i'm tired of this,
i'm pissed
just leave me be.

Les poings serrés, le poison au bout des lèvres, Asghari quitte les lieux du Boudoir avec une aisance malmenée, une rage sans pareille, un combat qu’elle semble avoir gagné, tout comme perdu. Elle ne sait pas ce qui arrivera à ce lieu, ni ce que Ace compte faire de ses provocations ou de ses accusations ; mais elle est prête à accueillir son gourou et en jouer, parce qu’il a déclaré la guerre aux Khodja, et elles le lui rendront, ça elle en est sûre. Car rien ne peut vaincre les Mères, rien ne peut vaincre leur colère ou leur haine, et Kimora vient de toucher à leur plus tendre fille, le petit joyau, qui lui a asservi des années dans l’or et l’argent. Un sourire vient se forger sur les lèvres de la gamine, alors qu’elle descend les escaliers, ne se donnant pas même la peine de cacher sa présence ; à quoi bon, quand les gens de ce foutu enfer, sauront dans un futur proche qui sera leur prochaine maîtresse. Parce que dérober à Ace ce qui lui tient à cœur, n’est qu’une première partie de son plan, détruire toutes ses relations est le second. Elle ira voir l’empereur, sans grand mal, et lui dira tout ce qu’elle a entendu, la trahison au bout des lèvres du gosse un peu trop fier, et lui demandera, sans grand étonnement, de défaire ce petit roi de pacotille de son trône. Il n’a qu’un établissement, qu’une petite chose dans ce vaste royaume, alors que les Khodja, la couronne, ils ont tout, ils sont tout. Et les minuscules cafards, aussi rapidement se reproduisent-ils, ne peuvent rien contre elle, ou contre son sang et son nom. Poussant à son passage les dégueulasses qui viennent se noyer dans leurs péchés, elle bouscule, sans même s’excuser, le menton haut, les lèvres pincées, mais l’esprit qui n’est à présent qu’un violent brouhaha. Parce qu’il l’a touché, forcément, il l’a blessé, il a réussi à illuminer quelque chose ; une inquiétude. Parce qu’elle hait l’idée qu’on puisse vouloir la blesser, qu’on puisse connaître tout à son propos, ses plus terribles secrets, mais surtout ses peurs. Elle sort de l’endroit, la mine sombre, le regard noir, et bouscule à son passage, une silhouette qu’elle a déjà rencontré, touchant la peau de celle-ci, et faisant volte-face. – Watch it. – La voix est sèche, le ton catégorique et impérial, alors qu’elle lève les yeux vers Medea. Un rire s’échappe de la bouche d’Asghari, alors qu’elle a l’impression de perdre le contrôle de son être, de sa face. – Il ne manquait plus que ça. – Qu’elle voit la moitié du duo, l’autre face de la même pièce. Les yeux levés au ciel, Asghari est fatiguée, et ne se rend pas même compte que les barrières de son esprit, sont elle aussi baissées.

Ses yeux posés sur la divine, elle ne pipait mot. Rae, reine de son passé, beauté de son présent, elle trouvait en elle une chaleur tant appréciée. Elles avaient grandi, volé ensemble, et leurs âmes auraient pu être lié si elle n'avait pas trouvé sa moitié en Ace. La maîtresse des espions déposa autour de son cou une rivière de diamants rouge, brillants, lourds, il n'était comparable à ce joyau que le sourire ravissant que lui offrait la mêlée. L'argent, l'or, voilà de quoi était faite leur relation désormais. L'attachement restait réel, mais la motivation était toute autre. Des secrets comme monnaie d'échange alors que les vipères riaient de leur découverte. Après une rencontre essentielle au commerce de l'orange, elle quitta le palais des flammes pour retrouver le boudoir et tout ce qui s'y trouvait. Elle y construisait sa vie depuis sept longues années et si l'on savait ce lieu comme étant sacré aux yeux du Kimora, il l'était tout autant aux siens. Des murs imprégnés de sa voix, ses murmures, ses plaisirs. Bien vite, ses jambes l'amenèrent jusqu'à sa destination où elle retrouva cette même ambiance si délicieuse et pourtant si dégueulasse aux yeux des autres. Son nouveau collier fièrement accroché autour de son cou, elle se dirigeait naturellement vers le bureau de son maître, les pieds dansants et l'âme d'une enfant, prête à montrer ce bijou qui était à présent sien. Medea elle ne devait rien à personne, et pourtant elle se complaisait à apercevoir un sourire au coin des lèvres du roi de la nuit, à reconnaître de la fierté dans ses traits froids. Cependant, sa peau rencontra celle d'une autre. Asghari. Si la maître du feu jura en la touchant, l'enfant de l'air s'arrêta, heurtée non plus par leur impact, mais par ce qu'elle venait d'apercevoir. L'enfant dévoilée, en un seul toucher. Dos à la gamine, elle enregistrait ce qu'elle avait aperçu, entendu, et les pensées de l'impétueuse résonnaient dans son crâne. Doucement, elle se retournait pour découvrir sa mine fatiguée, lassée de la voir. Le serpent ne pensait plus à ce qui entourait son cou, ni à la joie que cela procurerait à son maître. Elle ne voyait plus qu'elle et son mensonge. Elle et ses manigances. « Tu n'es pas heureuse de me voir Asghari ? Y aurait-il un problème ? » demanda-t-elle, la voix secouée par l'arrogance. La Khodja, animée par la colère, avait baissé sa garde et elle en profitait, dévorant chaque coin de sa cervelle pour y comprendre tout son mécanisme. Elle l'entendait pester contre le boudoir, contre Ace, contre elle. Et elle comprenait le jeu de la gamine, voué à la blesser pour espérer atteindre son autre. « Toi qui avais pourtant l'habitude d'être si heureuse en ma présence. Me voilà déçue. Presque vexée je dois dire. » dévoilait-elle, le sarcasme se mêlant à l'agacement.