Le vent fouette son visage, il fait virevolter sa chevelure ébène. L'air est froid, mais elle s'en moque. Pieds nus dans l'herbe encore humide. Un paysage froid se dresse face à la poupée qui ne porte qu'une robe légère. Une tenue qui n'est pas faite pour une sortie en extérieure, mais une fois encore, elle s'en moque royalement. Ancrée dans le sol, elle reste droite, son regard perdu dans le vide. Ses mains viennent effectuer les mêmes mouvements depuis de longues minutes. Mais rien, rien ne se produit. Agacée, Izolda balance un morceau de roche contre un des arbres. Il n'y a pas de mots pour qualifier ce qu'elle ressent à cet instant. Une maître de la terre incapable de faire plier la moindre roche, plaisanterie de très mauvais goût. Sous le coup de la colère, la princesse tape le sol avec toute la force qui l'incombe. Mais une fois de plus, le néant. Son visage, d'ordinaire angélique, se déforme sous le poids de son indignation. Elle ne comprend pas pourquoi. Elle qui s'est entraînée durant des années pour jouir d'une maîtrise parfaite, tout cela semble n'avoir servi à rien. La maître de la terre n'est plus que poussière. Elle n'est plus rien Izolda, si même son élément se refuse à elle. Elle ne sert plus à rien, simple potiche, le rôle qu'elle a toujours redouté et qui finit par lui coller à la peau alors que les seules prouesses dont elle était capable, ne sont plus. Des larmes se forment au creux de ses yeux alors qu'elle les essuie, maladroitement, d'un revers de la main. Son monde s'effondre alors qu'elle ne sait même plus qui elle est. Une Griffith ? Mais le mérite t-elle seulement ? Une honte, voilà ce que la poupée est devenue. Bientôt, elle sera la risée de tous, et elle n'aura plus qu'à s'enfuir loin. Et ce fut cette promesse qui s'imprégna dans son esprit. Ses fiançailles étaient plus que fébriles maintenant qu'elle ne possédait plus la force de la terre. Pourrait-elle seulement transmettre son élément à sa descendance ? Même cela, elle n'était plus capable de le faire, la tâche la plus simple qui incombait aux femmes, enfanter, même cela elle ne le pouvait plus. Izolda voyait déjà tous ses privilèges s'estomper les uns après les autres. Elle pouvait déjà lire la déception dans le regard d'Adonis et du reste de sa famille. Elle ressentais toute la honte qui allait bientôt envahir le reste de la nation de la terre. - Votre Altesse, il vous faut rentrer. L'air est bien trop frais et vous sortez à peine de votre lit. La fièvre n'est plus, mais il faut vous reposer. Elle ne répond pas la gamine, restait silencieuse alors que son cœur hurlait à la mort. Elle finit, enfin, par grelotter. Signe qui l'oblige à rebrousser chemin et à abandonner l'idée de pouvoir contrôler la terre un jour. - Ne me dites pas ce que je dois faire. Je suis encore maître en ces lieux, ne l'oubliez pas. Son ton se veut dur mais bienveillant. Elle jette, tout de même, un regard féroce à l'esclave qui n'ose plus rien dire, de peur de perdre sa position. Izolda lève les yeux au ciel et se dépêche de rentrer à la forteresse. La froideur des pierres lui arrache un frisson au moment où elle y pose ses pieds dénudés. Complètement bouleversée, la princesse ne voit qu'une seule issue à ses problèmes : Adonis. Il ne voudra certainement plus de cette alliance qui les unit mais peut-être trouvera t-il une solution qui lui permettra de quitter Greenstall sans perdre la seule once de dignité lui restant. Et puis, elle ne pourrait jamais partir sans l'avoir vu une dernière fois. La gamine se met à courir dans les couloirs, afin de regagner la chambre de son cousin au plus vite. Finalement, c'est le souffle saccadé qu'elle arriva à ses appartements. - Mademoiselle Izolda, votre cousin est souffrant, il ne doit recevoir personne. Je suis.. Mais elle n'attend pas la suite, ni même une autorisation quelconque pour pousser la large porte en bois. La gamine est reine à cet instant et elle déplacerait des montagnes, si elle le pouvait, pour aller le voir. Elle n'en a que faire de ceux essayant de lui barrer le chemin. Avant que la servante n'ajoute un mot de plus, elle lui claqua la porte au nez, s'assurant que tout le monde avait quitté la chambre, en dehors du principal concerné. Izolda se précipite en face du lit où se trouve le Griffith, le teint blafard. - Je ne maîtrise plus la terre ! Je ne sais pas comment faire Adonis. Je.. Ce sont les Sept qui me punissent. Je ne suis plus rien, pas même une Griffith. Je n'ai plus rien Adonis. La panique l'envahit et se mêle à son discours. A cela, s'ajoutent les sanglots qu'elle ne peut contrôler. Elle n'arrive pas même à tenir sur place et n'a cesse de bouger et de gesticuler. Elle est littéralement en train de s'effondrer. Son âme se fissure et elle cherche, dans le regard du maître de la terre, le moyen d'arranger la situation. Alors même qu'elle sait que cela est impossible. Son élément s'en est allé et il n'y a que les Sept pour savoir quand il reviendra. - Je suis en disgrâce, il nous faut briser les fiançailles. Je suis désolée, sincèrement. Les larmes perlent sur ses pommettes alors qu'elle prononce ces derniers mots. La poupée n'est pourtant pas une habituée des pleurs, mais c'est plus fort qu'elle. Et la honte ne fait qu'accroître.

Tout, entre ses doigts, lui échappe. Elle ne contrôle plus rien et c'est bien cette pensée qui n'a cesse d'accroître la panique en elle. Née Griffith, fille de la terre, elle n'est plus rien sans son élément. Elle ne peut plus prétendre à un trône, ni même enfanter une descendance liée à la terre. Izolda voit sa vie entière s'effondrer sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse rien faire. Ce mal qui la frappe est bien plus puissant que ce qu'elle aurait imaginé. Elle s'est peut-être rétablie en moins de sept jours mais elle est devenue une incapable, simple lambda, n'ayant plus rien la différenciant des humains. Même les mêlés possèdent bien plus qu'elle à cet instant. Cette pensée lui donne la nausée. Il ne reste plus rien de la princesse Griffith. Tant bien que mal, elle essaye de se raccrocher à ce qu'il lui reste, mais elle ne trouve rien qui en vaille la peine. Pas même Adonis, pas même cette fichue alliance qu'ils ont préparé si longuement. Tout, tout est fichu en l'air par sa faute et la honte qui s’abat sur elle n'est pas mesurable tant elle l'accable. C'est à peine si elle arrive à tenir sur ses deux jambes. Sans qu'elle ne puisse se contrôler, son corps tremble de part et d'autre et vient paralyser ses membres. Les larmes se fracassent sur ses pommettes rosées et fragilisent les mots glissant sur ses lippes. Elle n'est plus qu'une gamine apeurée, sans solution, se reposant sur l'unique personne qui lui fait sens à ce moment. La détresse peut se lire dans ses iris noisettes alors qu'elle remarque enfin les blessures qui accablent le prince. Elle arque un sourcil et fronce son regard encore humide. Mais son cousin ne lui laisse pas le temps de s'inquiéter pour sa santé. Il lui tend sa main et elle l'attrape sans réfléchir, comme un réflexe. Et le contact de sa peau sur la sienne lui paraît si familier qu'il apaise un peu l'apocalypse faisant rage en elle. Aucun des deux ne prend soin de penser aux virus qui habitent la forteresse. Ils s'en moquent éperdument. De toute manière, il est bien trop tard pour s'en soucier. La poupée grimpe sur le lit et vient s'asseoir en tailleur juste à ses côtés. Sa main ne quitte pas la sienne pour autant. Et déjà, Izolda se sent un peu plus apaisée que lorsqu'elle était arrivée. Un sourire se forme sur ses lèvres au moment où elle baisse son visage. Cela la rassure un peu de l'entendre dire cela. Mais malgré tout, ils le savent bien. Leur union est en péril si quelqu'un venait à apprendre la tragédie qui frappait l'enfant. Quand bien même ils mentiraient à tout le monde, Iz ne pourrait pas lui faire ça. Elle ne pourrait pas l'épouser en sachant que sa descendance ne sera peut être pas issue de la terre. Qui est-elle pour jouir d'un tel égocentrisme ? Et puis elle l'aime trop pour le priver de ça, de cette joie d'apprendre à ses enfants comment manipuler la roche, comment contrôler son élément et apprendre à ne pas se laisser envahir par ce dernier. Alors, elle le sait, il ne lui restera que peu de choix pour éviter un énième scandale. Les paroles de Thomas résonnent encore dans son esprit. - Depuis que la fièvre m'a quitté, je n'y arrive plus, comme s'il s'était envolé, comme si la terre m'avait quitté Adonis. Elle se pince les lèvres, honteuse face à ses révélations. - Il n'y a que toi qui le sache. J'ai déjà suffisamment honte comme cela que je ne me risquerais pas à le crier dans toute la forteresse. Elle déglutit péniblement alors que son regard vagabonde sur l'épiderme endeuillé du prince. Elle n'ose pas le toucher du bout du doigt, de peur de lui faire mal, pourtant, elle n'a qu'une envie : le prendre dans ses bras et sentir son odeur lui réchauffer le cœur. - Assez parlé de moi, nous rediscuterons de nos fiançailles plus tard. Je vois bien que tu n'es pas en état de réfléchir pour le moment Adonis. Délicatement, elle se défait de l'étreinte de sa main et se relève de son lit. Elle se dirige ensuite vers ce que le médecin et les esclaves avaient laissé en vrac. Un rire non voulu glisse sur ses lèvres alors qu'elle pense aux esclaves. Est-ce là le sort qui l'attend ? Esclave ? Elle balaye ses pensées avant d'attraper un morceau de tissu qu'elle imbibe d'eau et d'une lotion à la lavande délaissée par le corps médical. Elle finit par se rasseoir au bord du lit avant de déposer le tissu sur le front du prince. - Ils ne savent pas prendre soin de toi. Tu vas bientôt guérir, tu es plus fort que tu ne le penses. Sa main retrouve la sienne et leurs doigts s'entremêlent. Izolda caresse son épiderme avec son pouce et pose ses iris bienveillants sur le corps endolori de son bien aimé. Elle l'aime si fort que la pensée de devoir, un jour, le quitte, lui déchire le cœur. Mais il le faudra pourtant, pour son bien, pour son avenir, pour les siens.

Un mince sourire se greffe sur ses lippes. Elle sourit Izolda, elle sourit alors qu'elle s'imprègne de l'optimisme de son cousin. Mais elle n'est pas dupe. Elle n'est pas naïve malgré son jeune âge. Peut-être ne la prend-on pas au sérieux avec son air juvénile ? La princesse le sent, elle le sent dans chaque fibre de son être, elle le sent dans son âme, dans son cœur, la terre n'est plus. Elle loue les bonnes intentions d'Adonis, d'essayer de la rassurer, de lui dire que tout ira bien tant qu'ils seront ensemble. Mais la vérité, c'est qu'il n'en sait rien. Ensemble, ceci est un fait mais à quel prix ? Perdre la couronne de granit ? Perdre tout ce qu'il a entrepris, tout ce qu'ils ont entrepris ? La gamine est une princesse jusqu'à la moelle et jamais, elle ne souhaite y renoncer. L'idée de n'être devenue qu'une lambda, d'être en dessous des mêlés lui donne la nausée. Izolda pose son regard sur la paume de ses mains, retenant une énième larme de couler. Parce qu'elle est fatiguée de pleurer, fatiguée de combattre tous les fléaux de l'empire. Ses iris ambrés se déposent sur le bijoux ornant sa main gauche. Symbole d'une alliance qui ne faisait que commencer, d'un avenir qui s'annonçait radieux. Tout ça s'est désormais envolé. - Peut-être. Peut-être ne suis je pas encore rétablie. Peut-être cela est-il normal. Peut-être vais-je retrouver mon élément. Mais je n'y crois pas Adonis. Elle se livre la gamine, comme elle l'a toujours fais en sa présence. Elle se met à nue et elle lui confie ses doutes et ses peurs. Parce qu'ils sont ensemble maintenant, pour le meilleur comme pour le pire. Et il semblerait que le pire est à venir. Izolda coupe rapidement court à la conversation, ne préférant pas s'attarder sur ses maux alors que le prince souffrait le martyr face à elle. Impuissante, elle essaye pourtant de le soulager comme elle le peut. Les souvenirs de son enseignement à l'académie sont vagues, mais elle se rappelle de l'usage de la lavande et c'est un sourire qu'elle arbore alors qu'elle le voit s'apaiser quelque peu. - Alors je trouverais d'autres médecins, meilleurs que ceux-là. Et je ne quitterais pas ton chevet tant que tu ne seras pas remis sur pied. La détermination peut se lire dans le regard de la fille de la terre. Fiancés ou non, elle ne l'aurait jamais laissé seul dans pareille situation. Mais maintenant son devoir est autre. Il est sien et elle est sienne. Ils ne font plus qu'un. - C'est une promesse. Ensemble, pour toujours. Elle le laisse s'allonger et délicatement, elle vient caresser son bras puis sa joue avant de passer ses doigts dans sa chevelure ébène. Iz pouvait lire les marques des derniers mois sur le visage d'Adonis, et cela lui serrait le cœur, bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Malgré la maladie, il trouve encore la force de lui insuffler de l'espoir et de l'optimisme. C'est bien pour cela qu'elle l'aime d'un amour sans faille. La gamine vient maladroitement embrasser sa joue avant de s'asseoir sur le rebord du lit. - Le suis-je vraiment ? Peut-être est-ce là un signe de l'ancienne religion, un signe qui prouve que la terre ne devait pas résider entre mes mains. La vie est ainsi faite Adonis. Nous ne contrôlons, finalement, rien du tout. Mais l'on trouvera une solution, le temps voulu. Je le sais, je le sens. Sa main dans la sienne, elle grimace quand elle le voit souffrir, essayant de résister à la douleur qui devait certainement l'envahir. Elle aussi a été victime de ce virus dont elle a bien cru mourir. Mais elle est là, plus forte que jamais, première des Griffith à s'être remise. Pourtant, on lui a retiré ce qu'elle avait de plus précieux, et ça, elle ne s'en remettra jamais. Alors qu'elle le voit trouver enfin une certaine paix intérieur, la porte grince et s’entrouvre doucement. Son regard féroce se pose sur l'esclave souhaitant changer les oreillers du prince. Profondément énervée d'être dérangée, la poupée se lève brusquement. - Dehors ! D'un geste de la main, envoie valser la porte qui claque et se referme violemment. Le loquet en métal se ferme tout seul avant de fondre en même temps que la serrure faite d'acier. Son bras retombe lourdement contre son corps alors qu'elle fixe la porte face à elle. Izolda arque un sourcil avant de froncer son regard. C'est ensuite sur ses mains que son regard se pose, incapable d'expliquer ce qu'il venait de se passer.

 S'il y a bien une chose qui anime la princesse, c'est son élément. Élevée comme la fille légitime de la terre, comme celle descendant de la noble lignée des Griffith, elle n'a toujours fait qu'une avec son élément. Malgré les difficultés à le maîtriser, malgré les interdictions à son apprentissage, malgré tout cela, ce lien n'a jamais failli. Pourtant, aujourd'hui, il a disparu. Il n'est plus et ça terrorise l'enfant. Parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle est sans la terre, sans cet héritage qui complète son âme. Elle ne plus qui elle est, pas même si elle se doit encore de porter le nom des Griffith alors qu'elle n'est guère mieux qu'une lambda. Ce sentiment lui tord l'estomac jusqu'à lui donner la nausée, alors que le virus semblait l'avoir quitté. Pourtant, il doit y avoir encore quelque chose en elle, quelque chose qui l'empêche de se retrouver pleinement, quelque chose qui lui coupe l'herbe sous le pied, littéralement. Mais elle ne veut pas embêter son cousin plus longtemps avec ses craintes et ses doutes. Si cela venait à embrumer l'esprit du roi légitime, elle ne s'en remettrait pas elle-même. Mais Izolda ne pouvait pas s'en empêcher, de venir courir dans les bras de son fiancé alors que son monde s'écroulait sous ses yeux. Parce qu'il est et a toujours été son roc, son point d'ancrage infaillible, le seul et l'unique. C'est bien en cela qu'elle lui a donné sa main et bien plus encore. Ce nouveau monde, ils le construiront à deux, quand bien même la terre l'aurait quitté, elle fera tout pour la retrouver, et ne reculera devant rien pour être à la hauteur du prince. Parce que c'est certainement cela qui lui déchire le plus le cœur. Ne pas être digne d'Adonis, ce messie promis par les Sept à un avenir radieux, celui qui délivrera le peuple d'Eartanera de l'Empire. Qu'est-elle finalement à ses côtés ? Princesse, mais cela suffira-t-il alors que son élément ne coule plus en ses veines ? Elle veut y croire mais l'envie de s'exiler reste ancrée dans son esprit, telle une voix qui résonne entre les parois de son cerveau. Elle aimerait, au moins, se rendre utile auprès de celui qui semble toujours malade. Mais le ton de sa voix est intransigeant. Là n'est pas son rôle et elle laisse échapper un soupir malgré elle. Une pointe de jalousie et d'agacement l'envahit alors qu'une mêlée se chargera du bien être de son promis. Peu habituée à ce qu'on lui refuse la moindre chose, Iz se doit de prendre sur elle alors qu'elle se contente d'un signe de la tête. Elle le laisse s'emparer de sa main et y entremêle ses doigts. Mais bien trop rapidement à son goût, Adonis se détache de ce contact. La poupée ne revendique en rien l'ancienne religion, elle ne fait pas non plus partie des plus pieuses vénérant les Sept, bien qu'elle ait du accomplir son devoir princier. Elle se raidit, ayant peur des mots qui pourraient sortir de la bouche du prince. Et elle ne préfère pas répondre à ses paroles, n'ayant de toute évidence rien à ajouter. Iz se contente d'un regard qui voulait dire je sais.
L'instant est redevenu calme alors que la porte s'ouvre, provoquant la colère de la princesse, qui ne se fait pas prier pour remettre en place cette esclave. L'émotion négative est forte et Iz ne réfléchit pas vraiment alors qu'elle fait un mouvement du bras au moment où elle se lèvre brusquement. Vestiges d'une époque où elle maîtrisait la terre. Pourtant, sous ses yeux, elle peut voir le métal de la poignée fondre et la porte se verrouiller. La surprise est immense alors qu'elle pose ses iris ambrées sur ses mains. Son regard passe de l'encadrement de la porte à ses doigts, sans réussir à expliquer cet exploit. Elle n'ose pas même bouger. Perdue face à elle-même, elle en aurait presque oublié la présence du prince, spectateur malgré lui de la scène. Elle ne fait pas attention à son fiancé qui s'extirpe de son lit jusqu'à ce qu'il vienne s'appuyer sur son épaule. Aucun des deux ne toise l'autre, comme une parfaite harmonie entre les Griffith. Elle le laisse observer la serrure, chercher des explications, s'interroger sur ce qui venait de se passer, elle était encore bien trop sous le choc pour tenter quoi que ce soit. Mais les questions du brun arrivèrent rapidement et il lui fallait donner des réponses. - Je.. Je l'ignore Adonis. Je ne sais pas, je.. C'est fondu c'est ça ? Elle peut trouver la réponse dans son regard et son hochement de tête. Complètement désorientée, la gamine ne sait pas comment elle a pu réaliser un tel exploit. A son tour, elle vient observer le dit loquet, sans réussir à saisir le sens de tout cela. - Tu crois que .. ? Que j'ai fais fondre ce métal ? Je n'ai jamais eu un tel pouvoir par le passé, je pense que je m'en rappellerais si cela avait été le cas. Izolda se précipite alors vers un des buffets trônant dans les appartements d'Adonis. Elle ouvre les tiroirs frénétiquement avant de trouver un bijoux fait de cuivre et d'or, orné de saphirs. La chevalière entre les doigts, elle la déposa délicatement sur les draps en soie qu'elle avait soigneusement lissé de sa main. Elle finit par se redresser, jetant un regard inquiet à son fiancé. - Il n'y a qu'une façon de savoir qui de moi et de cette lambda a fait cela. Il y a du cuivre dedans me semble-t-il, tout comme dans le loquet. La poupée a une idée qui peut être pourrait expliquer cela, elle se souvient de ces cours ennuyants dispensés à l'académie et étrangement une information lui fait sens, celle disant que le métal était extrait d'un minerai, lui même composant de la roche, de la terre, de son élément. Ses mains au dessus du bijou, elle plante ses iris ambrés dans ceux du prince, cherchant le soutien nécessaire qui pourrait peut être légitimer de nouveau son titre de future reine.

La jeune femme est tellement bouleversée par ce qui est en train de se passer qu'elle en oublierait presque l'état de son cousin. Elle le fatigue encore plus à essayer de comprendre ce qui n'est pas compréhensible. Mais tant de choses se bousculent dans son esprit qu'elle a simplement l'impression de tomber dans un gouffre sans fond. Son âme a été bien trop déchirée récemment, entre le lien brisé et le départ d'Asenath puis son élément qui n'est plus. La princesse qui a (trop) longtemps vécu dans sa tour dorée sans ne jamais avoir les ailes brûlées, est aujourd'hui accablée par le poids de la vie. Mais c'est une lueur d'espoir qui se présente à elle alors que le métal semble fondre sous la paume de ses mains. Elle n'en revient pas, et elle se met à espérer, sans avoir conscience que ses espoirs pourraient la briser en un rien de temps si elle n'était capable de rien. Rapidement, elle trouve un bijou et son regard reste figé dessus, comme si tout le poids de son avenir reposait sur cette chevalière oubliée de tous. La gamine a des sueurs froides et peut sentir son cœur s'emballer. Elle dépose l'objet en cuivre sur les draps en soie avant d'enfin se retourner vers Adonis, exténué. Son regard bienveillant se pose sur la silhouette de son fiancé et elle a des remords de l'avoir autant accablé de ses soucis. Mais il était son pilier et ce pour le reste de l'éternité. Elle ne se voyait tout simplement pas lui cacher une telle information. Et dans le fond, l'enfant avait besoin d'un réconfort que seul lui savait lui donner. Les lambdas ne sont rien. Cette phrase résonne dans son esprit, sans doute parce qu'elle avait peur d'en devenir une elle aussi. Peur de perdre tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle était. Le prince se relève difficilement et vient l'embrasser comme il savait si bien le faire. Izolda y répond, malgré le virus, malgré la fièvre, elle y répond parce que c'est ce qui lui semble être juste à cet instant. C'est l'unique chose qui lui fait sens, ses lèvres contre les siennes. - Je t'aime mais ménage toi Adonis. C'est un murmure qu'elle lui glisse à l'oreille alors que son front glacé est collé au sien brûlant. Elle finit par se concentrer de nouveau sur le bijou alors qu'elle peut l'entendre l'encourager. La gamine affiche une moue de réflexion alors qu'elle frotte ses doigts entre eux. Elle ancre ses pieds contre le sol, même si cela est très certainement inutile à présent. C'est la seule méthode qu'elle connaisse. La poupée fronce son regard alors qu'elle essaye des mouvements de mains pour faire fondre la chevalière. Mais rien, pas même un semblant de changement. Profondément agacée par son incapacité, elle serre ses poings si fort que le bijou finit par se fendre en deux, net et précis. Iz récupère les deux parties avant de se tourner vers son fiancé. - C'est bien moi. Adonis, c'est bien moi qui ai fait ça. Elle hésite entre sourire ou bouder mais malgré tout, elle y est arrivée. - Mais ça n'a pas fondu, ça c'est juste fendu. Et je pense que je ne peux pas encore le faire sur commande. Ça n'a marché que parce que j'étais en colère. Le métal est dur, tout comme l'est la roche et ce nouvelle apprentissage s'annonce ardu. Mais la princesse n'est pas de ceux à se laisser abattre trop longtemps. Après la terre, elle maîtrisera le métal comme si elle l'avait toujours fait. - Et je l'ai senti Adonis. La terre, je l'ai senti. Son précieux était toujours là quelque part, sous une autre forme, mais il était là et c'était tout ce qui comptait. Elle dépose un nouveau baiser sur les lippes du prince, un baiser chaste pour ne pas le fatiguer encore plus. - Maintenant, il faut que tu dormes un peu. Je t'ai bien trop épuisé et je veux que tu te rétablisses vite, tu me manques. La gamine prend sa main pour l'aider à rejoindre ses draps avec une douceur qui lui allait si bien.