« Tout le monde a bien compris c'qu'il avait à faire ? » Le prince Oshun balaya des yeux ses hommes, parfaitement alignés en quatre rangées, avant de reporter son regard sur son objectif. La place forte qui se tenait de l'autre côté de la plaine. Herindy, fief des K'han. Mais Maven n'avait certainement pas le temps d'admirer le paysage. Il était là pour mettre à mal une nation, pour faire trembler la couronne de granit jusqu'à la voir se fissurer. Puis tomber au sol et redevenir poussière. Un moment qui ne tardait que trop, selon lui. C'était sa propre guerre que le blond allait jouer, l'assouvissement de cette divine vengeance qui lui rongeait les entrailles. Trouver @Adonis Griffith parmi la foule, bien qu'il douta que le parfait petit prince soit du genre à s'engager dans la mêlée. Mais si Maven réussissait à mettre la main sur lui, un seul d'entre eux en sortirait vivant. Parce qu'il ne pourrait battre en retraite face à celui pour qui il nourrissait une haine inextinguible. Accompagné de @Loras Harlaw et de tous les autres soldats de la couronne, le sauvage comptait bien obtenir une victoire complète et superbe. La mort de milliers de petits eartanariens. Une perte minime. Le prince Oshun rêvait de les voir tous mort, gisant à terre dans des flaques de sang. Un rêve macabre. Sa propre vision du paradis. « En route. » Grimpé sur son massif destroyer noir, le cadet royal prit place en première ligne. Il mènerait l'attaque. Après tout, il avait ardemment insisté pour cela auprès de Cal. Maven voulait être le premier à pénétrer dans la citer ennemi. Le premier à donner la mort. Il tint sa monture immobile, attendant sagement que l'armée royale vienne se place derrière lui. Oubliée l'humanité. Désormais, il n'était plus que ce farouche guerrier, plein de détermination et de hargne. « J'espère que tu es là, Adonis. J'espère franchement que tu es là. » Alors qu'il attendait que les forces de la couronne se mette en place, il sentit une puissance invisible venir renforcer sa détermination de fer. @Harald Swanson se tenait là, à ses côtés. Il était d'avantage son frère que tous les @Cal Oshun du monde. « Si j'tombe, rapporte ma dépouille à Launondie. » Pas d'adieux larmoyants, pas de dernière embrassade avant de partir à la mort. Les yeux dorés du prince trouvèrent ceux du fils du feu. Une promesse silencieuse. Une amitié au-delà de tout ce que Maven avait connu. Leur lien était inexplicable, au-delà de ce que les mots pouvaient exprimer. Et tous les deux en portaient la marque, sur le haut de leur épaule gauche. Une cicatrice spiralesque gravée au feu de leurs doigts. Les mêmes hommes. Mais des destinées différents. (...) La bataille faisait rage, tout autour du prince Oshun. Son fidèle destrier avait quitté la partie depuis bien longtemps et, désormais, il offrait la mort aux eartnariens les pieds sur terre. Son épée fétiche dégoulinait du sang de ses ennemis. Il était au coeur de la mêlée depuis longtemps, trop longtemps. Pourtant, le fils du feu n'était pas fatigué. Au contraire. Il exultait, se sentait enfin vivant au milieu de ce chaos sans nom, de cette cruauté exaltée. Maven assénait la mort à qui se trouvait sur sa route, avec la seule ambition d'enfin pouvoir mettre la main sur celui qu'il était venu débusquer jusqu'à Herindy : @Adonis Griffith. Et c'est alors qu'il l'aperçut, non loin de là. Enfin. Enfin l'heure tant attendue était arrivée. Se détournant de son objectif principal, le sauvage se tourna en direction de son ennemi héréditaire : « Adonis ! » Avant de jeter dans sa direction un cadeau de retrouvailles : une brûlante boule de feu.

A peine de retour d'exil, l'enfant sauvage avait déjà froissé le grand @Thomas Griffith et la prestigieuse famille K'han, qu'il avait tant outragé par le passé. Mais s'il se tenait à Herindy, au seuil de la guerre et plus près de la mort qu'il ne l'avait jamais été, c'était pour son souverain légitime. Le seul qui était resté à ses côtés, malgré tout : @Adonis Griffith. Après avoir sournoisement slalomé entre tous ces visages familiers peu accueillants, le Ravenscar avait finalement retrouvé son meilleur ami : « T'oublieras pas de préciser à Gunnar que ce n'est pas moi, l'ennemi. » Possible que son ancien frère d'adoption soit encore énervé suite à ses fiançailles rompues et ce, à cause de la promptitude de Kaz à chasser toutes les demoiselles croisant sa route. Mais il abandonna bien rapidement son chef suprême à ses occupations afin de revêtir son armure argentée et d'affûter cette tranchante lame qui ne le quittait plus depuis son adolescence. Une minuscule silhouette qu'il ne connaissait que trop bien, pour avoir passé des nuits entières avec elle, attira son regard azur. @Kathara Martell, la belle enfant des bois. A pas de velours, le chasseur s'approcha d'elle : « T'es bien certaine de vouloir faire ça ? » Quelques derniers mots échangés avant de retrouver sa monture baie bien aimée, une douce créature peu craintive avec qui il avait parcouru les forêts d'Eartanera. L'infidèle chronique, incapable de s'attacher, n'avait jamais autant aimé une femme que cette jument. Pitoyable. (...) Rapidement séparé de ceux qu'il comptait pourtant protéger, Kaz chercha vainement des yeux ces autres qu'il connaissait depuis sa plus tendre enfance. Deux maîtres de l'air s'approchèrent alors de lui et son coeur se serra, trop brièvement pour qu'il le réalise, à l'idée que @Silke Vasara puisse être impliquée dans cet affrontement, elle aussi. « Alors mon mignon, t'as perdu tes copains ? » Le Ravenscar soupira prodigieusement. C'était bien sa veine, de tomber sur deux abrutis pareils. Incapable de maîtriser la terre ou du moins, trop peu pour être dangereux, l'impétueux feinta à gauche pour mieux prendre appui sur ses genoux fléchis avant de porter un coup décisif au niveau de la faille basse de l'armure de son adversaire.

Désastreuse enfant mêlée, elle ne pouvait rester à distance, pas quand sa plus belle moitié était menacée par les furieux ennemis flamaeriens. Les murmures et les rumeurs se sont insinués jusqu'à son cœur, alimentant ses pires craintes à l'égard du prince de la terre. La cavalière s'incline, son corps épouse celui de la jument, cavalant là où se tourne tout les regards : Herindy. Son cœur se gonfle d'un espoir absurde alors qu'elle se joue du temps qui s’effrite entre ses doigts pour parvenir avant que les guerriers de feu n'atteignent leur cible. Elle crève de trouille, Aléa, elle n'a jamais eu aussi peur de toute sa vie. Ses talons claquent, pressant sa monture alors que l'ombre de la demeure des K'han s'étend sous ses yeux. La guerre éclate dans les cieux, le vent portant les bruits des hommes qui s'affrontent dans un combat sans issue. Les minutes qui la séparent du champ de bataille semble s'éterniser, jouer en la défaveur de cette protectrice qui n'a pas été en la hauteur du précieux maître qui lui avait été confié il y a de cela des années. Elle saute pratiquement du cheval lorsqu'elle arrive aux abord du fief de son meilleur ami. Elle est terrorisée, Aléa, elle jette un regard apeurée partout autour d'elle, à la recherche du moindre signe de son prince. Est-ce qu'il est ici? Est-ce qu'Adonis Griffith est ici? Elle en oublie les nouveaux titres que porte cet être si cher à son cœur. @Adonis griffith. Le doigt d'une domestique se tend vers la marée guerrière, un point, parmi tant d'autres, mais avant tout un guerrier chevauchant une jument blanche. le cœur de la douce loupe un battement. Il me faut une armure. Vite. Elle exige, vulgaire petite mêlée, mais elle obtient ce qu'elle désire, bien trop autoritaire pour que l'on ne vienne la contrariée. Elle est impatiente, elle s'arrache au main de celle qui l'aide à s'habiller avec précipitation, se lançant dans la mêlée. Elle joue des coude, furieusement, sans le moindre ménagement, elle n'a qu'une seule idée : le retrouver. Son cœur cogne douloureusement contre sa cage thoracique. Elle se brise, stupide créature qui avait eut la bêtise de quitter la seule personne qui l'ait toujours manifester de l'amour. Il semble loin, trop loin, hors d'atteinte. ADONIS. Son hurlement déchire le ciel alors qu'elle est a portée de voix, à portée de regard... Et que ce furieux prince des flammes vient s'en prendre à celui qu'elle chérit avec tant de ferveur. Et pourtant, il est encore hors d'atteinte, incapable de réellement le retrouver, spectatrice de ce combat sanguinaire qu'elle ne peut empêcher sans entacher l'honneur de l'enfant de la terre.

Un sourire carnassier étira les lèvres gercées du petit prince du feu, lorsque sa sphère flamboyante effleura le bras d'@Adonis Griffith. Pas assez pour le mettre hors d'état de nuire, mais suffisamment pour l'handicaper quelque peu. Cependant, Maven ne se faisait pas de soucis. Son ennemi était peut-être charismatique à souhaits mais cela ne lui servirait de rien, sur le terrain. « Alors Maven, encore venu faire le sale boulot de ta fratrie, hein ?! » Mais il n'était plus vulnérable, l'impétueux prince de sang. Oh que non. Habité par le dieu de la guerre, il avait laissé ses émotions humaines derrière lui. Plus d'humanité, seulement une violence déchaînée et une haine bouillonnante. « J'ai demandé à Cal l'honneur de pouvoir lui ramener ta tête. Il a dit oui. » Fendant le coeur de l'affrontement d'un pas déterminé, il se retrouva bien rapidement en face de son autre lui. De son antithèse parfaite. La terre et le feu. Le brun et le blond. Le soleil et la lune. Le Monstre avait appris à se battre depuis son plus jeune âge, tant et si bien que sa précieuse épée était devenue sa meilleure amie. Quant au prince sans couronne, ses compétences se résumaient plutôt en sourires charmants et mensonges perspicaces. « T'aurais pas dû v'nir, Adonis. Tu vas mourir ici. Maintenant. Et crois-moi quand j'te dis que j'vais y prendre du plaisir. » Réplique suivie d'un énorme éclat de rire. Au milieu du champ de bataille. Ses bons vieux démons revenaient hanter ses yeux dorés. Mais il ne pouvait se retenir, le cruel, alors que son adversaire échouait à maîtriser cette terre pour laquelle il se battait pourtant. Il fit tournoyer dangereusement sa larme aiguisée autour de lui avant d'asséner un coup violent, du plat de son épée, sur le bras déjà abîmé d'Adonis. Le mettre à terre, à genoux, le voir supplier, voilà ce que Maven désirait. Et après cela, il prendrait sa vie. Et sa tête.