« Votre Altesse, une jeune maître de l’air s’est présentée aux portes du château et dit vous connaître. » Adonis ne prend pas la peine de poser la fourchette qu’il a dans une main, ni le couteau qu’il a dans l’autre. Il est en train de manger son dîner, seule Izolda est avec lui alors qu’ils discutent de leur visite prochaine à Volastar. « Son nom ? » demande-t-il avant de continuer à manger. L’homme ne mange presque que des légumes et autres produits qui ne sont ni de la viande ni du poisson. Pas goût plus qu’autre chose. Il n’apprécie pas spécialement la chaire des animaux, que ce soit leur texture ou même leur goût. Si pendant des années sa mère en a été exaspérée, ça fait aussi très longtemps qu’il n’en fait qu’à sa tête, bien sûr. « Graylin, Amara. » répond le domestique. Adonis pose ses couverts, il attrape sa serviette et s’essuie la bouche pour la forme – il a appris à manger comme un noble, un prince même -. « Faites là attendre dans le petit salon de l’aile sud, premier étage. J’arrive. » Le domestique s’incline et quitte la pièce. Adonis termine son verre de vin et se lève. « Amara est une alliée de Diana. » fait-il à Izolda. « C’est aussi l’ancienne maître de Feyre Mormont. » fait-il avec un soupire. Il se lève, et pose un baiser à la commissure des lèvres de sa fiancée « Je te retrouve après. » Et l’homme s’en va. Il marche dans les couloirs à une allure posée, pas pressé de se rendre auprès de la jeune femme.

C’est une dizaine de minutes plus tard qu’Adonis ouvre la porte du petit salon dans lequel il a ordonné qu’on emmène la fille de l’air. Il referme la porte derrière lui, doucement. Le brun commence à apprendre à ne pas faire de geste brusque lorsqu’il est entouré de roche, ce qui s’avère être compliqué puisqu’il vit dans un château de pierre. « Je te manquais déjà ? » fait-il avec un sourire toujours aussi faiblard, alors qu’il s’avance vers la fille de l’air. Il lui indique un fauteuil pour qu’elle s’y installe, alors qu’il en fait de même. Quelques secondes plus tard, un esclave entre dans la pièce avec des verres de vin et les pose sur une petite table entre eux. Adonis laisse couler son regard sur le lambda, sans un mot, et attend qu’il s’en aille pour prendre son verre. « J’imagine que tu n’es pas venue jusqu’ici par simple envie de revoir un ancien amant. » il fait tourner le liquide dans le verre, avant d’en déguster un peu, son regard doré posé sur le visage de la poupée aerinstienne. « Dis moi tout, je veux tout savoir. » Il veut, oui, après tout ici Adonis est roi, ou presque. Un roi sans couronne, devant lequel on courbe l’échine et qui dirige aussi facilement que quand il respire.

L'imposant château s'élevait devant elle, l'immense porte de métal lui barrant le passage. Amara leva le regard vers les gardes qui la hélèrent, lui ordonnant de décliner son identité. La jeune femme sentit l'agacement la titiller face à leur ton autoritaire, mais elle n'était pas venue ici pour faire de vagues, au contraire. « Amara Graylin. Je connais votre prince et souhaiterais m'entretenir avec lui. » Elle patienta, jusqu'à ce qu'un garde daigne enfin la faire entrer. On l'escorta dans un dédale de couloirs, décorés avec raffinement, jusqu'à une porte qui dévoila une petite salon où la fille de l'air prit place. Son regard s'attarda sur les éléments de décoration, sur le luxe qui définissait cette pièce. La blonde n'était pas habituée à de telles choses, elle qui avait grandi loin de la noblesse, loin des jeux d'intrigue et de pouvoir. Bien malgré elle, elle se retrouvait désormais mêlée à cette histoire, simple soldat, pion sur l'échiquier, cherchant à abattre des personnes bien plus puissantes qu'elle. C'est pour cette raison qu'elle s'était tournée vers le roi sans couronne. Car elle savait qu'il partageait sa haine, plus que Diana Osanos ne le ferait jamais. La porte s'ouvrit bientôt, laissant apparaître le Griffith. Amara inclina la tête respectueusement, avant de reposer son regard sur le visage du prince. Un sourire sans joie étira ses lèvres, tandis qu'elle prenait place sur le fauteuil que lui indiquait l'Eartanarien. « Comment l'as-tu deviné? Je pensais que mon secret était pourtant bien gardé. » Un esclave fit son apparition dans la pièce, posant sur la table deux verres de vin. La Graylin s'empara du sien, laissant Adonis déguster le vin avant de faire de même. Une gorgée qui lui permit de réfléchir à la raison qui l'avait poussé à venir jusqu'ici. Elle sentait la colère la gagner à la seule pensée de son passage à Launondie. Sa main se resserra autour de l'accoudoir du siège, alors qu'elle cherchait à se calmer, peu encline à laisser ce pouvoir qu'elle ne maîtrisait pas encore s'exprimer ici. « Je sais que nous avons quelques intérêts en commun. » Elle s'arrêta un instant, détaillant le visage princier du Griffith. « A commencer par la chute de l'Empire, et surtout par la mort de Feyre. » Le nom sifflait contre ses lèvres, toute la haine qu'elle pouvait ressentir pour la démone transparaissant dans ses paroles. Elle la détestait, cette femme qu'elle avait pourtant aimé d'une passion brûlante, dévorante, pendant des années. Ou du moins, elle avait cru l'aimer. Amara s'était désormais convaincue que tout ceci n'appartenait qu'à une illusion habilement créée par la lambda. Au fond, peut-être qu'il y avait eu une part de vérité à tout ça, mais la blonde avait tiré une croix sur les sentiments qu'elle avait pu ressentir il y a bien longtemps, se raccrochant désormais à cette haine qui brûlait en elle. Et elle avait cru que son frère était capable de faire de même, de la soutenir dans cette quête de vengeance. Mais elle s'était trompée. Lui-aussi s'était laissé aller aux charmes de la déesse, perdant de vue leur objectif. Amara savait désormais que la seule issue possible à cette situation était la mort de son ancienne Adiutor, et qu'elle allait devoir s'y prendre seule pour arriver à ses fins. Seule, ou avec le soutien qu'elle pourrait obtenir auprès d'Adonis et de ses alliés. « Laisse moi rallier ta cause. Laisse moi me joindre à toi, à vous, et je t'aiderai à gagner cette couronne que tu désires tant. Tu auras ce que tu veux, et moi j'aurais le plaisir de voir Feyre supplier pour sa vie, de voir l'Empire être réduit à néant. »

La jeune femme incline sa tête, dans un signe de respect, quand le brun pénètre dans la pièce. Elle n’est rien, par rapport à lui, mais elle n’est pas non plus un membre de son peuple. Adonis apprécie la marque de respect, après tout elle est chez lui. « Comment l'as-tu deviné? Je pensais que mon secret était pourtant bien gardé. » Adonis eut un léger sourire qui n’étira qu’à peine ses lippes. Les sourires du brun étaient choses rares, et seuls quelques privilégiés arrivaient encore à les faire naître sur le visage du futur roi. Amara s’empara également de son verre et imita ses gestes en en dégustant le contenu. « Je sais que nous avons quelques intérêts en commun. » Adonis n’avait pas à feindre l’intérêt. Il laissa son regard se poser naturellement sur la jeune femme et l’écouta avec attention. Comme lui, elle voulait la chute de l’Empire, ainsi que la chute de son ancienne adiutor : Feyre Mormont. La terrible orange qui s’immisçait dans tous les esprits, y compris celui de celle qu’elle devait normalement protéger. La haine qu’elle ressentait pour la mêlée s’entendait dans le son de sa voix, et était même visible dans le langage corporel de la fille de l’air. Adonis laisse sa reflexion créer des chemins dans son esprit. Amara serait une alliée de taille et la repousser n’est probablement pas conseillé. Il déglutit, boit encore un peu de vin et relève les yeux quand elle termine. « Laisse moi rallier ta cause. Laisse moi me joindre à toi, à vous, et je t'aiderai à gagner cette couronne que tu désires tant. Tu auras ce que tu veux, et moi j'aurais le plaisir de voir Feyre supplier pour sa vie, de voir l'Empire être réduit à néant. » Le plan semblait être sans accro. La jeune femme voulait le rejoindre et l’aider, mais elle était normalement une alliée de diana et si elle avait abandonnée la fille de l’eau… « Tu étais avec Diana, non ? » Ce n’était pas vraiment une question. Adonis le savait. Il posa son verre sur la table entre eux et calla son dos contre le dossier du fauteuil dans lequel il était assis. « Qu’est-ce qui me garanti que tu ne voudras pas me trahir ? Comment puis-je être sûr que tu ne changeras pas d’avis ? Je peux te laisser me rejoindre, t’offrir un lit et une chambre ici, t’offrir la protection qui entoure ce château mais pour ça je dois être certain que tu n’es pas un danger. » Adonis laisse son regard couler sur la blonde. « Pourquoi est-ce que tu es partie de chez Diana ? »