pseudo et prénom ‹ labonairs, jordane. âge ‹ les rides commencent à apparaître, je pleure. comment as-tu trouvé le forum? ‹ parce que j'ai le swag, duh. pays ‹ le pays de la pluie, de la mauvaise bouffe et des gens trop polis pour leur propre bien. fréquence de connexion ‹ tous les jours, c'est même scandaleux. votre avis sur le forum ‹ de toute bôôôôôté. parrain ? ‹ mdr moi. smiley préféré‹   gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Il l'a aimée, de toutes les façons dont on puisse aimer. Il l'a aimée lorsqu'elle se faisait guerrière, défiante de l'autorité paternelle, maîtresse de sa propre destinée, combattante indépendante. Il l'a aimée lorsqu'elle se pliait aux ordres des Belikov, femme de, fille de, jamais rien d'autre qu'une créature sans existence propre. Il l'a aimée quand elle le repoussait, l'a aimée quand elle l'aimait, a continué de l'aimer même après. Il n'a jamais eu la certitude qu'elle l'aimait vraiment, en réalité. C'est le problème avec Rayna, on ne sait jamais si elle plaisante quand elle susurre des je t'aime à l'oreille avant de la mordiller, si elle pense ce qu'elle dit, dit ce qu'elle pense. Même après des mois de relation, Mance était incapable de la cerner entièrement, dévoilant des pans entiers de sa personnalité tout en refermant d'autres. Son esprit était un labyrinthe dans lequel il se perdait aisément, cherchant à la découvrir sans jamais y parvenir entièrement. Mais même la certitude qu'elle resterait toujours un mystère ne le prémunit pas de la trahison. Ses poings se serrent encore quand il en parle. Ca fait dix ans, mais il n'en a rien oublié. Rayna et l'Autre. L'Autre, auquel Mance n'a jamais attribué de prénom pour ne pas le rendre concret, pour ne pas en faire un être réel, avec une vie, une personnalité, une histoire. Le souvenir est brumeux, volontairement défiguré pour mettre l'emphase sur elle, ses courbes lascives, ses mains baladeuses, ses lèvres épaisses qui se perdaient d'ordinaire sur lui plutôt que sur l'Autre. Rayna n'a jamais perdu ni son calme, ni son aisance, encore moins son charisme. Devant l'air interdit de Mance, elle s'est contentée de se lever du lit aux draps froissées, nue, désirable, pour l'embrasser. Il y avait dans le geste quelque chose de tendre, de spontané, comme si elle ne comprenait pas le problème. Il croit d'ailleurs qu'elle n'a jamais compris qu'il y avait un problème, même lorsqu'il l'a repoussée violemment. Ses sourcils se froncèrent, le fixant avec une surprise non-dissimulée. Pas une seule fois il ne lui vint à l'esprit de se rhabiller, ni même de congédier l'Autre. Elle se contenta de donner une version de l'histoire, la sienne, peut-être la vraie. « Mance... » avait-elle murmuré, non sans une pointe de tristesse et d'incompréhension. « Tu manques de subtilité ». Il n'oublia jamais ce mot. Subtilité. Parce que Mance était dans l'action, dans la réaction, dans l'immédiat, l'instantané. Il était dans le concret, jamais dans la nuance. C'était la raison pour laquelle il ne maîtrisait pas l'air, la raison pour laquelle Rayna lui avait toujours échappé plus qu'elle ne lui avait appartenu. « Tu ne comprends pas. Tout le raisonnement t'échappe. Tu réduis tout à du blanc, du noir, tu n'as jamais saisi les mille nuances de gris entre. » Elle lui offrit l'un de ses sourires mutins, effleurant ses lèvres du bout des siennes. « Il y a toi. Il y a lui. Il y a les autres. Une infinité de nuances sur le spectre des émotions. Tu te montres possessif mais tu ne me possèdes pas. » Il se souvient encore du ton de sa voix, calme, pédagogue, comme un adulte aurait expliqué une leçon à un enfant. « Pas maintenant, ni jamais. Tu sais bien que ma véritable place n'est pas auprès de toi. Abraxas a d'autres projets pour moi. » A cet instant-là, Rayna redevint l'enfant effrayée par un paternel à l'influence démesurée sur sa progéniture. Sur elle, mais aussi sur les deux autres. Elle redevenait Belikov, plus qu'elle ne serait jamais Rayna. Mance n'a jamais compris. Elle avait raison. Il n'a jamais voulu comprendre. Lui n'a vu qu'à travers son prisme déformant, le miroir de ses propres sentiments qui ne reflétait jamais vraiment celui de la Femme. Alors il a choisi de la détester. Il la déteste encore.


Volastar n'avait jamais eu le même goût, depuis qu'elle était partie. La maison dans laquelle ils avaient grandi à deux sous l'oeil d'une mère dépassée, dans laquelle ils avaient créés tant de souvenirs, encore bercés par les éclats de rire, lui semblait bien vide sans la grâce caractéristique d'Amara pour lui donner vie. Sans elle, l'endroit était fade, triste, rempli de fantômes dont personne ne parvenait à se débarrasser. Comme si le temps s'était arrêté après son départ, laissant l'aiguille de l'horloge éternellement en pause, retenant son souffle, attendant le moment où elle pourrait se ranimer sous les doigts enchanteurs d'Aleya. Leur mère avait perdu tout contact avec la réalité depuis longtemps, quelques années après qu'Amara eut disparu. Elle n'avait de toute façon jamais été la même depuis la mort de leur père, et tout brave Mance s'était-il montré, il n'avait jamais su occuper pleinement le rôle de fils de famille, d'homme fort, de guide. Il avait laissé Amara disparaître, laissé sa mère s'enfoncer chaque jour un peu plus dans la démence, il avait failli à tout point de vue. Il avait fait le choix de s'installer à Launondie, sans doute par égoïsme, parce qu'il ne supportait plus de rester prisonnier de leur passé, de ses échecs, dans une maison vidée de son âme, vidée de tout ce qui l'avait un jour rendue chaleureuse. Mais à l'inverse de ses précédentes visites, celle-ci avait un goût d'espoir qu'il n'avait plus connu depuis des mois. Sur le seuil de la porte, frêle, épuisée, abîmée, se tenait sa sœur. Ses cheveux blonds manquaient de brillance, sa peau semblait plus blanche que jamais et son regard ne possédait plus l'éclat de l'innocence poupine qui l'avait si longtemps caractérisée. Mance s'était préparé à la retrouver, depuis qu'il avait pris la décision de mettre un terme radical au lien toxique l'unissant à sa démone d'Adiutor. Son regard aiguisé la dévisagea, cherchant la moindre trace de blessure dont il serait responsable, le moindre signe d'excès dans son choix de méthode. Il avait fait ce qu'il devait faire, sans hésiter, avec le calme qu'il mettait toujours dans ses prises de décisions. Comme il l'aurait fait sur un champ de bataille – et la métaphore ne lui sembla pas si inappropriée pour caractériser Amara. Son professionnalisme, son détachement, s'évanouirent à l'instant où elle fondit en larmes. Sans rien dire, il se contenta d'avaler les quelques mètres qui le séparaient d'elle, pour la prendre dans ses bras, la serrer contre lui, enfouir la tête blonde contre son épaule et l'entourer d'une étreinte protectrice. Il la laissa pleurer, déverser des mois d'absence, de honte, peut-être de soulagement en caressant ses cheveux, humant le parfum si familier de sa petite sœur. Elle tenta de dire quelque chose, mais les mots s'étranglèrent dans un sanglot. Mance ferma les yeux, se contentant de la serrer plus fort contre lui. « Tu es rentrée, c'est tout ce qui compte » finit-il par murmurer. Oubliés, les égarements qui avaient amené Amara à se laisser corrompre par la manipulation de Feyre. Oubliées, les années sans elle, à lui reprocher de n'avoir pas su se défendre. Il l'avait retrouvée. Plus rien n'avait d'importance.


A Mance, on avait toujours reproché sa parfaite neutralité, l'indifférence de ses traits que beaucoup prenaient – à tort ou à raison – pour de l'arrogance. Il y avait pourtant une personne, une seule personne, capable de réveiller en lui les pires instincts, la haine viscérale prenant naissance dans ses tripes pour se déverser dans un flot continu de rage, de pulsions meurtrières, de perte de contrôle. Il s'était méfié de Feyre dès leur première rencontre, lorsqu'elle se pavanait aux côtés d'Amara sans réaliser qu'elle n'était pas censée avoir le premier rôle de leur duo. Il y avait quelque chose chez elle de terriblement malsain, comme une mauvaise herbe prenant racine, innocente à première fois mais hautement vénéneuse. « Je ne lui fais pas confiance » avait-il murmuré à l'oreille d'Amara, qui avait balayé ses doutes d'un haussement d'épaules. « J'ai plus quinze ans Mance. J'ai pas besoin que tu me protèges continuellement. Feyre est là pour ça maintenant. » Il comprit, au moment où son regard croisa celui de la Mêlée au bracelet orange, qu'Amara n'avait pas la moindre idée de la personne à laquelle elle avait affaire. La réponse de Feyre, venue surenchérir sur sa sœur, acheva de le convaincre qu'il y avait un quelque chose de perturbant, dangereux, chez elle. « Mais oui mon ange, je suis là pour ça maintenant » avait-elle répété, sourire carnassier sur ses lèvres carmin. Il sut de cet instant qu'il la détesterait, qu'il ferait une entorse à son intarissable quête de perfection, de contrôle de lui-même en toutes circonstances, qu'elle deviendrait sa némésis. Les années lui donnèrent raison, naturellement, à mesure que l'influence de l'Adiutor se déversa dans l'esprit d'Amara pour la corrompre, annihiler la créature innocente pour mieux la transformer en poupée docile aux ordres susurrées de la démone. Il crut plus d'une fois avoir définitivement perdu sa sœur, mais ne perdit jamais espoir de pouvoir la récupérer. Et il y parvint, non sans mal, non sans avoir recours à des moyens que beaucoup auraient condamné. En vérité, il n'y avait aucune limite qu'il n'aurait pas franchie, songeant qu'il préférait voir sa sœur mourir de ses mains plutôt que de vivre sous l'emprise de son bourreau – et que la perspective de se débarrasser de son influence néfaste du même coup soulagerait sans doute un peu l'immense chagrin du deuil. Amara lui revint, fermant un chapitre pour laisser à Mance le soin d'en ouvrir un autre. Celui-ci, il l'intitulerait Vengeance. Ou bien Karma, pour se moquer de la terrible Mormont, abandonnée par sa propre chimère. Si leurs chemins s'étaient recroisés à de nombreuses reprises, Feyre n'avait jamais manqué de lui faire savoir sa supériorité, se pensant intouchable par le simple lien l'unissant à sa petite sœur. Elle s'était moquée de lui, l'avait humilié encore, et encore, et encore, s'imaginant qu'elle aurait éternellement l'atout dans sa main. Karma, donc. Ou bien Retour de Flammes. Tant de possibilités, pour une seule finalité : faire payer à la démone des années de corruption, lui faire payer l'état de sa sœur affaiblie, fragile, privée de son âme, exercer une vengeance délicate et douloureuse. Et s'il ne pouvait l'atteindre physiquement, les années de réflexion sur le sujet avaient permis de songer à bien d'autres options pour la faire souffrir. Comme de tuer toutes ses sources de distraction, la pousser à l'isolement, l'empêcher de manipuler d'autres personnes, de prendre le moindre plaisir. Il aurait aimé la pousser jusqu'à la folie, mais Mance avait la certitude qu'elle l'était déjà. Mais rien ne serait plus jouissif que de lui faire perdre le sourire arrogant constamment accroché à ses lèvres, ses répliques maniérées, ses surnoms ridicules et son assurance royale. Et s'il fallait pour cela y dédier le reste de ses jours, il se plierait à l'exercice volontiers, quitte à se perdre lui aussi dans les méandres des jeux malsains de Feyre Mormont.