de lui avait l’horrible sensation de se rendre complice d’un crime barbare. Ce qui était parfaitement stupide, car il n’avait à priori rien à se reprocher à l’exception de désirs secrets que lui seul connaissait. Enfin, lui et Rhy. Mais on ne pouvait pas accuser un homme pour ses chimères, pas encore du moins. Et pour l’heure il n’était qu’un cousin allant s’enquérir d’un membre de sa famille suite à des semaines de patrouille éreintantes.  

Lorsqu’il arriva devant la chambre de Michail, il hésita, chancelant. Était-il seulement de l’autre côté de la porte, ou était-il parti voir Abraxas comme l’aurait voulu les usages ? Il tenta sa chance, et poussa le battant en bois sans toutefois s’annoncer, le cœur au bord de l’implosion. Il se sentait à vif, comme si une carapace protectrice venait de lui être ôtée dévoilant au grand jour, ses vices les plus noirs. Une ombre à son ombre. L’intérieur baignait dans une lueur brillante presque aveuglante, qui soulignait l’austérité de l’ameublement, composé de peu de possessions. L’antre d’un officier que la présence appelait régulièrement au front. Dans ses habits militaires, Michail avait une aura différente, indescriptible mais qu’il n’appelait qu’à rejoindre. Ils s’observèrent sans ciller ; derrière son cousin, les rayons du soleil se concentraient sur le lit. « Antwan. » Y avait-il plus belle mélodie que son prénom murmuré entre ces lèvres qu’il avait embrassé tant de fois dans ses rêves jusqu’à en avoir mal ? Non, hormis peut-être le bruit de ses gémissements lorsque leurs peaux se rencontraient avec ferveur. Un rêve également, dont la simple évocation même fugace le fit rougir. Immobile, il ne bougea pas lorsque l’ainé s’approcha de lui avec un sourire énigmatique sur ses traits fatigués. « Comment vas-tu, cousin ? » La flèche nette et précise vint directement se ficher dans son abdomen. Cousin. Pourquoi avait-il eu besoin de le répéter, d’affirmer de vive voix ce lien de parenté qui les unissait ? Mais les mots se perdaient déjà dans le toucher délicat d’une caresse sur son cou. Ses poings se serrèrent par réflexe contre ses hanches, et ses paupières tressaillirent comme les battements précipités d’ailes de papillon. Antwan n’était plus rien, juste un vulgaire objet à sa merci. Lorsque Michail se glissa dans son dos pour agripper faiblement ses épaules, il se laissa aller à la pression de ses mains : c’était l’acte d’un homme qui fermait les yeux devant un gouffre. Et c’était sans lui rappeler ses rêveries éphémères, sauf que cette fois ci, il était bel et bien éveillé. « Tu m’as manqué. Nos conversations m’ont manqué. » Ton corps, tes lèvres, tes doigts m’ont manqué se retint-il d’ajouter dans un frisson. Ces rapprochements n’étaient pas uniquement le fruit de son imagination, il y en avait eu à plusieurs reprises par le passé, de quoi alimenter ses désirs pour le restant de ses jours. Michail savait-il cependant ? Était-il consciente de la torture qu’il lui faisait subir ? De l’ampleur des flammes qui le consumaient tout entier quand ils se rencontraient ? Il n’aurait pu ni le confirmer ou le réfuter clairement, le chevalier ne se trahissait jamais et avait le don pour s’arrêter à la seconde où la tension atteignait un point de non-retour. Le mois dernier Antwan était reparti écarlate de leur banale entrevue sur idiomes stratégiques, à cause de la bosse dans son pantalon. Outre parler tactiques, il y avait eu des échanges plus physiques, suffisamment pour le faire chavirer et agiter son bas ventre d’une douloureuse agitation. C’était plus qu’il n’en pouvait supporter.  

Il se défit de son emprise et se retourna face à son Michail. Toute l’attention de Antwan était rivée au visage d’ivoire et d’or de son cousin à la peau si fine, aux dernières cicatrices de ses combats ; ceux qu’il menait pour lui, pour eux. Le regard du jeune sot dériva lentement, petit à petit, sur la ligne de son menton, ses prunelles inflexibles, la courbe de sa pommette et descendit vers sa bouche. Sa bouche belle et vicieuse. L’élan de luxure qui s’empara de lui fut un tremblement puissant, donnant vie à son sang et sa chair, dominant son esprit. « Tu as l’air fatigué. » Remarqua-t-il dans un murmure en relevant la tête – il était plus chétif – tandis que d’un geste faussement contrôlé, il effleura sa joue, avant de glisser ses doigts dans ses cheveux blonds pour le tirer vers lui. Ils étaient si proches maintenant, que leurs souffles se liaient ensemble et chatouillaient son torse visible sous les boutons mal fermés. Il brisa le peu de distance qui restait en passant ses bras autour de sa nuque, et se hissa maladroitement. Il céda à la tentation, et sa langue curieuse frôla les lèvres entrouvertes de Michail, s’en amusa timidement, même si la scène n’était que le passage à l’acte de ses obsessions intimes. Il s’écarta à regret, déjà en manque de cet oxygène trop vite arraché. « Je suis désolé. » Un chuchotement lourd de sens, alors qu’il se dégageait, à moitié sonné par sa bravoure désillusionnée. Triste pantin au bout de ficelles invisibles.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyDim 18 Fév 2018 - 22:18

La journée avait déjà été longue, et la chevauchée du pays n’avait qu’ajouter à sa fatigue. Il y avait aussi le refus de se confronter au père, l’ignorance qu’il portait au reste de la maisonnée : un mélange amer qui se faisait en son âme, aussitôt dissipé par la lumière entrante ; Antwan s’offrait à lui dans son mutisme légendaire, et Michail ne put que lui offrir un large sourire à son arrivée. Le seul à porter son nom qui ne lui était pas fastidieux, le seul qu’il appréciait et tolérait à ses côtés, si ce n’est qu’il cherchait sa compagnie. Une ombre autrefois similaire, un homme qu’on disait suivre ses pas, une âme détruite par son propre reflet. Le fatum glorieux ne reposait plus que sur ses épaules à lui, l’officier Belikov, tandis que l’oisillon n’observait plus que de loin les jeux qui auraient dû être siens. Et Michail ne se sentait que plus proche de ce cousin bafoué, de par ce destin brisé qu’il portait seul, de par cette aversion et cette rancœur qu’il partageait pour le même jeune. Erwin n’était encore qu’un gamin, capricieux et colérique, qui agaçait le frère aîné. Fratrie brisée par les caractères des uns comme des autres, et Rayna, Michail et Erwin ne partageaient plus les rires, ni aucun autre point en commun.

Alors il y avait Antwan. Le cousin. Le double. Le déchu.
Celui qui lui arrachait les sourires, et qui gagnait sa sympathie. Belikov amical et chercheur de sa compagnie. Le seul méritant. Le seul qui se souciait encore de lui, qui espérait sa gloire, qui attendait ses retours. Il avait remarqué les regards langoureux, les mains tremblantes, les sorties précipitées ; tout cela ne lui arrachait que d’avantages de sourire. Des réactions qui ne pouvaient que booster son ego déjà bien grand, et qui lui faisaient un grand bien lorsque le soldat se décidait de rentrer chez les siens. Il en jouait l’affreux, et ce soir ne serait d’aucune différence : Antwan, le regard brillant, se trouvait dans son lieu intime.
Déjà le loup s’approcha, et les caresses s’envolèrent : le cou qu’effleurèrent ses doigts, les frissons qu’ils laissèrent sur l’épiderme fragile ; tourna-t-il autour de lui et déposa-t-il ses mains sur les épaules rabaissés, massant les nerfs malmenés. Le contact se fit chaleureux, Michail s’appliquant à appliquer pression apaisante et douces caresses sur le corps frêle du cousin, qu’il sentit aussitôt s’abandonner entre ses mains. Nouveau sourire qui s’échappa du visage, et le regard pétilla de cette puissance singulière. « Tu m’as manqué. Nos conversations m’ont manqué. » Souffle qui s’envola si haut qu’il fut impossible de le rattraper par la suite, ni même de se souvenir des intonations dissimulées. Déjà le passé les rattrapait, et effaçait les moments intimes que bientôt ils oublieront. Alors, Michail, pour s’imprégner des moments volés, se fit l’écho du jeune garçon, de sa voix posée et grave. « Tu devrais venir à Volastar, l’ennui s’y fait plus rare. » Capitale du royaume aérien, et capitale des plaisirs. Les fêtes des Valaeris retentissent encore dans ses souvenirs plus jeunes, là où paraissait un Michail séducteur et imbibé - ce  qui ne changeait pas réellement du présent dans lequel ils étaient plongés. Des soirées dans laquelle il admirait, de loin, l’héritière régente, désormais devenue reine. De loin, toujours de loin, puisqu’elle ne pouvait être sienne.

Et le garçon s’échappa de ses bras, pirouette qui le retourna face à lui, leurs visages si près l’un de l’autre que les souffles se mélangeaient, chaudes haleines se répercutant sur les visages porcelaines. Il fixait Antwan de son regard clair, le regardait l’observer, effet miroir qui ne pouvait que lui plaire. Il sentit les prunelles glisser le long de sa mâchoire, avides de découvrir les traits éreintés, avides de s’emparer, dans leurs étreintes silencieuses, de ce visage interdit. Et il souriait Michail, il aimait voir ce regard pétiller, il aimait sentir son ego gonfler face à l’imagination transcendante du cadet ; il ne disait rien, mais le soldat devinait toutes les pensées au travers du miroir sombre de son regard. « Tu as l’air fatigué. » Les lèvres s’éclatent en un rire léger, léger pouffement sarcastique qui ne passa pas inaperçu, aussitôt suivi par sa déclaration. « On a chevauché toute la journée, crois-moi ça fatigue des hommes. » Banalité commune qui, il n’en douta pas, claironna mystiquement aux oreilles du cadet, appuyée par la main qui se posa sur la joue de l’aîné, avant de glisser dans la chevelure claire - héritée de la mère - et d’attirer le géant à lui. Frissons étonnants qui parcoururent l’échine du blond alors qu’il voyait le visage rougi du cousin se rapprocher du sien - sans pour autant comprendre. La main devint bras qui se percha derrière sa nuque, annihilant les derniers centimètres, et avant que Michail ne réagisse, Antwan déliait sa langue friponne, goûtant au terrible pêché que représentait les lippes, légèrement entrouvertes, du cousin glorieux. Et déjà s’effaçait-il, le diable disparaissant de leurs épaules, lui-même qui avait béni ce geste maladroit. Antwan s’écarta, les lèvres murmurant ses excuses maladroites, le regard voilé de ses faux regrets, grisé par le geste imprévu. « Qu’est-ce que c’était que ça ? » Et Michail de le rattraper, enroulant ses doigts guerriers autour de son frêle poignet, l’encageant de son emprise et de son regard curieux. Il se rapprocha de lui, faisant lui-même le déplacement de quelques pas, prolongeant son regard dans l’abysse sombre d’Antwan. « Tu me caches des choses, Antwan. » Murmure grave et appuyé par les mains qui viennent encadrer le visage enfantin, arrêtant le Temps pour un moment volé, une intimité dérobée à l’univers entier - un pêché que lui soufflait le démon rouge entre deux regards langoureux.

« Comment va ta blessure ? Tu sembles avoir meilleure allure. » Le commun les frappa de plein fouet, sentence affreuse prononcée par Michail lui-même alors qu’il faisait rouler ses doigts sur le corps éclopé. De sa paume, il poussa le cadet jusque sur le lit, où il le força à s’asseoir, tandis que s’agenouillant, il s’emparait de la jambe lésée, remontant le tissu du pantalon pour dévoiler à tous deux la blessure terrible. Les doigts glissèrent le long de la peau, délicatement remontant l’épiderme, s’arrêtant sur les cicatrices malignes qu’ils caressèrent du bout de leurs phalanges.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyLun 19 Fév 2018 - 17:51

Volastar… Les mots s’étaient perdus dans l’exiguïté de la pièce, tout juste entaché du battement sourd de son cœur qui hurlait d’une agonie vibrante. Tant de rêves arrachés que le jeune soldat éclopé devait vivre à travers les yeux bleus de son ainé. Enchainé à Dierinung auprès de sa famille, il avait pour interdiction de quitter la citadelle avant prompte rétablissement, lequel hélas, tardait à venir. Alors, pour tromper le temps et cette morosité poisseuse collée à ses vêtements, Antwan s’était mis à poursuivre des chimères inaccessibles nourries par une imagination fertile, et toutes – presque toutes – concernaient son cher cousin (et quelle haine pour cet attribut! quelle haine !). Pourquoi lui, s’était-il interrogé plusieurs fois à la nuit tombée ? Pourquoi diable Michail hantait-il ses rêves, et ses fantasmes obscurs ? Pourquoi les dieux jouaient-ils de la sorte de son affection ? Était-ce uniquement une histoire de destinée brisée ou davantage ? Le second certainement car à ce pas de deux, Antwan ne jouait pas seul. Comment faire fi de ces mains faussement innocentes qui s’attardaient en caresses éphémères sur sa chair, de ces regards en coin explicites, et parfois, ces phrases où il décelait une intonation particulière à son attention. Ce qui agitait son âme et son corps tout en entier n’était pas seulement le fruit d’une obsession grandissante de sa part, non, on l’y avait aidé doucement et surement. Et voilà que maintenant il se tenait dans la chambre de son bourreau, à osciller sur ses jambes abimées, tel un enfant pris au piège. Michail et lui n’avaient pas d’avenir - pas dans ce monde – il le reconnaissait et pourtant il n’avait pas pu se retenir. Il  avait cédé à ses pulsions en venant gouter à ses lèvres entrouvertes du bout de sa langue curieuse. Pas un réel baiser, tout juste les prémices, mais suffisamment pour avoir son gout – poussière mêlée aux effluves d’alcool - dans la bouche. Si peu en comparaison de ce qu’il voulait, à tel point qu’un bruit plaintif d’animal blessé s’échappa de sa gorge sans qu’il ne puisse le retenir. Par crainte de représailles déplaisantes, il s’éloigna vers la fenêtre, où les ombres s’allongeaient sous le soleil levant. L’horizon était nébuleux – comme ses pensées -, mais on distinguait vaguement au loin les tourelles des remparts flanquée le long de champs dorés et construites pour soutenir les sièges les plus féroces. « Qu’est-ce que c’était que ça ? » Des doigts inquisiteurs s’enroulèrent sur ses frêles poignets, et il fut forcé de se retourner, à la merci – totale – de l’ainé qui le fixait, sans dégout mais d’un air qu’il n’arrivait point à déchiffrer. « Tu me caches des choses, Antwan. » Les paumes puissantes de l’officier vinrent encadrer ses joues parées de rouge par l’extase de le sentir si proche. Sa respiration se bloqua dans sa poitrine, et il dût en appeler à toutes ses forces pour s’interdire de venir l’embrasser. La chaleur se fit plus insistante, plus pressante également dans son bas ventre, et pour l’oublier, ses ongles dessinèrent des demies lunes dans sa peau tendre. « Ce n’était rien je crains avoir trop bu. » Ivre ça il l’était, mais pas à cause de la boisson, Antwan était ivre de sa présence. « Non je ne te cache rien, je suis juste fatigué. » Ou tout, pour être exact, je te cache tout songea-t-il, en se détournant, incapable d’ôter de son inconscient les images qui se succédaient dans son esprit, et qui s’entremêlaient avec celles d’une réalité insipide.

Les fumées opiacées de ses réminiscences furent brutalement interrompues par le son de la voix dure de son cousin, véritable coup de poignard en plein abdomen. « Comment va ta blessure ? Tu sembles avoir meilleure allure. » Sa blessure… Horrible gangrène qui se propageait partout sur son épiderme, et le rendait faible, affable, hargneux même. Du compagnon plaisant et joyeux, il n’en était plus que l’ombre noire irascible. Et lorsqu’il arrivait enfin qu’il occulta la maudite plaie, elle se rappelait à lui, par gerbes de douleur continue ou des remarques polies de ses proches. Il chancela légèrement sous l’impact de ces paroles, conscient à nouveau qu’il ne serait plus jamais celui dont tous avaient fait les éloges autrefois. Éternellement on se rappellerait de lui comme le Belikov cassé. Était-ce ça justement que Michail voyait lorsqu’il l’observait ? À quoi pensait-il vraiment derrière ses cils blonds ? Il aurait tout donné pour le savoir, le diable pouvait bien prendre son âme et ses possessions, il s’en contrefichait. Si seulement il eut été comme son adiutor Rhy, doté de capacités lui permettant de sonder ses interlocuteurs…. Mais Antwan n’était qu’un simple maitre de l’air au pouvoir hésitant, victime de ses sautes d’humeur. Il soupira, s’apprêtant à répondre un énième mensonge de son cru –  sa pitié ne l’intéressait pas -, mais le soldat le devança pour le guider vers le lit, où il fut contraint de s’asseoir. Sans rien dire, le souffle court, il le fixa se mettre à genoux devant lui – combien de fois avait-il prié pour que ça arrive un jour -, et ne le quitta pas de ses orbes sombres. L’ainé s’empara du mollet meurtri, et il frissonna, les sens en alerte, une grimace crispant ses muscles endoloris. Les doigts de l’homme effleurèrent la chair et touchèrent les cicatrices monstrueuses aux couleurs froides. Un peu de bleu mêlé au violet, et au rouge du sang séché, un affreux spectacle qu’il avait appris à affectionner au fil des semaines ; un spectacle qui ne rebutait pas Michail visiblement. « Erwin… Erwin n’y est pas allé de main morte. Les médecins ne sont pas optimistes. » Lâcha-t-il au terme d’un effort couteux, en repensant à la lance qui s’enfonçait dans le tissus, et la chute sur le sol. La vengeance n’en serait que terrible, à ne pas en douter et les pièces de l’échiquier avançaient et bougeaient au fil de l’eau. Plus tard toutefois, bien plus tard.

Antwan, s’abandonna à l’instant, bercé par la familiarité des gestes tendres de son cousin. À l’intérieur, il bouillonnait d’impatience et de désir, qu’il tâchait de museler du mieux qu’il pouvait, hélas son corps commençait à le trahir. Il se redressa mollement, sa chemise était entrouverte, ses cheveux tombés, et son expression équivoque. Ses doigts vinrent se poser sur les siens, et ils se toisèrent dans le calme de la chambre. Comme si tout était dit, comme si chacun savait mais qu’il refusait de l’admettre. Les secondes s’écoulèrent insensibles à ces deux pêcheurs, protégés par l’intimité d’une alcôve. Plutôt que de se pencher, l’estropié porta la main à ses lèvres, hésita, et fit délicatement glisser ses doigts contre sa langue. Douce communion de sa salive et de sa peau qui lui faisait perdre la tête. Fou, il l’était. « Michail…. » Murmura-t-il fiévreusement dans une supplique – proche du gémissement -, tandis qu’il faisait glisser la paume de Michail le long de son torse, et plus bas, là où tout était clair et limpide. « Embrasse-moi. S’il te plait. » Le garçon se mit à rougir ardemment d’avoir franchi la dernière limite qui changerait définitivement le cours de leur relation si Michail suppléait à sa demande. Ses mots flottèrent dans un silence embarrassé. Ils lui avaient échappé, mais il ne regrettait pas, et ne se contenterait pas d’en rester là : la tension pulsait de tout son être.
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Michail Belikov
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‹ STATUT : VEUF; si la colère remplace le chagrin, le coeur réapprend à vivre dans les bras du cousin.
‹ SANG : ARGENT; kaléidoscope qui se plie et se déplie, mouvement incessant, qui enfin s'arrête sur l'argent familial.
‹ POUVOIR : AIR; qui court sur ses doigts, il le fait danser avec une maîtrise exceptionnelle, apprise en secret dans sa jeunesse.
‹ METIER : OFFICIER; la couronne déposée sur le cadavre de l'épouse, c'est le passé qui le rattrape, et le poste redevient sien.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyJeu 1 Mar 2018 - 18:37

Je crains avoir trop bu. Je suis juste fatigué. Calomnies et simulacres qui tentaient de cacher, à demi-mots, les vérités assassines. Celles qu’il n’avait point envie d’énoncer, celles qu’il ne voulait pas entendre : continuer à nager dans l’innocence ravissante, tout en testant les limites de son bain, narguant le soleil de son sourire éclatant. Ses doigts se tendaient et caressaient les ondines, sans jamais réellement dépasser les frontières de l’indécent. C’était des paumes attardées, des lèvres fleuries, des regards attardés – mais sans jamais plonger dans l’obscène immoral. C’était tout un jeu, une sarabande toute en mesure, contrôlée et maitrisée minutieusement : les doigts qui s’enroulèrent autour du poignet, les questionnements naïfs alors même que l’évidence l’éblouissait, les sourires innocents, les mains entreprenantes qui glissaient le long du membre estropié. Cadence infernale, il jouait avec le feu, et n’en était que plus au courant.

Horreur et déshonneur : la jambe malmenée par le cadet, fruit d’un orgueil et d’une ire mal placée. Ses ongles s’aventuraient sur la peau abîmée, dans une délicate curiosité ; fascination morbide pour les lézardes ivoirines striant la peau ecchymosée. Le quinquet métallique frôlait le funeste spectacle intangible, ne pouvant se séparer de cette vision arrachée au déchu – comme-là était la féerie inespérée que certains recherchent toute une vie durant. Il se sentait épié, de par les frémissements que lui glissaient les encriers du cadet, tout comme lui épiait dans un silence monastique l’épiderme aux couleurs extravasées. Et les roulements de ses phalanges sur les mollets, et les glissades des ongles le long de la peau, et les caresses qui n’en étaient pas réellement. Pas encore. « Erwin… Erwin n’y est pas allé de main morte. Les médecins ne sont pas optimistes. » Le regard ne faiblit pas, ni ne se détourna, alors que les paumes s’appliquaient encore contre la chair froide, délicate curiosité devenant frictions accentuées. Il ne releva pas la tête, n’eut aucun signe de mécontentement sur le visage – impassible. Il ne répondit pas de suite non plus, laissa le silence flotter sur les brises translucides de la chambre intime. C’était comme s’il n’avait pas entendu la lamentation du cousin. Comme si la contemplation morbide dans laquelle il s’était plongé l’avait coupé du reste du monde et qu’il se retrouvait, solitaire, avec l’objet de ses attentions pour seul face à face. Cette terrible vision du gamin si prometteur, désormais misérable maudit au destin détruit – il n’était plus rien, si ce n’était cette blessure. « Je le suis. N’oublie pas ce que je t’ai promis. » Enfin les orbes se dévoilèrent, l’iris roula jusqu’au sommet de sa cage ; entrechoc brutal avec ce visage rougi, ce corps enfiévré – fou était celui qui se refusait à le voir.

Et les doigts s’entremêlèrent, symphonie atemporelle qui égrenait le grand maître de par le silence religieux dans lequel se croisaient leurs regards assourdis : ils venaient d’entrer dans une dimension parallèle, une dimension à eux, rien qu’à eux. Il s’abandonnait, l’officier, au regard jeté, aux abysses profonds qui le magnétisaient, l’ensorcelaient, lui faisaient perdre toute notion de bon sens, de ce qui était juste, de ce qui ne l’était pas. Alors, quand Antwan lui déroba sa paume, il se laissa faire, incapable de réagir. Les lippes se refermèrent contre ses doigts, les emprisonnant dans ce gouffre sombre et humide, en compagnie du monstre de chair aux pulsions sybarites : l’attaque de l’affreux lui arracha un gémissement, sans qu’il ne comprenne réellement d’où sortait l’harmonie rauque battant l’émail. « Michail… » Son de la libération, qui ne le sortit pourtant pas de cette transe dans laquelle il semblait plongé, n’enserrant que d’avantage l’emprise du cadet fiévreux sur l’ainé à l’esprit embrouillé par les passions naissantes. Et la main tomba, roula le long du corps offert, dessinant son passage contre l’épiderme porcelaine. On la déposa sur les sommets passionnels, et elle n’en bougea pas, sentant pulser sous son épiderme les désirs de chaleur, les fantasmes de pêchés. « Embrasse-moi. S’il te plait. » Il cligna des yeux, se délaissant qu’une demi-seconde, avant de se pencher sur le corps allongé et de placer son visage à quelques centimètres de celui, rougi et haletant, qui le désirait tant. « Je ne sais pas si — » qu’il souffla, avant de s’interrompre de lui-même, et de profaner les lèvres entrouvertes, suppliantes. Leur souffle ne fit qu’un, et les langues choquèrent contre la barrière d’émail, folles d’enfin se découvrir. Il positionna son bras de façon à se soutenir au-dessus du corps, de par sa paume posée à plat sur la couche – l’autre main, elle, n’avait pas bougé et se mouvait sur les monts Désir, à la terre ferme d’une ardeur non-dissimulée, dont les raideurs des versants se faisaient de plus en plus sentir. Elle avait instinctivement trouvé sa place, les doigts s’emparant du priape à travers le tissu étriqué, dominant les sommets de son toucher avide.

Ce fut pour reprendre son souffle qu’il se sépara du visage haletant, et déposa son regard sur les joues rouges : il réalisa alors l’égarement qu’il venait d’accomplir. Néanmoins, ses lèvres, empourprées par l’étreinte, se fleurirent joliment, et les yeux rirent sous les mèches blondes. Michail se laissa choir, roulant sur le côté, et se retrouva lui aussi allongé sur le matelas. Il fixa le plafond, laissa échapper un rire, satisfaction ou stupéfaction. L’indécent avait été franchi, mais peut-être n’était-il pas trop tard pour le nageur : il pouvait encore retrouver les bains de l’innocence – ce n’était qu’un jeu, après tout, un amusement qu’il maîtrisait. Tournant la tête, il abandonna ses orbes à l’errance, s’abandonna à l’observer lui, et son visage rougi, et sa respiration saccadée. La main se leva alors, dans un automatisme étonnant, et s’abandonna elle aussi, à errer sur la peau du second – Michail se redressant alors quelque peu pour cela. Comme elle avait exploré le mollet, elle s’aventurait désormais sur le torse découvert, l’albâtre jeunot, les souvenirs de muscles aguerris. Ce n’était qu’un murmure touché, une caresse du bout de doigts, des chatouilles par milliers. Et le silence était assourdissant, pendant que les caresses s’accentuaient : voulant tout, et rien, dire en même temps.
Il avait cédé. Il avait perdu la main. Il s’en mordrait les doigts.
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‹ AGE : il a vingt trois ans, mais le visage osseux, ainsi que ses yeux sombres ourlés de cernes violacés, le vieillissent de quelques années supplémentaire.
‹ STATUT : l’amour est une faiblesse dont il est la triste victime depuis bien longtemps. le coeur n’a jamais failli, c’est le même homme qui suscite chez lui tressaillements et affection profonde, obsessionnelle. les maux du passé ne sauraient entacher la pureté du sentiment.
‹ SANG : son sang miroite d'un bel éclat, il est insaisissable, il est argent.
‹ POUVOIR : maître de l’air, il détenait autrefois un pouvoir puissant qui faisait l’admiration des plus âgés. désormais tout effort réclame trop d’énergie à la carcasse fragilisée, alors il ne l’utilise presque plus, préférant se soustraire à ces combats, qui, d’antan, faisaient briller son oeil d’un éclat vif.
‹ METIER : son vœu le plus cher était de rejoindre la glorieuse armée de l'air en tant que soldat, à l'instar de tout les membres de sa famille avant lui. malheureusement blessé à la jambe, le rêve s'effrite et disparait progressivement. à présent il tente de maintenir le statut, mais n'en a guère plus les moyens à cause de sa condition physique déplorable.
‹ ALLEGEANCE : aeristin est sa patrie, celle qui l'a vu naitre et grandir - jamais il ne la quitterait. après avoir suivi achille, il soutient à présent andrei bolkonsky dont il apprécie les idées et les valeurs ; il n'a que faire de la reine actuelle, pourtant légitime.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyDim 4 Mar 2018 - 18:02

Quel âge avait-il lorsque les regards innocents s’étaient mués en œillades appuyées ? Quand avait-il réalisé la portée de ces sentiments obscènes qui serraient son ventre dans un étau puissant à chaque fois qu’il le cherchait du regard ?

Il avait beau retourner la question dans tout les sens, il ne trouvait nulle réponse satisfaisante. Alors peut être que c’était là depuis toujours, une jolie fleur aux reflets mordorés dont les racines devenaient plus longues et plus profondes chaque jour. Et maintenant que les graines étaient semées, que devait-il faire des bourgeons naissant : les accepter ou les renier ? La première alternative était pure folie, quant à la seconde…. comment pouvait il étouffer pareil floraison de son palpitant et de son esprit ? Maintenant qu’il y avait gouté par des gestes égarés et des sous entendus nimbés de malice, le retour en arrière paraissait peu probable voir impossible. Antwan était condamné. Une victime d’un alignement hasardeux des astres, d’un mécontentement des dieux, qui, depuis longtemps s’activaient dans son dos, en agitant les fils distendus de la marionnette brisée. De l’amour pensait-il ; de la honte lui répondaient ils en échos dans un grondement sourd réprobateur. Mais l’enfant n’écoutait plus, il n’en faisait qu’à sa tête, se fichant bien des recommandations chuchotées à l’oreille les soirs de pleine lune. Il n’avait jamais été aussi vivant que ces derniers jours à guetter le retour de l’être tant convoité. Celui la même qui occupait ses rêves, mouillait ses draps et faisait naitre des douleurs monstrueuses dans son estomac affamé.

Mais Michail était là désormais. Pas juste là, mais à lui, au moins pour ce soir. Eux deux dans le silence d’une chambre à rattraper les heures perdues, et échanger des mots quelconques, lorsque chacun était conscient qu’il y avait plus que ça derrière les phrases lancées à l’arrachée. Il y avait ces promesses connues et méconnues, et ce fol espoir cruel qui maintenait en vie le plus jeune, faisant pétiller ses orbes noires d’un feu vif et ondoyant. Comme à cet instant où leurs mains s’étaient entremêlées. D’un geste habile - et incroyablement contenu malgré l’avidité apparente - Antwan les avait fait descendre de ce gouffre sombre humide, à son torse lisse, pour achever sa course sur son entrejambe où l’imagination n’avait plus sa place. L’officier ne s’était pas détourné suite à l’imprudente effronterie du cadet. Quitte ou double. 'Embrasse moi' murmura t-il d’une voix rauque impatiente, trahissant parfaitement l’émoi qui faisait sursauter son cœur dans sa prison étouffante. Un filet d’air s’immisça entre les silhouettes rapprochées qui ne se quittaient pas des yeux, tandis que le temps s’était arrêté pour leur offrir une courte parenthèse à l’abri du reste du monde. Le vocable se perdit dans le vacarme assourdissant de leurs respirations sourdes, et les souffles se confondirent entre eux. Antwan respirait Michail, et Michail respirait Antwan. Doux parfum agréable que ses sens alertes apprenaient à deviner et à mémoriser pour plus tard, quand la réalité les rattraperaient.  

Et puis ses lèvres. Leurs lèvres.

Leurs lèvres entrèrent en collision et se découvrirent dans un mince sourire satisfait. Bleu, rouge, vert, jaune, bleu, toutes les couleurs à leur intensité maximale; il avait été aveugle, et recouvrait la vue au contact de sa langue tiède qui poursuivait sa jumelle intrépide. Il ferma les yeux et se laissa guider par la sensualité des mouvements esquissés par Michail sur son intimité gonflée. Un gémissement plaintif s’échappa de sa gorge, et il se tordit pour se fondre désespérément vers ce corps au dessus de lui. Ses mains brulantes se nichèrent dans son cou là où naissait l’or précieux de ses cheveux blonds pour l’attirer d’avantage contre lui. Le besoin d’être sien devenait plus violent et chaque atome l’implorait. L’éteinte se brisa soudainement, et il se retrouva haletant sur les couvertures, à peine rassasié, tout juste échauffé.

Il avait les paupières closes, les joues rougies, et des boucles noires en pagaille sur le front. De loin il ressemblait à un David profané. Il inspira bouffée après bouffée, afin de reprendre possession de ses moyens, sonné par cette effusion trop courte. Les mains de l’amant revinrent à l’assaut, et il perçut ces dernières s’égarer entre les plis de sa tunique défaite, dans une caresse subtile et légère sur son épiderme. Il frissonna, et avala sa salive avec difficulté en se mordant la bouche de toutes ses forces pour ne pas craquer comme un novice mais le contact discret attisait les flammes. « Michail…. » Le prénom brisa le calme ambiant dans un geignement, et il se tourna vers lui pour lui faire face dans un mimétisme déconcertant. L’océan tout entier déferla sur lui, vague par vague, et il crut défaillir, rappelé à la terre ferme par la chaleur de la paume curieuse qui n’avait pas lâché l’albâtre jeunot. « Michail. » A nouveau ce mot qu’il répétait comme un mantra secret, un mot qui était à lui seul une religion, la sienne; la leur. Au terme d’un long combat mental, il bougea finalement pour se glisser sur lui, une jambe de chaque côté (la mauvaise repliée pour ne pas souffrir), et contempla le visage de son cousin qui l’observait en retour. Il en traça délicatement les contours de son index, le nez, les pommettes, le menton et ces monts rosis d’où s’échappaient un râle bouillant. Antwan se pencha et l’embrassa longuement, jouant avec sa chair, pour mieux se frayer un chemin à l’intérieur. Puis il se redressa, une sensation de bonheur sur ses traits, vite remplacée par son désir, alors il repartit à l’assaut, ayant complètement oublié le caractère immoral de ce qu’ils faisaient, ou la simple idée qu’ils étaient du même sang. Il déposa des baisers mouillés dans sa nuque, guettant chacune de ses réactions, mordilla sa peau avec amour, pas assez pour le blesser mais assez pour laisser une marque rouge.

Sa bouche fut rejointe par ses doigts pressés qui ôtèrent la chemise pour dévoiler un torse musclé en totale contradiction avec l’être chétif qu’il était devenu. Il resta coi plusieurs secondes, démuni par la beauté inextinguible qu’il avait sous les yeux. « Michail… Tu… » Il n’alla pas plus loin cependant, emporté par un élan d’affection sans bornes, et cette envie irrépressible de lui faire plaisir.

Il descendit plus bas, sa langue traçant un chemin sur la peau tendue, pour arriver à l’endroit qui faisait accélérer les battements de son cœur. Antwan défit lentement la ceinture, et entreprit de faire tomber les dernières barrières, qui offrirent à son regard l’intimité de Michail dans toute sa splendeur. « Est ce que… Es tu sur de toi Michail ? » Lâcha t-il d’un souffle court, perché sur ses avant bras, le regard plein d’appréhension et d’envie. Lui était on ne peut plus certain de ce qu’il voulait, mais Michail l’était-il seulement ?


Dernière édition par Antwan Belikov le Jeu 22 Mar 2018 - 7:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyMer 21 Mar 2018 - 23:16

Hélios s’en allait au loin, ses chevaux de feu galopant sur l’horizon. Avec lui, il emportait les dernières heures du jour, et les innocences du matin ; la sœur Sélène se montrait déjà, au loin, dans ses stellaires apparats d’argent, sans oser approcher l’éclatant. Et les Titans, de leurs œillards omniscients, déposèrent sur la citadelle leur attention silencieuse : en son cœur, le pêché brûlait, incendies embrassés, cajoleries embrasées.

Le secret ouaté enveloppait les âmes enlacées. Fendaient l’air leurs seuls lamentations béates et le bruissement de leurs embrassades. L’interdit n’avait plus sa place en ses murs : rien qu’un jeu, qu’un divertissement, dont l’aîné, sans s’en rendre compte, perdait peu à peu la main. Dérapage incontrôlé. Les lippes se rencontrèrent et s’allièrent dans un silence monastique, rythmé par la cadence de leurs palpitants ardents. Les corps se heurtèrent avec délicatesse, avec envie : le secret était percé, et la fièvre tenait leurs deux carcasses. Et lorsqu’ils se séparèrent, leurs souffles se concordèrent, et les respirations, haletantes, se firent plus lourdes. Profanes. Le corps se pencha, et les mains s’aventurèrent sous l’étoffe opaline : caressant là, de la pointe de ses phalanges, la peau d’albâtre. Frissons et frémissements glissèrent sur l’épiderme, de l’un à l’autre, du brun au blond : comme s’ils partageaient un même corps. « Michail... » Douce litanie murmurée qui frappa les tympans du corbeau de ses belles intonations : dans la bouche entrouverte du déchu, au creux de son émail, sous le claquement de son accent, le nom semblait étrangement inconnu. Il découvrait, comme pour la première fois, la signification du nom qu’on lui avait donné. Il découvrait les chants qui s’y cachaient, les prières qui s’y fondaient. « Michail. » Refrain entêtant sous lequel il ferma les yeux, pour, sans doute, mieux en apprécier les sonorités nouvelles. Il sentit l’autre bouger, dans l’obscurité de ce voile de chair, homochromie parfaite qui se déroulait face à lui, et qui se dévoila par la proximité du souffle chaud contre sa nuque. « Antwan. » Le visage fut sculpté au burin, le marteau frappait le marbre et figea dans la pierre le regard révélé, étincelant de ce bleu royal, et le rictus chaleureux, étincelant de ce blanc émail. Un heurt, que leurs iris enlacés, mais si doux, si agréable, que la douleur jamais ne se montra. Et si peu avait-elle osé se montrer, qu’elle fut aussitôt chassée par les lentes chatteries dessinées sur le visage éreinté. La fatigue s’empressa de rejoindre sa consœur dans les méandres de l’oubli. Michail, fermant à demi le regard, se concentra sur le cheminement des caresses, suivit leur murmure attentivement, le long de son nez, de ses pommettes rougies, de son menton, jusqu’aux lèvres entrouvertes, volcan actif d’où s’envolait le souffre brûlant de son désir ascendant. Il accueillit avec passion les offrandes câlines qu’on déposa sur les pans de la montagne fumante, et rendit avec tout autant d’exaltation l’oblation sur la langue valsante.

Rupture. L’absence embrassa ses lèvres, alors que le corps amant se redressa, s’éloigna de lui, retira toute chaleur à ce torse contre lequel il s’appuyait un instant plus tôt. Le manque s’immisça entre eux, un instant, un court instant, mais qui sembla comme une éternité, avant d’être comblé par les nouveaux assauts d’écume et de nielle. Les lèvres, pourtant, furent délaissées, au profit de l’encolure tendue dans laquelle les dents du garçon marquèrent leur passage de petites fleurs rousses. Penchant la tête en arrière, Michail s’abandonna aux attentions sybarites : les lèvres entrouvertes, nostalgiques des étreintes d’autrefois, furent bercées par le souffle rauque, râle fiévreux, qui s’y déposa avant de reprendre son envol. Il se laissa faire, lorsque le cousin marqua sa peau de son cachet humide. Il se laissa faire, lorsque le brun retira de sa peau la liquette. L’homme, ainsi choyé par les mains lestes, renoua avec ses instincts bestiaux. Les eaux, désormais, noyaient son innocence : les flots interdits l’engloutissaient par vagues. Rien, à cet instant, ne comptait plus que les baisades qu’on lui offrait. « Michail… Tu… » Articulation suspendue dans le temps, posée par mégarde sur les nuées de leurs lourdes haleines. Il n’en su pas plus cependant : Antwan continua son entreprise, et ses mains descendirent le long de son corps, dans le sillon de sa bouche avide. Michail se cambra doucement, ses mains attrapant les hanches du brun, s’y agrippant, plantant ses doigts dans sa chair, les enroulant dans le tissu sombre de son pantalon. « Est-ce que… Es-tu sûr de toi Michail ? » L’interrogation le réveilla, et en relevant la tête, il croisa les prunelles sombres : les iris dévoilaient, sans supercherie aucune, les envies prohibées. Et si là il trouva le reflet de son propre regard, les nuances d’angoisses différaient. Il se redressa alors, s’aida de ses coudes pour cela, avant de rejoindre le visage essoufflé du nouvel amant, et de déposer, dans le creux de sa nuque, sa paume large. Il appliqua, délicatement, ses lèvres contre les siennes : longue fut l’étreinte, sans pour autant connaitre un quelconque caractère hâtif. Au contraire, le baiser fut léger, galant. Se voulait rassurant. La peur n’avait pas lieu d’être : ils ne faisaient rien de mal. Ils étaient bons. Il se répétait cela, comme pour se convaincre lui-même de la véracité de ses propos. Ils étaient bons. Son pouce roula tendrement sur la joue rouge, avant de se glisser dans les boucles de charbon ; les deux mains s’y perdirent. Et d’un dernier regard appuyé, il s’assura de l’accord du plus jeune : ce qu’il lu en lui, en ses yeux sombres, le rassura. Il reprit alors sa place sur le lit, les mains guidèrent la tête jusqu’à l’intimité, et il lui offrit sa virilité grisée. Il accompagna le balancement de sa tête de par ses mains encore emmêlées dans les boucles agitées, aida le plus jeune à trouver le rythme adéquat. Et déjà, les souffles s’alourdirent. Et déjà, les yeux mi-clos, il dégorgeait son plaisir sur le bord de ses lèvres.
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‹ AGE : il a vingt trois ans, mais le visage osseux, ainsi que ses yeux sombres ourlés de cernes violacés, le vieillissent de quelques années supplémentaire.
‹ STATUT : l’amour est une faiblesse dont il est la triste victime depuis bien longtemps. le coeur n’a jamais failli, c’est le même homme qui suscite chez lui tressaillements et affection profonde, obsessionnelle. les maux du passé ne sauraient entacher la pureté du sentiment.
‹ SANG : son sang miroite d'un bel éclat, il est insaisissable, il est argent.
‹ POUVOIR : maître de l’air, il détenait autrefois un pouvoir puissant qui faisait l’admiration des plus âgés. désormais tout effort réclame trop d’énergie à la carcasse fragilisée, alors il ne l’utilise presque plus, préférant se soustraire à ces combats, qui, d’antan, faisaient briller son oeil d’un éclat vif.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyJeu 22 Mar 2018 - 22:45

On lui avait dit une fois - sûrement son père - que les mots étaient tout aussi puissants que les gestes ou la pointe d’une épée aiguisée. Il s’en était gaussé d’un rire chantant, et avait écopé d’un froncement de sourcil agacé. Puis l’anecdote s’était perdue dans les échos sifflant du vent qui se fracassaient contre les tourelles d’argent, et il l’avait oublié comme bon nombre de choses qu’il jugeait futiles. L’imbécile, si jeune et tellement fier. Précisément ce qui avait causé sa chute dans le miroitement d’une lame revancharde maniée par une perfide jalousie.  

« Antwan. » La bouche s’était légèrement entrouverte, et son prénom s’en était échappé dans un timbre rauque. Et maintenant il comprenait. Oui, il comprenait. An-tw-an. Exactement comme des pièces qu’on jetait dans un tintement métallique au fond d’un puits en échange d’un vœu silencieux : un, deux, trois. Ce n’était plus son prénom. Et pourtant ça l’était toujours. Mais c’était également devenu le sien. En le murmurant tout bas dans des notes jusque là insoupçonnées, Michail se l’était approprié, et venait de lui redonner toute sa superbe. La grandeur était restaurée, au moins pour ce soir, car entre ses mains et contre sa chair, l’estropié revivait. La fleur trop longtemps fanée venait d’éclore sous les rayons de l’astre solaire qui cédait au pêché de l’étreinte souvent esquissée mais jamais attenté.

Agenouillé au dessus du corps tant fantasmé, tel un croyant qui ployait le dos devant une divinité, Antwan scruta les traits de son cousin qu’il effleurait sagement de ses doigts pour en tracer les contours subtiles. Il s’achemina sur chaque parcelle offerte, en mémorisa les recoins avec une dévotion toute particulière, et une application presque scolaire. La respiration se fit hésitante et il s’arrêta pour l’embrasser ardemment, s’amusant de ces langues qui se pourchassaient dans leur prison étroite, intrépides et insatiables. Les battements de son cœur s’intensifièrent, tac tac tac, et sa raison prit le large, abandonnant la carcasse à ses désirs révélés. Et sans attendre, il poursuivit son exploration curieuse, dans un souffle tiède humide, encouragé par les paumes exigeantes qui martelaient ses hanches pointues. Il baisa la peau doux velours sous ses attaques nombreuses, la marqua de ses incisives affamées, et descendit plus bas - toujours plus bas, vers des sommets arrondis, où l’imagination s’était promptement retirée pour afficher une volonté sans équivoque. D’un geste habile, il défit les lacets pour baisser le pantalon, et libérer la masculinité de l’être adoré, unique partie qui n’avait pas tâté de sa prunelle sombre où brillait une flamme vive. Il se lécha les lèvres et oscilla sur ses bras dans un léger va et vient révélateur de ses pulsions soudaines. Toutefois bien que mué par la sensualité de ces mouvements, il hésita et leva le menton, se heurtant au visage faussement assoupi. Il demanda l’autorisation de s’adonner à ce supplice qui tordait son ventre d’une douleur gourmande.

Les yeux bleus, reflets de l’azur des cieux s’ouvrirent aussitôt pour l’observer. Trop singuliers pour être de ce monde, mais au combien magnifiques. Et c’était lui seul, qu’ils fixaient de leur lumière profonde. L’amant se redressa pour joindre leurs silhouettes ensemble, Antwan se fondit en lui sans heurts, trop heureux de le savoir si proche. Il frissonna au contact de la main dans sa nuque, et se plaqua à la pression aguerrie de l’ainé. Il répondit à son baiser dans un soupire passionné, renonçant à tout ce qu’il connaissait, bercé par la musique de leurs pulsations cardiaques qui se mêlaient dans une symphonie lancinante qui lui montait à la tête. La communion des sens fut interrompue dans un gémissement conscrit de sa part, et il ferma les paupières sous le touché de ce pouce qui roulait sur sa joue écarlate. L’éphèbe aux côtes saillantes sous l’albâtre blanc neige haleta longuement, enivré par la présence de sa moitié. Il revint à la réalité lorsque les doigts se mêlèrent aux boucles noires éparses qui ceignaient son front d’une couronne profane. Saint et martyre. D’une œillade appuyée - c’était tout ce qu’il fallait -, le corbeau fut rassuré, et se courba pour mieux gagner l’entrecuisse convoitée tandis que l’autre s’allongeait sur les draps défaits. Pas une seconde ils ne se lâchèrent du regard.

Les lèvres s’emparèrent délicatement de l’intimité accordée, et il se laissa aller au rythme imposé par les mains perdues dans sa chevelure humide. Il sombra dans un entre deux, focalisé sur son plaisir et celui qu’il procurait à son partenaire. Il n’y avait rien, rien d’aussi puissant que ça. La sensation de sa chair dans sa bouche, la succion maladroite, l’éraflure occasionnelle des dents, et parfois, la gorge étroite mais douce qui tâtonnait. Antwan l’avait à sa merci, et il se délectait de ce spectacle vu d’en bas, qui n’avait absolument aucun point de comparaison dans ses souvenirs. Et si il était assez inexpérimenté, il n’était pas sans enthousiasme, son palais mouillé et chaud, s’appliquait avec affection. Plusieurs fois, il répéta son prénom pour lui, pour eux, pour ce qu’ils étaient. Au terme de caresses subtiles, Michail se déversa sur les monts rosis et Antwan se détacha, en penchant la tête en arrière, la peau de son cou tendu, l’expression béate, d’un ange repu.

Il remonta finalement sur le corps alangui, et vint se camper au dessus du portrait semblable à une statue béotienne. Il l’embrassa langoureusement en silence, goutant la terre et le sel sur ses lèvres, pourchassant sa langue avec la sienne sans relâche, le souffle en berne. Il n’avait pas envie de s’arrêter, jamais, jamais, jamais. Il roula sur le côté pour soulager sa jambe amochée, et l’attira vers lui, en enfouissant ses doigts dans les mèches d’or. Plus près, toujours plus près. Il s’abandonna à ce corps vivant, à l’épiderme sensibilisé par ces effusions; de là où il était, son torse imberbe était chatouillé par celui duveteux de Michail, ce qui le fit sourire. Ses mains entourèrent son dos pour l’englober complètement : il voulait disparaitre en lui, membre par membre.

Dans cette position d’égal à égal, où Antwan était Michail, et vice versa, il ne cessa pas d’aller cueillir sa bouche de la sienne dans de profondes embrassades pleines de langues et de dents. Le temps s’arrêta.

Les doigts du plus jeune guidèrent ceux de l’ainé vers son entrejambe, sous le tissu qui n’était pas tombé. De l’autre, il caressa la joue de son pouce, les yeux perdus dans l’océan. Il ne parla pas, mais les gestes était compréhensibles, il savait ce qu’il voulait.
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‹ STATUT : VEUF; si la colère remplace le chagrin, le coeur réapprend à vivre dans les bras du cousin.
‹ SANG : ARGENT; kaléidoscope qui se plie et se déplie, mouvement incessant, qui enfin s'arrête sur l'argent familial.
‹ POUVOIR : AIR; qui court sur ses doigts, il le fait danser avec une maîtrise exceptionnelle, apprise en secret dans sa jeunesse.
‹ METIER : OFFICIER; la couronne déposée sur le cadavre de l'épouse, c'est le passé qui le rattrape, et le poste redevient sien.
‹ ALLEGEANCE : VALAERIS; la couronne qui fut sienne, ce nom qu'il portait - à jamais pour elle, jolie hirondelle.
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MessageSujet: Re: dangerous night (antwail) dangerous night (antwail) EmptyDim 15 Avr 2018 - 19:43

L’union de leurs corps l’un à l’autre, de cette bouche contre son aine éveillée, le faisait chanter de doux murmures dont perlait, de temps à autre, le nom de l’amant, arraché sur sa langue roulante. Chaque offrande à son corps n’était qu’un pas de plus vers l’exaltation jouissive, qu’instigatrice des râles soufflés - il ressentait tout d’une manière si puissante, les va-et-vient erratiques, les douceurs humides, les maladresses sublimes. Et il soufflait, il soupirait, et il massait allégrement ses boucles sombres dans cette cadence qui lui était si bonne. Ses quinquets s’étaient recouverts de leur prison de chair, et tournaient follement dans leurs orbites. Le monde, autour de lui, tournait follement - les vertiges s’arrêtèrent lorsqu’on se saisit de ses lèvres entrouvertes, et qu’on lui fit goûter le nectar de son corps. Râle supplémentaire, qui se colla à la langue de l’autre, alors que son rythme s’accélérait encore un peu plus, rien qu’un peu plus, jusqu’à frôler les nébuleuses des réjouissances. Les mains se déportèrent du crâne, pétrirent la peau d’albâtre, et le dos aux muscles oubliés : une ode au destin brisé.

Il roula avec lui, se porta sur le côté, pour continuer à embrasser l’homme blessé, se colla contre ses courbes - tout en faisant attention de ne meurtrir d’avantage la plaie au mollet. Il s’emparait du corps, le faisait sien de par les marques de ses mains, les ongles grattant l’épiderme de cette violence de désir. Il n’était jamais assez proche, il ne le touchait jamais assez : Michail était avide, cupide de ce corps qu’on lui offrait sous les lucarnes de l’interdit. Rien n’était plus grisant que de goûter à ce qu’on lui refusait. Les bouches ne pouvaient se passer l’une de l’autre, comme les corps ne pouvaient s’abstenir, comme les hommes ne pouvaient cesser tout cela : les engrenages tournaient, et la roue du temps entama sa longue et lente course. Le bonheur consommait leurs étreintes, douce candeur que de croire un instant que cela était sans répercussion. Mais Michail songeait sans lendemain, homme d’action qui vivait au jour le jour. Il ne savait pas encore l’ironie de tout cela.

On s’empara de ses paumes, et on les fit glisser le long du corps alangui. L’inconnu sur lequel il fermait les yeux, mais qu’il embrassait avec une fièvre qu’il ne pouvait plus dissimuler. On ne cacha pas les intentions du voyage, et les doigts s’enroulèrent - par instinct, par envie - autour de la virilité offerte. Il rouvrit les yeux, curieux de découvrir la vue qui se donnait à lui, attisé par les caresses d’Antwan sur sa joue rougie. La vision était à couper le souffle - l’amant nouveau au visage essoufflé et roussi, pantelant d’une fièvre commune, et ses yeux à demi ouverts, et ses lèvres haletantes. Il eut le sourire qui fleurit sur le visage, alors que les doigts jouaient plus bas.

Un rire s’échappa d’entre ses lèvres. Léger, simple. Et l’officier se releva. S’enfuit de cette couche sur laquelle reposait l’amant déconcerté. Et il riait Michail, souriait de bon cœur : parce que le jeu continuait, parce que rien n’était sérieux. Il fit quelques pas de plus, avant de s’arrêter de nouveau. Et replongea sur les draps, embrassant à en perdre haleine le cousin.

(…)

Sans ouvrir les yeux, il tourna la tête. Sous sa paume, il sentait la poitrine se soulevait doucement. Un sourire vint étirer ses lèvres endormies, alors qu’il se blotti quelque peu plus contre le corps chaud. Il sourit davantage en respirant les arômes de la perdition.
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