Le soleil se lève sur Greenstall. L’astre divin brille de milles éclats, alors qu’il baigne la ville dans une lumière presque surréaliste. Le nouveau roi observe ce moment de félicité, son regard d’or aussi brillant que les rayons de l’astre lumineux. C’est son premier levé de soleil en tant que roi couronné, et à ses côtés, sur une commande, la couronne d’or reflète la lumière matinale, colorant les murs d’éclats dorés. Adonis observe encore un instant la ville qui s’éveille, avant de s’emparer de la couronne et la poser sur son crâne sans plus de considération pour l’objet que si il s’était agit d’un simple couvre-chef. Il plie et déplie les doigts de son bras gauche - celui qu’il ne peut plus bouger - et se saisit de la petite boite de médicament prescrit par le médecin qui l’a soigné. Adonis en prend un, glisse le comprimé entre ses lèvres et l’avale avec un verre d’eau apporté par un esclave. Le roi abandonne le verre vide sur une table et sort de la pièce.

Alors qu’il se rend dans une autre pièce, il glisse ses doigts contre le bandage de son épaule. Incapable de tenir en place, le roi Eartanarien n’a de cesse de tâter l’épaisse couche de tissu qui recouvre sa peau. Son épaule est immobilisée par le bandage, qui vient se glisser sous son aisselle et recouvre une bonne partie de son avant bras. La blessure n’est pas si large, mais elle est profonde d’une dizaine de centimètres, et il faut impérativement que l’impétueux gamin qu’il est encore soit tenu à l’écart du moindre mouvement qui pourrait relancer une hémorragie. Adonis fini par laisser tomber sa main droite, et entre dans une pièce qu’on ouvre sur son passage. « Faites appeler Lady Rita Kimora. » Ordonne le roi à un valet, alors qu’il s’installe dans un imposant fauteuil. Le bureau est large, mais Adonis n’est pas ici pour faire du travail de paperasse. Il sait que ça arrivera, parce qu’il souverain désormais et qu’il y a des choses qu’il doit faire, des traités à signer, des accords à donner et des condamnations à approuver. Mais ici, ce qu’il fera principalement, c’est parlementer.

Un large plateau de fruits divers est posé sur la table basse, ainsi qu’une théière et deux tasses. Adonis est déjà occupé à grignoter quelques baies quand la porte s’ouvre. Il avale la myrtille qu’il avait sur la langue, et se lève. La jeune femme pénètre dans la pièce et Adonis l’observe. Outre sa beauté sauvage, elle a une aura qu’il serait idiot de ne pas remarquer. Le même genre d’aura qu’on lui prête à lui. Une leader se trouve dans cette pièce, et Adonis est assez futé que pour le remarquer. Il sait aussi qu’elle a contribué à son succès, et c’est la raison pour laquelle il voulait la voir. « Je vous en prie, installez vous, Lady Kimora. » Fait-il en désignant un fauteuil. Oh Adonis ne connait pas les Kimora, il en a entendu des échos - terribles - mais ne sait pas à quel point les choses sont vraies. Il ignore que la Kimora ne connait sans doute pas l’étiquette, car selon lui, qui veut pénétrer dans ce monde doit apprendre. Adonis s’installe à nouveau en face d’elle et un signe de tête oblige un esclave à servir la jeune femme en thé. « Mon épouse m’a parlé de vous. J’ai cru comprendre que vous n’aviez pas participé à l’attaque sous les ordres de la reine Merle. » Il veut savoir, Adonis. Connaître l’emplacement de tous les pions, avant de placer les siens.