Recroquevillée sur les pavés, la gamine peut sentir l'humidité des lieux perler sur ses bras dénudés. Elle ignore depuis combien de temps elle est là, des jours voire des semaines peut-être. La gamine pensait ne plus jamais fouler le sol de ces lieux infâmes, et pourtant, la voilà, tel un parasite cherchant l'obscurité. Pourtant, les murs ne lui sont pas familiers. Elle ne fut pas envoyée dans cette tour qui fut son foyer. Non, elle a l'honneur d'essayer une nouvelle demeure. Un rire presque automatique vient caresser ses lippes déjà bien desséchées. Svea n'a pas la force de crier, de se lever, d'imaginer quelconque plan pour sortir de là. Elle le savait, retourner dans les bas-fonds du palais signifiait pour elle, sa perte. Mais elle n'en a que faire, l'unique but de sa vie a été accompli. Elle n'a besoin de rien d'autre pour partir en paix et tenter d'enfin la trouver. Elle pose sa tête contre sa main, laissant ses cheveux roux recouvrir son épiderme livide. Elle ne sait pas combien de temps il lui reste. Elle ne sait pas si Isaure a prévu de venir la secourir. Pourtant tout était clair dans son esprit quand elle s'est sacrifiée pour sa sœur. Ça n'était pas pour la voir périr en tentant de la sauver. Sa vie pour la sienne, ça a toujours été limpide pour la gamine. Et la voilà, prouvant au grand jour jusqu'où elle est prête à aller par amour. La poupée n'en veut pas à son frère, Cal, de l'avoir mise là et de prévoir son exécution. Il fait ce que le peuple réclame, ce que la justice réclame. Mais la dragonne est morte, et ça n'a pas de prix aux yeux de la mêlée. Ses paupières se referment doucement, alors qu'un mince rayon de soleil se reflète sur sa chevelure. Elle s'assoupit le temps d'un instant. Puis un bruit sourd se fait entendre et elle sursaute. Une silhouette masculine s'avance vers elle et elle ne le reconnait pas de suite. Puis ses traits se distinguent et elle peut apercevoir le nouvel empereur face à elle. Un sourire se greffe sur ses lèvres alors qu'elle se redresse quelque peu, mais reste toujours assise dos au mur, face au Oshun. – Je suppose que ça y est ? Sa majesté est venue m'annoncer la sentence finale ? L'enfant adresse ses poignets menottés au souverain. – Je n'ai pas peur de la mort, je suis prête. De toute évidence, je n'ai fais que repousser mon destin depuis toutes ces années, n'est-ce-pas ? Elle tremble pourtant, un peu, beaucoup. Peut-être est-ce parce qu'elle ignore tout du châtiment qui l'attend, peut-être est-ce parce qu'elle a peur de souffrir. Mais elle sait qu'elle n'aura pas de traitement de faveur, qu'elle soit à moitié Oshun n'y changera rien. L'heure est venue et la poupée est prête à accueillir la mort.