Son aînée était arrivée quelques jours après la première vague des nouveaux résistants, sous le regard froid de sa cadette. Elle n'avait aucune envie de se heurter au jugement de sa sœur, alors qu'elle ne se pardonnait pas elle-même de la tournure des événements. Elle repoussait l'échéance ultime où elle serait contrainte de lui faire face. Elle détalait dans les couloirs à chaque fois que l'ombre maternelle apparaissait, à travers elle, c'est tes propres sentiments que tu fuyais parce qu'elle avait la fâcheuse tendance de faire ressortir toutes ses faiblesses. Autant dire qu'elle n'était pas la personne à fréquenter alors que son cœur était à l'agonie, incapable de se relever après les pertes qu'il avait eu à encaisser. Et pourtant, l'échéance était arrivée à son terme alors que tu avais trouvé refuge dans le grenier familial. Les nouveaux occupants ne s'étaient pas encore risqué dans ses lieux, si ce n'est pour entasser les vieilleries dont ils n'avaient pas besoin. La Wolffhart s'y réfugiait bien trop souvent, désillusionnée, ses brisures pour seules compagnies. Cette petite habitude n'avait pas dû échappé à la plus âgée des sœurs car c'est elle qui apparut, non sans avoir été annoncée par le craquement du vieux parquets. La ténébreuse avait laissé échappé un soupire, agacée et lassée d'être traquée de la sorte. Elle roulait finalement des yeux alors qu'elle quittait le meuble contre lequel elle était installée pour rejoindre le sol. Elle réajustait sa tenue sans pour autant relever le regard vers sa chaire et son sang, alors que sa frimousse signais à la négative. Qu'est-ce que tu veux, Hilde? Tu dois te réjouir de toutes ces conneries.  Incisive et vénéneuse, la belle était insupportable avec son aînée. A croire qu'elle lui en voulait pour d'obscurs raisons... Des raisons qui lui échappaient, même à elle. Elle venait ancrer son regard dans celui de l'autre, glaciale, brisé, embrasé par une lueur de désespoirs qui se distillait dans toutes les parcelles de son corps et de son âme. Tu n'as jamais approuvé cette relation. Ni aucun autre de mes choix... Elle est rongée, dévastée, elle n'est plus que noirceurs et ténèbres.

Les moyens que j'ai utilisé pour l'en convaincre? Quels moyens au juste? Je n'ai pas eu besoin de la supplier. A dire vraie, je n'ai pas eu besoin de lui demander quoi que ce soit, c'est elle qui est venue à moi pour m'offrir ce que nous avons toujours mérité. La maison Wlffhart mérité son sang argent, mais Hettie le voulait-elle pour longtemps? Si la petite bourgeoise désillusionnée avait aspirée à cette noblesse, ce n'était plus le cas depuis longtemps. Si elle se battait, encore aujourd'hui, c'est pour qu'Hedda ait tout ce qu'elle avait toujours désiré. Elle aurait tout fait pour elle, cette sœur miroir, même abandonnée sa propre vie. Ainsi donc, c'était une relation... Pour toi j'imagine, mais pas pour lui. Lex a toujours été... particulier avec les femmes. Il est noble, marié, Osanos... Tu t'attendais à quoi ? La ténébreuse était clouée au sol. frappée par la brutalité des propos de son aînée. Des propos qu'elle avait déjà entendu de la bouche du patriarche Osanos. Une douleur foudroyante vient s’emparer du cœur déjà brisé de la brune... Et dans ces cendres de désespoirs, c'est l'essence même d'une rage dévastatrice qui prend forme. les poings de l'enfant terrible se serre, alors que les muscles de sa mâchoire se serre. Et pour la première fois, les larmes viennent envahir ses orbes sombres sans qu'elle ne parvienne à les contenir. Elle ne pleure pas, la fille des océans, elle ne pleure devant personne... Et pourtant, les larmes se déversent sur ses joues et viennent crever sur ses lèvres. Elle les balaie de ses mains, espérant de les effacer, mais d’autres viennent remplacer celle qu'elle a chassé. Tu ne sais pas. Elle a dû mal à parler, son cœur à l’agonie l'empêche de respirer correctement. Elle est essoufflée, asphyxiée par le poids de son absence. Elle ne sait pas quoi, au juste? Ce qu'il est? Tu ne le sais pas toi même. Tu doutes, de plus en plus souvent, sur les intention de ce bougre de prince des mers. Il ne t'a pas retenue lorsque tu es partie... Et pourtant tu refuses de croire que tu avais été une fille parmi tant d'autre, que ce que vous aviez partagé, il l'avait partagée avec d'autres que toi. Cette perspective t'empêche de penser correctement, elle te torture l'esprit et les méninges. Tu crois tout savoir de lui, de moi, de ce que nous étions. Tu crois avoir toutes les connaissance parce que tu es l'aînée... Mais la vérité c'est que je n'y arrive pas, Hilde, je n'arrive pas à vivre sans lui... Je me sens dépossédée de tout ce que je suis, je n'arrive plus à penser, à réfléchir, parce que son absence est une agonie. Elle n'avait jamais dis à personne. Même pas à elle-même. Elle chancelle, anéantie par ses propre émotion. Elle trouve un appuie contre un meuble, se penchant légèrement en avant pour essayer de respirer, de faire cesser la douleur qui étreint son palpitant. Son visage est baissée, pour ne pas que l'aînée voit les larmes ravagées ses traits. Elle déteste être comme cela, aussi faible, aussi vulnérable... Elle est tellement loin de ce qu'elle était.

L'enfant terrible des eaux secouait sa frimousse à la négative, signifiant à l'aînée qu'elle se trompait à propos des manigances qu'elle avait orchestrée au cours de ces derniers mois. Hilde ne connaissait pas les détails de tous les projets entrepris par ses deux jeunes sœurs et pour cause, Hettie s'était bien gardée de le lui révélé toutes les facettes de ce jeux dangereux. Lex ne faisait pas partie des projets que j'avais avec Merle, il n'a appris que tardivement ce que je comptais faire et il n'a nullement pesé dans la balance, au contraire. Si Merle désirait nous anoblir, c'était au nom de l'amitié qui nous liait... Mais elle a découvert ce qu'il y avait entre moi et son père. ne pas nous anoblir, c'était sa punition, sa façon de me montrer qu'elle était contre cette relation. Elle prend une inspiration, profonde, elle puise ce qu'il lui reste de ressource pour parvenir à expliquer les nuances de cette partie d'échec qu'elle a perdue parce qu'elle a eut le malheur de tomber amoureuse. Elle laisse échapper un soupire alors qu'elle détourne le regard, pour ne pas avoir à affronter le regard de son aînée alors qu'elle se confiait sur ses sombres projets transformée en cendre. C'est vraie que je m'étais approchée de Lex avec l'espoir qu'il puisse faire quelques choses pour notre famille... Il a appris que je me jouait de lui, tout comme j'ai appris qu'il se jouait de moi... mais c'était il y a des mois... Cela ne nous a pas empêcher de continuer, encore et encore, sans rien attendre si ce n'est se retrouver. Puis la faille, la brisure. La ténébreuse crache ses sentiments, elle se brise en mille morceaux, se fane, elle ne parvient même plus à tenir debout/ Ses genoux fléchissent pour retrouver le sol, alors que l'étreinte de sa soeur vient se refermer sur elle sans qu'elle ne pense à la repousser. Elle pose sa main sur le bras de Hilde, alors que les sanglots secouent ce corps, dépouillée de toute ses forces, fatigué de combattre la douleur infligé par ses sombres sentiments. Elle s'accroche au cœur de sa sœur, parce qu'elle est incapable de continuer, elle est incapable de combattre cette noirceur. Si elle était restée aussi forte jusqu'à présent, c'est parce qu'elle savait que si elle s'abandonnait à ses sentiments, elle ne parviendrait plus à en échapper. Elle pleure, incapable de retenir ses sanglots alors que son corps tout entier est sujet à des soubresauts et des tremblements. Tu ne comprends pas Hilde, ce n'est pas lui qui m'a quitté... C'est moi... Je me suis fais ça toute seule... Et maintenant je suis obsédée à l'idée de le récupérer.

Ce n'était pas sa punition, c'était un prétexte, un prétexte que vous lui avez servis sur un plateau d'argent. Merle ne nous aurait jamais anoblis, elle connaît mon implication au sein de la résistance, notre implication, elle connaît mes liens avec Atalante, rien que pour ça, elle n'aurait jamais pris le risque de nous élever à ses côtés. Alors si tu dois en vouloir à quelqu'un pour cet échec, c'est à moi qui tu dois t'en prendre, parce que c'est moi qui ait entraîné notre famille dans ce mouvement, peut-être pour les mauvaises raisons, au fond. La fille des eaux se laisse bercer par la voix de son aînée. Mélange désordonnée entre l'apaisement et la colère assourdissante qui ne cesse de grandir en elle. Elle ne veut pas de cette effroyable vérité, parce qu'au plus profond d'elle même, elle nourrit encore l'espoir absurde que son amie est toujours là, quelques part, dans les profondeurs de cette usurpatrice qui n'est qu'une carcasse vide. Désillusionnée et blessée, elle ne sait plus trop quoi en penser. Non. Tu te trompes, la preuve en est, elle a accepté de garder Hedda auprès d'elle, elle a accepté à ses côtés. Tu n'as pas à porter le mois de mes erreurs. je suis la seule responsable et je ne peux m'en prendre qu'à moi même... Les mots s'enchaînent, à fleur de peau, c'est à peine s'ils s'échappent de ses lèvres. A bout de souffle, à bout de nerf, ses mots décousu ne sont que le reflet de son esprit détraqué par la douleur. Le message est pourtant clair. L'esprit rebelle des sœurs miroirs se serait embrasée pour la résistance avec ou sans Hilde. ce sont des libres penseuses qui ne s’embarrassent pas des chaînes qu'on leur impose. Elle tente de s'apaiser de chercher une once de réconfort, mais le prince des Océans est une ombre qui l'enveloppe entièrement, il est partout, s'infiltrant dans toutes les parties de son être. il la possédait, toute entière, sans qu'il n'ait jamais eu besoin de l'exiger. C'était peut-être déjà un peu trop... Les doigts s'accrochent encore un peu plus contre le bras de l'aînée des filles Wolffhart, avec tant de force qu'ils doivent rougir sa peau de pêche. Elle retient un nouveau sanglot. Au delà de sa chaire et de son sang, l'enfant terribles des sept mers ne s'étaient jamais autorisée à aimer, elle ne connaissait d'ailleurs rien de l'amour, c'est peut-être pour cela qu'il lui avait été aussi facile de se prendre à ce jeu dangereuse. Elle pleure,s ans qu'aucune larmes ne viennent couler, parce qu'elle a déjà trop pleuré, la môme, elle a déjà exhorté toutes la tristesse liquide que son corps pouvait contenir, mais elle pleure encore, inconsolable. Les mots ne suffisent pas, puisque son cœur est incapable de les entendre. Je sais. Je sais que tu veux le récupérer, je vois bien à quel point tu es attaché à lui. Mais je ne serais pas ta sœur si je ne te mettais pas en garde, je sais que ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre mais la situation est trop délicate pour que je te pousse à suivre ton cœur en cet instant précis. Par contre, je peux te promettre d'être là pour toi en attendant. En attendant d'y voir plus clair, en attendant de comprendre et de s'assurer de sa réelle position... Toute cette histoire fait de toi l'appât rêvé pour Merle, et je n'ai pas envie de te perdre Hettie. Peut-être que tu m'en veux de te dire tout ça, mais j'espère au moins que tu comprends que tout ça, je le dis dans ton intérêt et surtout, pour ta survie. La plus grande menace ne venait pas de Merle. Si elle était incapable de supporter l'idée que son propre père puisse s’amouracher de l'une de ses anciennes amies, si elle s'était montrée cruelle, elle n'avait jamais menacé la vie d'hettie... peut être parce qu'elle savait que ce qu'elle lui avait fait mui infligerait bien plus de douleur que si elle lui avait pris sa vie. Non, la menace ne venait pas de Merle, pas réellement... Elle venait de ce chef de la résistance qui avait toujours chercher un moyen d'atteindre son frère... Mais encore, cela ne fonctionnait que si elle comptait un tant soit peu pour l'Osanos. Et même cette certitude s'était envolée alors que la voix du faux rois raisonnait "tu es comme toute ces autres". Une de plus. C'est tout ce que tu étais. Il ne ferait jamais rien pour me faire du mal. Tu n'y croyais pas toi même. pourtant, tu aurais voulu t'accrocher à cette certitude, te gaver de cette illusion exquise qui t’aurais maintenue en vie. Tu flirtais trop souvent avec le danger, happé par l'espoir que ta perte puisse le toucher, puisse déclencher une quelconque forme d'attention. Tu avais besoin de compte dans ses yeux, d'exister, de te sentir aimer et désirer. Tu t'accroches encore à ta sœur, alors que ta voix crève, elle n'est qu'un murmure que l'on saisit à peine. Je ne veux que lui.

Elle est fatiguée, l'enfant terrible des Wolffhart, elle est épuisée, bien peu habituée à laisser libre court à ses émotions, à s'abandonner de la sorte. La douleur frappe furieusement contre ses tempes, alimentant la douleur qui se répand dans chaque parcelle de son corps. Elle n'est plus qu'une carcasse, rongée par la souffrance et l'agonie de ses décisions. Elle ferme les yeux, fait disparaître ses iris sombres sous des paupières trop lourdes, trop exténuée. La voix de son aînée lui parvient, lointaine, hors de portée. Lui, non, probablement, il était peut-être le plus humain de la fratrie, avec Atalante... Mais il reste Johann, il reste Merle, il reste bien assez de nobles avides de pouvoir pour jouer avec nous tous... Un gémissement franchit le seuil des lèvres de la ténébreuse alors qu'elle secoue son visage à la négative, luttant contre les mots préférés par sa sœur. Elle ne veut pas, elle ne peut pas y croire, c'est bien trop douloureux. Elle sombre doucement, la famille des océans, elle se laisse ensevelir, réduite à une môme, incapable de supporter le poids d'un amour perdu. Elle referme ses doigts contre la robe ébène de l'autre fille des eaux, comme pour se raccrocher à la réalité. Mais elle sombre, emportée par un torrent émotionnel bien trop destructeur. Je sais...  Mais il va falloir que tu te reprennes, tu ne peux pas te laisser happer ainsi, pas ici, pas maintenant. Il est à Azurite, il est avec Merle. Tu es ici, avec Diana. Promets-moi de ne pas te jeter dans la gueule du loup Hettie... Promets-moi de faire la part des choses, même si ça fait mal, même si ça te brûle les poumons à chaque respiration... Je sais que tu as la force en toi de supporter tout ça Hettie... Promets-le moi.. La vérité, c'est qu'elle préférerait crevé plutôt que de sentir une seconde ce qu'elle ressent à cet instant. Elle serait prête à s'oublier, s'éteindre, pour oublier toute notion d'humanité et cédé aux enfers délicieux qui la maintiendrait la tête hors de l'eau. Elle ne sait pas, Hettie, elle n'a jamais su, faire la part des choses, bien trop intense, trop volcanique, elle ne réagit pas, elle fonce, elle ne pense pas, elle se confronte, directement, quitte à se perdre quelques part en chemin. Je te le promets. Qu'elle murmure sans y croire. A demi consciente, elle s’effondre, se laisse emporter par des songes plus doucereuse, là où elle peut échapper à ses démons, pour un temps, un temps seulement, car la réalité reviendra la happé, plus cruelle et dévastatrice que jamais. Elle s'abandonne, protégée, dans les bras d'être sœur qu'elle n'a cessé de repoussé mais qui lui offre tout ce dont elle avait besoin.