Debout , majestueuse, Izolda ne lâche pas du regard celle qui fut - qui est encore - la sœur qu'elle n'avait jamais eu. Pourtant la poupée n'a jamais été une adepte des mêlés, cela n'est pas un secret. Mais, il y avait eu des exceptions qui avait su percer la carapace de la Griffith. Exceptions qui avaient fini par l'abandonner. Tel était le sort des maîtres au sang bleu. La trahison avait toujours un goût amer et ils devaient la subir bien plus souvent que le commun des mortels. Rien n'était facile à encaisser, encore moins pour Izolda, si jeune et déjà au cœur d'alliances qui parfois la dépassent. Nahia lui manque, terriblement. Elle lui manque bien plus qu'elle ne voudra jamais l'admettre, par fierté certainement. Mais elle était lasse de ces conflits, de devoir sans cesse se justifier auprès de ceux qui auraient dû la soutenir sans faiblir, ceux qui auraient dû l'épauler dès qu'elle flanchait. Au lieu de ça, la gamine s'était retrouvée seule, abandonnée. La jaune ne met pas longtemps avant de répliquer d'une phrase qui blesse. Malgré qu'elle s'excuse de suite, la princesse ne se méprend sur le sens caché de tout cela. Si la mêlé est sur la défensive, ça n'est pas dû au hasard. Elle déglutit alors qu'elle hoche de la tête quand Nahia propose de tout mettre à plat. C'est ce dont elles ont besoin, bien que le temps ne soit pas en leur faveur. Croisant les bras contre sa poitrine, Izolda l'écoute attentivement, sans la couper, parce qu'elle sent qu'elle a besoin de lui dire tout ce qu'elle pense. Alors la poupée ravale sa fierté mal placée pour laisser la jaune déverser son flot de questions, de doutes, de colère aussi. Elle déglutit alors que la brune ne mâche pas ses mots. Son regard se porte, quelques secondes, sur la lampe qui grésille. Elle n'a jamais vraiment eu peur du pouvoir de Nahia, mais alors que son contrôle lui échappe, la poupée n'est pas réellement sereine. Ses iris noisettes finissent par s'ancrer de nouveau dans les siens. La colère est palpable et ne fait que s'intensifier au fur et à mesure que son discours avance. L'électricité dans la pièce est en tension et les ampoules n'ont cesse de clignoter. Izolda fronce son regard, essayant tant bien que mal de contrôler l'agacement qui grandit en son sein. Les reproches de la mêlé sont injustes. C'est bien elle qui avait eu pour projet de la tuer. La princesse avait compris que rien de tout cela n'avait été de son plein gré, qu'elle avait été manipulée, torturée même. Mais la finalité restait, elle, inchangée. Sa respiration est saccadée, alors qu'elle peut sentir une douleur se former au creux de son estomac. La douleur n'a cesse de s'intensifier à mesure que les mots se succèdent. Le visage de Nahia se rapproche doucement mais elle garde son regard emprisonné dans le sien. C'est alors que l'ampoule s'éteint en même temps que le discours de la mêlé prend fin. Izolda le sait, elle doit mesure chacun de ses mots et si elle se laisse emporter par les sentiments, qui l'animent à cet instant, leur lien se brisera pour de bon. Elle humidifie ses lèvres avant de finir par décroiser ses bras. – Je le sais. Elle marque une pause volontairement afin de se rapprocher quelque peu de la mêlé, restant, pour le moment, encore éloignée d'elle. – Je sais que tu ne l'as pas fait consciemment. Je sais que tu ne le voulais pas. Je sais que tu n'as pas choisi. Je sais que ça n'était pas vraiment toi. Tout ça, elle l'avait rapidement compris, après un bref instant fait de doutes. – Ce n'est ni la colère de ce que tu étais devenue, ni la peur de te voir mettre fin à mes jours, que tu lisais dans mon regard, Nahia. Elle déglutit, alors qu'elle sent son estomac se serrer de plus en plus. Izolda déteste plus que tout exprimer ses sentiments. Elle ne sait pas comment faire et cela la déstabilise complètement. – Mais l'abandon, ton abandon. Un pas de plus, puis un autre, et la silhouette de la jaune se rapprochait de plus en plus de la sienne. – Ce n'est pas un reproche, simplement la vérité de ce que j'ai ressenti et tu sais à quel point, cela est difficile pour moi. Mais je n'arrivais pas à supporter de te revoir, alors que j'avais perdu une sœur pour trouver à sa place, une personne que je ne reconnaissais pas. Izolda se pince les lèvres alors qu'un soupir vient les caresser. Elle passe une main dans sa chevelure, signe évident d'une anxiété grandissante. – Et que tu me vois comme une princesse stupide, imbue de sa personne, une pauvre gamine qui se prend pour ce qu'elle n'est pas. C'est ça qui me brise encore plus le cœur. Parce que je pensais que tu me connaissais. Je pensais que tu voyais plus que les apparences. Elle pourrait presque sentir des larmes monter, mais elle les arrête dans leur course. – J'ai très certainement ma part de responsabilités, et j'en suis désolée, mais je voulais que tu saches pourquoi, pourquoi cette distance. Ça n'est pas parce que je ne t'aime pas, bien au contraire.